Melik Ohanian à Beaubourg

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Expo. Beaubourg accueille les oeuvres d’une soixantaine d’artistes questionnant l’urbain.

«Airs de Paris», courants d’art frais

Par Sean James ROSE

QUOTIDIEN : mardi 15 mai 2007

LIBERATION

Airs de Paris Centre Pompidou, 75004. Jusqu’au 15 août. Entrée : 10 €, 8 €. Catalogue, 360 pp., 39,90 €. Rens. : 01 44 78 12 33 ou www.centrepompidou.fr.

A ir de Paris, c’est l’ampoule de Duchamp contenant 50 cm3 d’atmosphère parisienne. Au pluriel, c’est l’exposition pluridisciplinaire célébrant les trente ans du Centre Pompidou. «Airs de Paris » , selon l’intention de ses commissaires (Christine Macel et Daniel Birnbaum, pour la partie art, Valérie Guillaume pour l’architecture et le design), porte sur «l’idée de citoyenneté mondiale», car «l’air de Paris est par définition mobile, partageable et, grâce à l’artiste, transportable». Une soixantaine d’artistes : renommés tels Buren, Nan Goldin, Dominique Gonzalez-Foerster, Hiroshi Sugimoto… Des jeunes comme Loris Gréaud (né en 1979) ou des astres plus discrets ou ascendants, Tatiana Trouvé, Claude Closky, Melik Ohanian… Il ne s’agit pas d’inventaire, mais de mouvements, les artistes ont travaillé, résidé ou vivent à Paris, venant souvent d’ailleurs.

Paris n’est plus ici la capitale avec ses jolis parcours pavés et ses cafés, Paris devient la ville-monde, «translocale», métaphore d’un espace délocalisé. A l’entrée, deux oeuvres qui «débordent» de l’espace d’exposition : la DS d’Orozco, voiture symbole des Trente Glorieuses, rétrécie au point de n’être plus que le véhicule à une place d’un consumérisme archi-individuel, et les vélos blindés d’antivols de Richard Fauguet, comme installation prémonitoire d’un urbanisme sécuritaire.
Diagonale du vide. Mais cette vision cadenassée laisse bientôt place à la vraie idée de l’exposition : la percée, qui permet le vide et, partant, la circulation. Après une introduction un brin autoréférentielle autour de la fameuse oeuvre duchampienne, dans sa version de 1964, l’exposition prend son envol avec le geste emblématique de Gordon Matta-Clark : un trou dans les maisons mitoyennes du Centre Pompidou, au 27 et au 29 rue Beaubourg. Le film en 16 mm et en couleur, de 1974, est le point de départ d’une oeuvre de Carsten Höller, qui subsume à elle seule tous les chapitres d’«Airs de Paris ». La Coupe de Höller est une diagonale du vide, tel un courant d’air inconscient, traversant sur 50 mètres en biais toute l’exposition. Une invitation au regard transversal.

On regrettera, de ce point de vue, que la partie architecture, soit séparée du reste. La pièce du Franco-Portugais Faustino, ZNS ( Zentralnervensystem ), en forme d’hémisphères du cerveau, se serait bien intégrée dans la partie art, comme y fonctionne à merveille l’ Architecture fainéante de François Curlet, igloo en béton de fibre coulé sur une forme en toile, «processus cool» à rebours de la rigueur d’un Le Corbusier.

Le décloisonnement est aussi bien synonyme d’ouverture que de violence. Littérale : conflits, accidents (film de la maquette du tunnel de l’Alma par Thomas Demand, série de globes gangrenés par la guerre chez Thomas Hirschhorn), ou morale : l’installation multimédia de la Zapping Zone de Chris Marker, avec ses moniteurs et ses écrans d’ordinateurs, nous balance des images de l’exécution de Ceausescu à côté de séries télé. Nul besoin d’audiovisuel pour un propos tout aussi virulent, l’installation murale de Jean-Luc Moulène consiste à imprimer un vrai journal «anonyme» à partir de graffitis glanés dans les environs d’un hôpital psychiatrique : le chuchotement de la détresse se fait cri à travers ce dazibao désespéré.
Buée. «Airs de Paris » travaille les échelles. C’est dans l’équilibre entre l’intime et l’universel que l’exposition trouve une belle cohérence. En contrepoint de Switch Off (2002) de Melik Ohanian, qui fait apparaître alternativement des étoiles ­ la constellation de l’Atelier ­ et la densité de lumière des villes du monde la nuit, un caisson lumineux, Sans titre (2004), de Mircea Cantor, où l’on voit tracé dans la buée d’une vitre : «Unpredicteble future» (sic) . L’avenir ouvert à tous les possibles.

raffi
Author: raffi

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