Le Premier ministre Nikol Pachinian a dénoncé les forces de maintien de la paix russes pour ne pas avoir empêché la chute du Haut-Karabakh et a apparemment accusé la Russie d’utiliser le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour tenter de le renverser, lors d’un discours prononcé au Parlement européen mardi 17 octobre.
N. Pachinian s’est adressé à l’organe législatif du Parlement européen alors que le fossé entre Erevan et Moscou, son allié de longue date engagé dans une impasse géopolitique avec l’Occident, ne cesse de se creuser.
« La démocratie en Arménie (…) continue de recevoir des coups durs qui suivent un scénario qui se répète presque à l’identique : agression étrangère, puis inaction des alliés sécuritaires de l’Arménie, puis tentatives d’utiliser la guerre, la situation humanitaire ou les menaces sécuritaires extérieures pour subvertir la démocratie et la souveraineté de l’Arménie en incitant à l’instabilité interne avec des techniques hybrides dirigées par des forces extérieures », a-t-il déclaré.
N. Pachinian a évoqué l’offensive militaire menée par l’Azerbaïdjan les 19 et 20 septembre au Karabakh, qui a provoqué un exode massif de la population arménienne de la région et déclenché de nouvelles manifestations antigouvernementales à Erevan.
« Alors que des centaines de milliers d’Arméniens fuyaient le Haut-Karabakh pour rejoindre la République d’Arménie, nos alliés en matière de sécurité non seulement ne nous ont pas aidés, mais ont également lancé des appels publics à un changement de régime en Arménie », a-t-il déclaré. « Mais le peuple arménien s’est uni pour défendre son indépendance, sa souveraineté et la démocratie, et une autre conspiration contre notre État a échoué. »
N. Pachinian avait déjà implicitement accusé Moscou d’avoir fomenté les manifestations de rue contre son régime, au lendemain de l’assaut azerbaïdjanais. Leurs organisateurs et participants l’ont rendu responsable de la prise de contrôle du Karabakh par Bakou, affirmant qu’il l’avait précipitée en reconnaissant la souveraineté azerbaïdjanaise sur la région.
Le Premier ministre a de nouveau cherché à rejeter la responsabilité sur Moscou, affirmant que les Arméniens du Karabakh avaient fui leur patrie en raison de « l’inaction du contingent russe de maintien de la paix ». Le président Vladimir Poutine et d’autres responsables russes ont défendu les soldats de la paix.
À la fin du mois dernier, le ministère russe des Affaires étrangères a accusé N. Pachinian de chercher à ruiner les relations russo-arméniennes et à réorienter son pays vers l’Occident. Plus tôt en septembre, il avait déploré « une série de mesures inamicales » prises par Erevan.
Moscou a également critiqué les efforts occidentaux visant à négocier un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, affirmant que leur principal objectif était de chasser la Russie du Caucase du Sud. La semaine dernière, M. Poutine a proposé d’accueillir de nouveaux pourparlers entre N. Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
N. Pachinian a indiqué mardi qu’il préférait toujours la médiation occidentale et qu’il espérait qu’elle aboutirait bientôt à un traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il a indiqué que lui et Aliev devraient se rencontrer à Bruxelles avec le chef de l’UE Charles Michel dans le courant de l’année.
Il a également déclaré qu’il souhaitait approfondir les liens entre l’Arménie et l’UE « autant que l’Union européenne le jugera possible ».
Reprinted with permission from RFE/RL Copyright(c)2007 Radio Free Europe / Radio Liberty, Inc.1201 Connecticut Ave, t N.W. Washington DC 200
