Musiques de tous les mondes

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ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE.

Publié le 06 mars 2007

LE FIGARO

Né à la Maison des cultures du monde à Paris, le Festival de l’imaginaire s’étend désormais à l’auditorium du Louvre, à l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille, au Point Éphémère et au Théâtre équestre Zingaro d’Aubervilliers.

LA PROGRAMMATION de la 11e édition du Festival de l’imaginaire, qui commence aujourd’hui et durera jusqu’au 5 avril, est, comme les précédentes, aussi riche qu’intelligente. Insensiblement et en toute confiance, Cherif Khaznadar et Françoise Gründ, les fondateurs, passent le relais à leur adjointe Arwad Esber pour cet événement, point d’orgue des activités de la Maison des cultures du monde, l’institution qu’ils ont créée à Paris en 1982 et qui dépend depuis 1994 du ministère de la Culture. Outre les artistes venus du nord de la Malaisie qui ouvrent le festival aujourd’hui et jusqu’à vendredi soir (lire en page 16), le public aura la chance de rencontrer, loin de tout folklore, dans l’intégrité de leur art, mais sans leur rituel car il n’est pas transposable sur une scène, des chanteurs et musiciens tous issus de traditions immémoriales. Ainsi ces harpistes vénézuéliens qui illustrent l’étonnant mélange né en Amérique du Sud du baroque espagnol, des rythmes d’esclaves africains et du fond culturel autochtone (les 12 et 13). Ainsi ces Chopi du sud du Mozambique, région réputée pour les orchestres de xylophones, et dont la musique est inscrite par l’Unesco sur la liste des chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité (les 14, 15 et 16). Après eux, le festival se déplacera à l’auditorium du Louvre pour évoquer l’Iran avec des groupes de viélistes turkmènes et du nord du Khorassan, ainsi que quelques représentants des musiques azerbaïdjanaises et des membres d’une confrérie soufie de la province de Gilan (les 17 et 22). Plus proche de nous, la voix rauque, déchirée de ferveur du flamenquiste Curro Pinara rappellera, à la Maison des cultures du monde, qu’elle hérite de celle d’Antonio Pinara, le grand-père de Curro, considéré comme la référence pour les cantes de las minas, ces chants traditionnels du sud-est de la péninsule ibérique (les 24 et 25). Flamenco toujours, mais dansé cette fois-ci, avec le maître contemporain Miguel Angel Berna. Cet Aragonais de 35 ans est surnommé le Paganini des castagnettes (les 26 et 27). On retournera ensuite au sud de la Méditerranée avec Ibrahim Keivo, le 29, qui chantera la nostalgie de l’Arménie vue de la région-refuge de Djezireh en Syrie.

Métamorphosés en dieux

Toutes ces formes traditionnelles des arts spectaculaires étant fragiles, leur apprentissage nécessitant souvent des années au contact des anciens, il est urgent non seulement de les promouvoir mais aussi de les défendre à un niveau international. C’est la raison d’être de la quatrième journée du Patrimoine culturel immatériel organisée en parallèle à l’Unesco le 28 (res. : 01 45 44 72 30). Ainsi évaluera-t-on toute la richesse de cet épisode du Mahâbhârata – « La partie de dès » – jouée par la troupe indienne de Sadanam Krishnankutty dans l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille (les 30, 31 à 20 heures, et le 1er avril à 17 heures). Un conseil : venez sur place quelques heures avant pour assister au maquillage et à l’habillage de ces artistes exceptionnels. D’hommes ils se métamorphosent en dieux. Le festival se terminera les 2 et 3 avril avec une des grandes voix actuelles du Shash-maqam, Nâdira Pirmatova, venue d’Ouzbékistan. Et, au Théâtre équestre Zingaro d’Aubervilliers, par un des plus célèbres groupes de qawwals pakistanais, celui d’Akhtar Sharif Husain (les 5 et 6 avril).

Cette saison ne serait pas complète sans l’exposition proposée du 8 mars au 1er avril au Point Éphémère (au 200, quai de Valmy, dans le Xe). Intitulée « Sexy Souk », elle portera un regard osé sur l’imaginaire érotique qui sourd au Moyen-Orient aussi bien dans l’art populaire que dans la création contemporaine représentée par plusieurs jeunes plasticiennes originaires du monde arabo-musulman. Une autre preuve que les cultures lointaines ne sont pas figées et qu’elles recèlent d’infinies surprises.

Maison des cultures du monde, 101, boulevard Raspail, 75006 Paris. www.mcm.asso.fr Rés. : 01 45 44 41 42.

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Author: raffi

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