Marion Mezadorian : une pépite sur les planches

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Marion Mezadorian est au théâtre du Lucernaire, à Paris, jusqu’au 9 avril. La comédienne y fait un one woman show remarqué où elle interprète différents personnages qu’elle a rencontrés. Nous en avons parlé avec elle.

NAM : Qui sont vos préférées parmi les pépites que vous interprétez ?
Marion Mezadorian :
Aucune. Elles font toutes partie de ma boîte à trésors. Je parle de personnes qui lors d’une discussion souvent anodine me marquent. Avec leurs doutes, leurs remises en cause, leurs dénis parfois, elles disent les failles qu’elles ont au plus profond d’elles-mêmes. Cela me touche et me fait sourire à la fois. Je dresse des portraits presque cinématographiques de gens qui m’ont confié leur quotidien.

NAM : De qui vous inspirez-vous par exemple ?
M.M. :
De ma grand-mère arménienne dont je suis très proche. Elle est née en France et lorsqu’elle a 7 ans, en 1947, ses parents prennent le bateau à Marseille pour aller s’installer en Arménie. C’est là-bas qu’elle rencontre mon grand-père, lui aussi né en France. Je raconte son histoire.

NAM : Mais vous, vous êtes né en France…
M.M. :
Oui. D’ailleurs jusqu’à mes 18 ans, je ne savais pas ce que voulais dire être arménienne. Dans mon petit village, je voyais toujours les mêmes visages. On s’appelait pas nos prénoms sans se demander d’où venaient nos familles. C’est en montant à Paris que j’ai compris que j’étais différente. Les gens me faisaient des réflexions sur mes yeux, mon nez, m’interrogeaient sur mes origines. C’était toujours joyeux et sympa, mais je ne comprenais pas. Après avoir écrit le spectacle, il y a six ans, je suis monté sur scène, il y avait quelques Arméniens dans la salle, puis de plus en plus. On me disait il faut aller chercher la communauté, mais je ne me sentais pas légitime. En plus, chez moi, on ne parlait jamais du génocide ! C’est Serge Avédikian qui m’a ouvert les yeux. J’ai compris que je faisais partie de cette histoire, je suis allée en Arménie et à un moment, j’ai senti que moi aussi je pouvais porter cette cause. En tant qu’artiste, offrir mon art, c’est même la seule chose que je puisse faire.

NAM : Diriez-vous qu’il existe un rire arménien ?
M.M. :
Oui, oui. Lorsque j’imite ma grand-mère, il y a un rire dans la salle qui signifie presque : « Oh la la, mon Dieu !», car les gens pressentent ce qui va arriver. Je sais alors où ils sont dans la salle. Mais je remarque aussi que les Arméniens ont du mal à rire comme si entre le génocide, la guerre etc.ils ne s’autorisaient pas à montrer de la joie. Il faut leur dire que c’est bon, qu’ils en font assez au quotidien et qu’ils ont le droit de se détendre. Une fois cette confiance gagnée, ils rient de bon cœur.
Marie-Aude Panossian
À 21 h 30 du jeudi au samedi au Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre-Dame-Des-Champs 75006 Paris
Réservations au 01 45 44 57 34 et sur www.lucernaire.fr

La rédaction
Author: La rédaction

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