Lyon, 14 mai 2019 (AFP) – Au moins 150 personnes se sont réunies mardi soir
à Lyon pour réclamer la libération de Tuna Altinel, un mathématicien turc en
poste dans une Université lyonnaise, incarcéré samedi en Turquie après avoir
participé à une réunion sur les Kurdes en France.
Lundi, le gouvernement français a confirmé qu’il était en détention
provisoire, exprimant sa « préoccupation ».
Tuna Altinel est poursuivi dans son pays comme des centaines d’autres
universitaires pour « propagande terroriste » pour avoir signé en 2016 la
« pétition pour la paix » qui s’alarmait du sort des civils dans le sud-est à
majorité kurde, face aux opérations des forces de sécurité turques contre le
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Âgé de 53 ans, il est maître de conférences à l’Université Claude-Bernard
Lyon 1 et fonctionnaire de l’État français.
« Liberté pour Tuna ! » demandaient les pancartes des manifestants,
universitaires ou étudiants pour la plupart. Les Amitiés kurdes de Lyon, le
PCF, ou le syndicat Sud Solidaires étaient également représentés.
« J’ai écrit à mon homologue turc pour lui faire part de ma préoccupation la
plus vive sur la situation du Pr Tuna Altinel, afin qu’il puisse rapidement
rentrer et reprendre ses activités d’enseignement à l’université Lyon 1 », a
tweeté mardi la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.
Selon Christine Charreton, une ex-collègue lyonnaise désormais à la
retraite et organisatrice du rassemblement, M. Altinel attendait pour juillet
le jugement de son procès qui s’était tenu en février. Mais sa situation se
serait dégradée, la justice turque lui reprochant sa participation à « une
réunion publique d’une amicale kurde » à Villeurbanne (métropole de Lyon) en
février.
Contacté par l’AFP, le consul de Turquie à Lyon assure n’avoir pas
d’informations précises et se borne à confirmer que « son passeport avait été
confisqué, annulé en avril » et que depuis M. Altinel était bloqué dans son
pays où il était revenu pour les vacances de printemps.
« Il a organisé et modéré près de Lyon une réunion qui était une propagande
totale en faveur du PKK », commente le consul général Mehmet Özgür Çakar.
« C’est possible que ça ait empiré sa situation », a-t-il ajouté, rappelant que
le PKK, d’obédience marxiste-léniniste, est qualifié d' »organisation
terroriste » par Ankara, les Etats-Unis et l’Union européenne.
« Tout ça est faux. Il était bien à cette réunion mais a juste traduit les
propos d’un député turc en exil qui était présent », a répondu Christine
Charreton.
Füsun Üstel, de l’université de Galatasaray, créée par un accord
franco-turc, a également été incarcérée le 8 mai après avoir été condamnée à
15 mois de prison, indique également le ministère français des Affaires
étrangères, appelant la Turquie à « respecter pleinement ses engagements en
matière de droits de l’Homme et de libertés fondamentales ».
Les milieux universitaires sont soumis à de fortes pressions en Turquie,
notamment depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 qui a été
suivie de purges massives n’ayant pas épargné les facultés.
Mobilisation pour un universitaire de Lyon incarcéré en Turquie
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