Le procès d’un vaste scandale de matches de tennis truqués qui devait se tenir vendredi en Belgique a été reporté à la suite d’un incident de procédure, a indiqué le parquet fédéral.
Vingt-huit personnes dont sept joueurs de tennis belges doivent répondre de leur participation présumée à cette fraude devant le tribunal correctionnel d’Audenarde (ouest), en Belgique néerlandophone.
En début d’audience des avocats de la défense ont fait valoir « un problème d’inventaire des pièces » dans ce dossier tentaculaire, a expliqué à l’AFP Eric Van Duyse, un porte-parole du parquet fédéral.
« C’est le fouillis, l’affaire n’est pas en état » d’être jugée, a lancé l’un des avocats, cité par l’agence Belga.
Le président du tribunal a décidé de suspendre le procès pour examiner la question. Il dira vendredi prochain si l’affaire peut être jugée ou doit être remise à une date ultérieure, a précisé M. Van Duyse.
Ce scandale, qui a éclaté en 2018, a éclaboussé le monde du tennis dans au moins sept pays, selon le parquet fédéral.
Outre la Belgique et la France, l’enquête touchait à son démarrage la Bulgarie, la Slovaquie, l’Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis.
Parmi les prévenus, un Arménien de 32 ans arrêté à Bruxelles en juin 2018, Grigor Sargsyan, est soupçonné d’avoir orchestré la fraude. Il était en contact avec « un réseau international de 181 joueurs », dans le but de « manipuler des matches », d’après l’accusation.
La fraude ciblait des compétitions professionnelles des circuits secondaires, et notamment des tournois Futures, où les caméras sont généralement absentes.
Concrètement, les joueurs étaient approchés pour perdre un match, un set ou un jeu, et se conformer moyennant paiement à un résultat fixé à l’avance.
Dans le même temps, des paris étaient lancés sur ces matches par des petites mains obéissant aux ordres de Sargsyan, surnommé « Maestro ». Les gains étaient ainsi garantis.
La seule procédure judiciaire belge concerne « au moins 375 matches » présumés manipulés.
En France, le parquet national financier (PNF) avait ouvert une enquête en 2019 visant des faits de corruption sportive, association de malfaiteurs et blanchiment de corruption en bande organisée.
Les investigations ont conduit à l’interpellation de plusieurs joueurs français, dont Jules Okala et Mick Lescure, définitivement interdits de toute compétition fin 2022.
Okala, qui a aujourd’hui 25 ans, ex-338e mondial, et Lescure, 29 ans (ex-487e), ont été reconnus coupables de respectivement sept et huit infractions de matches truqués.
Comme eux, les sept joueurs belges mis en cause dans la procédure belge –dont Arthur De Greef, qui a défendu les couleurs de son pays en Coupe Davis– naviguaient dans les profondeurs du classement ATP.
Participant à des tournois faiblement dotés, mais nécessitant d’engager beaucoup de frais (billets d’avion, hôtel), ces professionnels étaient vus comme des cibles faciles par les corrupteurs présumés.
Bruxelles, 17 mars 2023 (AFP) –