Alexandre Medvedev, vice-président de Gazprom, accuse le Bélarus de « chantage grotesque » quand il menace d’interrompre les livraisons de gaz vers l’Europe, et n’exclut pas « rationnement » et « pénuries » dans l’UE, dans une interview au Figaro à paraître vendredi. « J’ai été surpris (…) du départ inopiné de nos collègues biélorusses de la table de négociation. Et j’ai trouvé grotesque leur chantage avertissant nos clients européens d’une interruption du transit du gaz russe sur le territoire biélorusse », dit-il. Mercredi, le Bélarus, par lequel transite environ 20% du gaz russe vers l’Europe, a menacé Gazprom d’interrompre ces livraisons si Moscou lui coupait le gaz. Jeudi, aucune avancée n’a eu lieu dans les négociations sur le prix du gaz entre la Russie et le Bélarus, à quatre jours de l’expiration de l’ultimatum lancé par le géant gazier russe. « S’agissant des conséquences pour nos clients, je suis confiant dans le fait qu’il n’y en aura probablement pas », dit M. Medvedev, en ajoutant qu’ils « ont fait le plein de leurs stocks » et que Gazprom peut « aussi optimiser le flux de gaz transporté via l’Ukraine ». « Mais si la Biélorussie prélève une partie du gaz que nous destinons à nos clients européens et qui traverse son territoire, ce gaz manquera au système. Je ne peux donc pas exclure un rationnement contraint de notre offre et donc des pénuries pour nos clients », reconnaît M. Medvedev, qui « invite vivement » le Bélarus « à bien réfléchir avant de s’engager dans cette voie ». Le groupe russe se défend d’être prêt à « couper le gaz à la Biélorussie ». « Dans le monde entier, tout fournisseur qui livre ses marchandises le fait en application d’un contrat de vente. Tant qu’il n’y aura pas de contrat signé, il n’y aura pas de livraison », affirme M. Medvedev.
