Marie Anne ISLER BEGUIN est députée européenne (les Verts) et présidente de la délégation Sud-Caucase du Parlement européen
Bruxelles-Metz, le 7 mars 2006 – Les récentes déclarations belligérantes des Présidents arméniens et azerbaidjanais vont a l’encontre de leurs engagements pacifiques affichés au sommet de Rambouillet, le 11 février dernier. Quelles attitudes prendrons-t-ils par la suite sachant que les coprésidents français, américain et russe du groupe de Minsk se retrouvent le 6 mars 2006, à Washington, pour examiner les options à privilégier pour la poursuite des négociations du règlement pacifique du conflit de Haut-Karabagh ?
Suite à l’échec de leur récent sommet de Rambouillet, les Présidents arméniens et azerbaidjanais ne donnent aucun signe de volonté de poursuivre la recherche des solutions pacifiques au conflit du Haut-Karabagh. Le 1 mars dernier, alors qu’il visitait le camp des refugiés a Banofshala, une petite ville de Nagorny-Karabakh sous contrôle d’Azerbaïdjan, le Président Aliyev a déclaré « mort » le processus des négociations sur le règlement du conflit en ajoutant qu’il fallait libérer l’enclave a tout prix ( !). Bien évidemment son homologue arménien, Président Kocharian n’a pas tardé à rétorquer en menaçant de reconnaître l’indépendance de Nagorny-Karabakh et de le défendre si nécessaire.
Cet incident est d’autant plus regrettable et étonnant qu’après la réunion de Rambouillet, les deux présidents arménien et azerbaïdjanais semblaient bien engagés sur la voie de solution pacifique au conflit et ont exprimé leur demande de poursuivre les négociations de paix aux médiateurs du groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Mais cet épisode prouve surtout que les deux présidents cèdent devant l’émergence d’électorats qui préconisent des solutions extrémistes et la radicalisation de l’opinion publique en poursuivant une large militarisation de leur pays respectifs.
J’appelle les Présidents Aliyev et Kocharian d’honorer leurs engagements envers le Conseil de l’Europe, l’OSCE, l’Union européenne mais aussi envers d’autres organisations internationales et, surtout, d’assumer leur responsabilité envers les peuples arméniens et azerbaidjanais en arrêtant de se menacer mutuellement. À la place, j’encourage les deux présidents de redoubler leurs efforts pour trouver la solution pacifique au conflit car le temps ne joue pas ni en faveur de l’Arménie ni en faveur de l’Azerbaïdjan et que ces pays n’ont pas surtout besoin d’une la nouvelle guerre fratricide.
N’oublions pas que le conflit du Haut-Karabakh entrave le développement de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ainsi que toute forme de la coopération régionale, enfin, ‘il s’agit de centaines de milliers de personnes déplacées qui attendent la fin du conflit depuis 18 ans.
mardi 7 mars 2006
