le premier ministre turc recep tayyip erdogan a haussé le ton mercredi pour adresser une claire mise en garde aux kurdes d´irak, qui persisteraient à offrir une zone de repli aux rebelles kurdes de turquie dans cette région du nord de l´irak qui conserve une autonomie de fait et désormais de droit depuis le changement de régime à bagdad. le chef du gouvernement turc a indiqué que la turquie perdait patience, tandis que de leur côté, les rebelles kurdes affirment attendre les forces turques de pied ferme si elles pénètrent dans la région. la turquie est confrontée à une situation pour le moins délicate dans le nord de l´irak, dont l´un des leaders kurdes, m. talabani, a accédé à la présidence de l´irak le printemps dernier, avec l´onction de ses alliés américains. malgré ses liens traditionnels avec les etats-unis, la turquie dispose d´une marge de man´uvre limitée en irak où elle a refusé d´aider les américains durant leur campagne militaire de 2003, et ne peut donc compter que sur l´influence de washington sur ses protégés kurdes irakiens pour qu´ils rompent définitivement leurs liens avec la rébellion kurde de turquie. néanmoins, ankara met à profit le fait que le pkk, mouvement séparatiste kurde qui refait parler de lui après une longue période de repli consécutive à l´arrestation de son leader abdullah ocalan en 1999, soit inscrit sur la liste des organisations terroristes par les etats-unis comme par l´ue, pour multiplier les menaces d´intervention militaire. les rebelles du pkk ont répondu à ces menaces par des mises en garde, laissant entendre que les soldats turcs s´enliseraient dans un bourbier s´ils cherchaient à les déloger de leur camps du nord de l´irak, d´où ils sont supposés lancer leurs attaques sur le territoire turc, de plus en plus fréquentes depuis la rupture annoncée en juin 2004 du cessez-le-feu proclamé unilatéralement en 1999. mais l´escalade verbale pourrait bien donner lieu à des affrontements militaires. m. erdogan a souligné que la loi internationale donnait à la turquie le droit de mener des incursions militaires dans le nord de l´irak dans le cadre d´une politique d´autodéfense contre le pkk, si les autorités irakiennes ne se décidaient pas à passer aux actes. la presse turque précise que la turquie consulterait les autorités irakiennes avant de mener ces opérations, mais que rien ne l´y contraignait et qu´elle pourrait se passer de leur aval. m. erdogan a précisé qu´il avait soulevé ce problème lors d´entretiens avec le président américain g.w. bush et avec son homologue irakien ibrahim jaafari, respectivement en mai et juin, et qu´il déplorait que washington n´ait pas donné à ankara le soutien que la turquie pouvait en attendre, en raison de sa participation à la guerre contre le terrorisme, tout particulièrement en afghanistan, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. les etats-unis ne seraient donc pas assez durs contre les rebelles du pkk, selon m. erdogan. pourtant, le numéro deux de l´armée turque, le général ilker basbug, a indiqué mardi que les américains avaient lancé un mandat d´arrêt contre les principaux chefs militaires du pkk en irak.
