A demi allongés sur leurs drôles de machines, Ariane et Xavier, un jeune couple franco-allemand, a parcouru plus de 16.000 km en quelque 400 jours, entre la Mongolie et la France, à vélo couché.
C’est la Route de la Soie, version petite reine, tête alignée sur le même plan horizontal que les pieds sur le pédalier, qui a conduit en une année les deux aventuriers sur les routes et pistes d’Asie centrale, du Moyen-Orient, du Caucase et d’Europe, à la rencontre des populations et cultures de quinze pays.
Partis d’Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, ils ont parcouru tour à tour, à raison de 70 km par jour, la Chine, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Iran, l’Arménie, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne, pour enfin rejoindre la France au début de l’été.
Ariane Amann, médecin de 29 ans, est originaire de Balzheim, un petit village du sud de l’Allemagne. « Le vélo n’est rien d’autre qu’un moyen de déplacement, lent et tranquille, hors des grands axes et des circuits touristiques, pour aller à la rencontre de l’autre, de ces populations inconnues de nous, de leur quotidien et traditions », explique-t-elle. « Il n’y a dans notre voyage aucune performance sportive. Nous recherchions l’enrichissement, pas la souffrance ».
« Le vélo couché, du jamais vu pour la plupart des gens que nous avons rencontrés, aiguisait la curiosité et favorisait les contacts. Je reste frappée par la gentillesse, l’hospitalité et surtout le désir d’aider, des gens de tous ces pays, dont nous avons croisé le chemin et qui souvent nous ont offert le gîte et le couvert dans leurs modestes demeures », souligne la jeune femme.
Son compagnon, Xavier Mérour, 27 ans, s’est particulièrement intéressé aux modes d’agriculture vivrière pratiqués dans les pays traversés.
D’une famille bretonne originaire de la presqu’île de Crozon dans le Finistère, Xavier est ingénieur diplômé de l’Ecole Supérieure d’Agriculture (ESA) d’Angers.
« Notre voyage fut une longue quête d’émotions, de savoirs, une confrontation-découverte permanente avec d’autres modes de vie, de subsistance, d’habitat avec en toile de fond l’ancrage et la survivance dans le quotidien, d’anciennes croyances, coutumes ou traditions », dit-il.
« C’est pour cela que nous l’avons fait dans le sens Est-Ouest. Ce n’était pas une fuite, mais au contraire une collecte pour ramener à la maison, dans nos bagages, toute cette expérience partagée avec nos semblables de rencontre qui furent en permanence au centre de notre pérégrination », assure-t-il.
Heureux qui comme Ulysse… Ariane et Xavier ont réalisé un rêve. Les vélos couchés rangés, ils entreprendront un nouveau voyage en septembre. Ils en connaissent la date de départ mais ne songent pas à l’arrivée. Ils vont se marier.
