Le ministre arménien de l’économie et des finances Vartan Khatchatrian s’est félicité des progrès accomplis par son ministère dans la collecte des taxes et des impôts, qui a marqué une hausse très nette, estimée à 31 %. L’évasion ou l’exonération fiscale à peine dissimulée des plus gros contribuables d’Arménie grevait traditionnellement le budget du gouvernement arménien, suspecté de collusion avec les milieux d’affaires, entachant ainsi sa crédibilité et privant les caisses de l’Etat de revenus appréciables, dont la redistribution profiterait à l’ensemble de la population et en augmenterait le niveau de vie. Chaque année, le gouvernement assortissait son engagement à lutter contre la corruption de menaces contre les chefs d’entreprises et hommes d’affaires d’Arménie qui se soustrayaient d’une manière ou d’une autre à l’impôt, mais ces promesses étaient rarement suivies d’effet.
Pourtant, à la veille d’élections présidentielles cruciales, les mises en garde du gouvernement arménien, sous la pression des organismes financiers internationaux, semblent avoir fait recette, à en juger aux chiffres présentés par le ministère de l’économie et des finances, selon lequel le gouvernement aurait collecté en 2007 quelque 505,5 milliards de drams (1,65 milliard de dollars) sous formes de taxes et de droits de douane divers, contre 385,1 milliards de drams en 2006. Il avait tablé sur des recettes fiscales de 459 milliards de drams pour 2007. M. Khatchatrian a expliqué que le Service d’Etat des Taxes et le Comité d’Etat des Douanes avaient dépassé cet objectif grâce à un travail plus performant et à une croissance économique en hausse constante, dont le gouvernement arménien estime qu’elle atteignait 13,8% en 2007.
« Les conditions sont réunies pour que la politique suivie soutienne cette évolution macroéconomique et encourage la croissance, en réduisant le chômage et en maîtrisant l’inflation » s’est félicité le ministre lors d’une conférence de presse. La part des rentrées fiscales dans le Produit intérieur brut (PIB) de l’Arménie est également montée de 14,5 % à 16,1%, de 2006 à 2007. Mais cette proportion reste l’une des plus faibles des pays de l’ex-URSS, le gouvernement arménien n’étant pas venu à bout de l’évasion fiscale, qui contribue à fragiliser l’économie du pays. Nombre d’entreprises arméniennes, et non des moindres, persistent à sous-évaluer leurs revenus. Peu soucieux de civisme, les groupes les plus importants et les plus rentables donnent le mauvais exemple, déclarant généralement des revenus plus faibles à l’Etat, d’autant plus facilement qu’ils disposent de liens privilégiés avec les principaux acteurs politiques. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que l’offensive lancée par le pouvoir contre l’évasion et la fraude fiscales ait pris d’abord pour cibles les petites et moyennes entreprises. Plusieurs de ces entreprises se sont d’ailleurs plaintes de jouer le rôle de boucs émissaires et de devoir s’acquitter, de façon arbitraire, de taxes plus élevées que prévu, en payant ainsi pour les plus gros contribuables dont les amitiés politiques leur vaudraient l’indulgence des services fiscaux. Une accusation qui a été récusée avec vigueur par le directeur du Service d’Etat des Taxes, Vahram Barséghian. Le gouvernement arménien s’engage d’ailleurs à poursuivre ses efforts pour remplir les caisses du Trésor public, en prévoyant une augmentation du même ordre des rentrées fiscales pour 2008, conformément au budget arménien voté pour cette année, qui envisage une nouvelle hausse, à 820,8 milliards de drams (2,67 milliards de dollars), des dépenses du gouvernement.
