A Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française.
En ce 11 novembre 2021, jour de l’entrée d’Hubert Germain au mémorial du Mont Valérien, c’est en tant que petit-fils de survivants du Génocide subi par le peuple arménien dans l’Empire ottoman et que fils d’un homme qui a choisi de quitter la Turquie en 1950 pour gagner, dans tous les sens du terme, la France et ainsi échapper à une vie d’humiliation et de menaces que je vous écris.
Il y a quelques jours, nous commémorerions le premier anniversaire de la dernière guerre d’agression contre les Républiques d’Artsakh et d’Arménie déclenchée par l’Azerbaïdjan et son grand frère et protecteur R.T. Erdogan dont vous connaissez la considération pour notre pays et son président. Au même moment, les ministres des affaires étrangères arménien et azéri sont à Paris pour participer à l’assemblée générale de l’UNESCO. On murmure de ci et de là qu’ils pourraient profiter de cette occasion pour se rencontrer. Cela semble peu probable, et surtout peu utile car nous savons tous que les choses se jouent pour le malheur des Arméniens entre Moscou et Ankara.
C’est aussi dans ce contexte que deux responsables d’associations arméniennes de France, messieurs Ara Toranian et Laurent Leylékian, sont une fois de plus cités à comparaitre en justice par un négationniste du génocide arménien auquel visiblement ni les moyens et ni le temps ne manquent.
Il me semble modestement qu’aujourd’hui, à défaut de pouvoir défendre efficacement le peuple arménien menacé dans son existence par la triplette réunissant les grands démocrates que sont I. Aliev, T. Erdogan et V. Poutine, une mesure hautement symbolique pourrait être prise au nom de la France par son chef de l’État.
Pour contrer d’un seul coup le « pétainisme rampant » d’un Eric Zemmour et répondre au négationnisme assumé d’un Maxime Gauin, investi de l’autorité que vous confèrent pour quelques mois encore vos fonctions de chef de l’État, vous pourriez décider de l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon. Je ne pense pas que cette prestigieuses nécropole dédiée à la mémoire des « grands hommes et femmes de la France » manque de place pour le faire.
Vous aurez ainsi répondu aux maquignons de tous poils de l’Histoire et efficacement contribué à la défense et à la sécurité des descendants du Génocide des Arméniens récemment menacés par des horde de fascistes s’intitulant « Loups gris » descendus dans les rues de Vienne, de Décines et de Dijon en sommant les « bâtards d’Arméniens de se montrer ». On imagine naturellement leurs intentions.
Les descendants des survivants du Génocide de 1915 « nés en France par les hasards de l’histoire » attendent avec impatience et confiance votre intervention lors du prochain diner du Conseil représentatif des Associations arméniennes de France.
En même temps que cette lettre, je vous adresse trois photographies historiques. Les deux premières présentent Boghos Noubar Pacha et Avédis Aharonian, deux diplomates représentants de la République d’Arménie lors de la Conférence de la Paix de Paris au lendemain de la Première guerre mondiale. L’Arménie est alors alliée la Triple Entente. Le 29 mai 1921, il y a 100 ans, ils déposaient une plaque et une gerbe de fleurs à l’Arc de Triomphe en hommage aux combattants de la Première guerre mondiale. La troisième est celle de Missak Manouchian, orphelin du Génocide des Arméniens, tombé au Champ d’honneur pour la France et dont vous connaissez l’histoire.
J’aime à croire que vous ne trahirez pas leur mémoire et leur engagement.
Respectueusement,
Philippe S. Sukiasyan
