Mort de Max Kilndjian

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Max Kilndjian, dont le procès en janvier 1982 à Aix-en-Provence avait pour la première fois dans une enceinte de justice mis la lumière sur le génocide arménien est décédé le 22 mars à Marseille. Accusé de complicité dans la tentative d’assassinat le 6 février 1980 de l’ambassadeur de Turquie à Berne (revendiqué par les « Justiciers du génocide arménien »), ce militant de la cause arménienne avait été finalement libéré à l’issue d’un procès retentissant que ses avocats, Maître Henri Leclerc et Patrick Devedjian, avaient transformé en procès de la Turquie. Maitre Alain Vidal, pour la partie civile, avait affirmé, sans convaincre, ne pas défendre l’Etat turc, mais uniquement son client, l’ambassadeur blessé. Les témoins, en premier lieu les parent de l’accusé, rescapés de l’entreprise d’extermination, ainsi que des historiens (Jean-Marie Carzou, Yves Ternon, Gérard Chaland) ou des personnalités comme Henri Noguères, président de la ligue des Droits de l’Homme, avait défilé à la barre pour expliquer l’horreur des événements de 1915, l’absence de justice pour le peuple arménien annihilé et spolié, et son droit à la résistance face à un Etat turc continuateur et receleur de ce crime.
Durant tout le procès, la communauté arménienne de Marseille et d’Aix-en-Provence s’était mobilisée et avait manifesté devant la cour d’Assise. Condamné à 2 ans de prison (le temps de son incarcération en préventive) pour avoir loué la voiture ayant servi au commando, Max Kilndjian avait été finalement libéré à la barre, ce qui a été interprété à l’époque comme une victoire morale politique et symbolique pour le peuple arménien.
On retiendra également de ce procès les formidables plaidoiries de Patrick Devedjian et d’Henri Leclerc, qui ont été également les avocats des combattants de l’ASALA.
Devenu l’un des symboles de ce combat pour la reconnaissance du génocide arménien, après à l’époque plus de 60 d’omerta internationale sur le sujet, Max Kilndjian est retourné à ses activités de buralistes dans la Cité phocéenne, tout en militant au sein de la FRA-Dachnaktsoutioun qu’il quitta en 2004. La rédaction de NAM présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.


Conclusion de la plaidoirie de Patrick Devedjian :

C’est facile ! Alfred Grosser vous le rappelait, Willy Brandt s’est mis à genoux, il s’est mis à genoux ! Il a demandé pardon pour Auschwitz, et Willy Brandt ce n’était vraiment pas lui qui avait pourvu des fours crématoires, il était dans la résistance à Hitler, il s’est battu contre Hitler. Willy Brandt, il s’est mis à genoux au nom du peuple allemand, il a demandé pardon au mémorial d’Auschwitz au peuple d’Auschwitz. Il a demandé pardon, et ça été fini. 
Demandez-nous pardon, on veut bien vous pardonner, demandez-le ; il suffit que vous le demandiez et le terrorisme sera fini. »

Fin de la plaidoirie de Henri Leclerc qui en guise de conclusion a lu le poème « l’enfant » de Victor Hugo
Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Chio, qu’ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un choeur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l’onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tète blonde,

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu’un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.

Et Henri Leclerc de conclure : « ce que nous avons trouvé si beau dans le poème de Victor Hugo, allons nous l’appeler « terrorisme » ? « 

La rédaction
Author: La rédaction

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