Moscou a cédé le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan et cherche à priver l’Arménie de sa souveraineté

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Les autorités russes contribuent à provoquer des altercations au sein de la population arménienne dans le but d’affaiblir et de déstabiliser le pays de l’intérieur. Les soutiens pro-russes en Arménie et en Russie tentent de créer des divisions entre Arméniens afin de remplacer le régime de Pachinian par un gouvernement pro-russe. Ce que payent les Arméniens au prix fort, c’est leur aspiration aux valeurs démocratiques, leur lutte contre la corruption et la prise de distances du gouvernement actuel vis-à-vis de Moscou.

Quelques heures après le début de l’offensive azerbaïdjanaise, le vice-président du Conseil de sécurité et ancien président russe, Dmitri Medvedev, menaçait ouvertement le Premier ministre arménien après les récentes tentatives de rapprochement de ce dernier avec l’Occident. Dernièrement, Poutine a aussi estimé que la crise humanitaire dans le Haut-Karabakh était “le résultat de la décision du Premier ministre arménien de reconnaître la région comme faisant partie de l’Azerbaïdjan”. Dans une récente interview, la porte-parole russe Maria Zakharova, a quant à elle révélé que la Russie était à l’origine de l’agression militaire de l’Azerbaïdjan, tout en insinuant que l’Arménie avait été punie pour son rapprochement avec l’Occident. Des fausses informations ont été diffusées par des parties pro-russes dans le but de semer le chaos au sein de la population et rejeter la responsabilité des derniers évènements sur l’Arménie. Des propagandistes phares du Kremlin tels que Margarita Simonyan et Vladimir Soloviev ont appelé les Arméniens à se joindre aux rassemblements de l’opposition sur la Place de la République dans le centre d’Erevan, la capitale du pays. La Russie affiche ainsi clairement son ambition de remplacer le régime de Pachinian par le clan pro-russe que l’actuel premier ministre avait fait tomber après une révolution de velours en 2018.

Par le biais de cette récente attaque, Poutine a contraint les autorités du Haut-Karabakh à négocier avec l’Azerbaïdjan sous une médiation exclusivement russe. Selon le plan du Kremlin, l’Arménie aurait dû intervenir militairement. Profitant de cette action, l’alliance russo-azerbaïdjanaise aurait dû occuper des territoires au sein des frontières arméniennes. Pachinian se serait alors tourné vers Moscou pour obtenir de l’aide et la Russie envisageait d’exiger que l’Arménie paie son indépendance comme monnaie d’échange. L’Arménie n’est pourtant pas entrée en guerre. Sous la pression de la Russie et de l’Azerbaïdjan, les autorités du Haut-Karabakh ont, elles, accepté de déposer rapidement les armes et ont entamé des négociations sous médiation russe. Poutine poursuivra vraisemblablement un autre plan; imposer l’obtention par l’Azerbaïdjan du corridor du Zanguezour (une route longeant la frontière sud de l’Arménie permettant la continuité terrestre entre l’Azerbaïdjan, son enclave du Nakhitchevan et la Turquie voisine dans la région arménienne du Syunik) sur lequel seraient stationnés des soldats russes.

L’Azerbaïdjan et la Russie n’ont donc pas renoncé à l’objectif de mener d’autres attaques militaires au sein des frontières arméniennes. En plus de la Turquie, l’Azerbaïdjan et la Russie persistent dans leurs revendications territoriales sur l’Arménie via la question du corridor du Zanguezour. Lors du dernier forum de l’Union économique eurasiatique organisé à Moscou en mai dernier, Aliyev avait mentionné le soutien de Poutine dans ses objectifs liés à ce corridor.

La stratégie russe de maintien des conflits dans la région

La Russie soutient ses propres intérêts dans la région et a pour objectif général d’exploiter les tensions héritées de la fin de l’URSS dans le Caucase du Sud pour maintenir l’Arménie et, surtout, l’Azerbaïdjan dans sa zone d’influence.

Ainsi, lors de la guerre du Karabakh de 2020 autorisée par la Russie, Poutine avait empêché une défaite totale des Arméniens puisque cette situation aurait représenté un gain trop important pour l’Azerbaïdjan et pour la Turquie. En toute logique, si le Haut-Karabakh s’était vidé entièrement de ses habitants au profit de la population azerbaïdjanaise, il n’y aurait pas eu de sens à assurer la présence des troupes russes d’interposition. Comme elle a coutume de le faire pour maintenir son emprise dans ses anciens pré-carrés, la Russie se positionne du côté du maintien des conflits et n’hésite pas à renforcer des crises en fonction de l’évolution des rapports de force régionaux et globaux.

INA PAITJAN

La rédaction
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