Il n’y a jamais de bon moment pour lancer une collecte de fonds. Mais la faire coïncider, parce que nécessité fait loi, avec le début des vacances d’été constitue une gageure. A fortiori en période de crise économique. Car l’inflation, qui a frappé NAM avec une augmentation de plus de 40% des coûts d’impression en moins d’un an, touche bien sûr l’ensemble des foyers.
L’argent se fait rare, et il n’allait pas de soi d’atteindre l’objectif annoncé, qui est important eu égard aux efforts demandés aux sympathisants de l’Arménie, sollicités en permanence pour tout et parfois n’importe quoi. Pourtant, les 34 260 € de dons effectués, auxquels s’ajoutent 2000 euros de promesses de dons en attente, montrent que NAM a réussi à mobiliser le noyau dur de ses lecteurs et à créer les conditions de sa survie. Sachant que rien n’est acquis et que son futur ainsi que celui d’Armenews.com reste essentiellement tributaire de la fidélité de leurs abonnés, de leur nombre. A l’instar de leurs confrères. Il n’y là ni mystère ni secret.
Un peuple a la presse qu’il mérite. Il lui appartient donc de se donner les moyens de ses ambitions en la matière – la qualité et le professionnalisme étant la marque de fabrique et la raison d’être largement reconnues de Nouvelles d’Arménie Magazine depuis 30 ans. Des critères auxquels il est évidemment plus difficile de se conformer lorsque l’on s’adresse non pas à 60 millions de Français, mais au mini marché des sympathisants de l’Arménie, qu’ils soient d’ailleurs d’origine arménienne ou pas.
Ce n’est en tout cas pas le moindre intérêt de cet appel aux dons que d’avoir attiré l’attention sur les enjeux liés à la communauté arménienne de France, qui a de plus en plus de mal à faire face à tout : ses dépenses basiques de fonctionnement et ses missions philanthropiques tous azimuts.
L’emprise financière mais aussi idéologique du « tout caritatif », que ce soit à travers les grandes campagnes nationales, ou la myriade des initiatives locales finit par assécher ses ressources qui suffisent de moins en moins à couvrir ses frais ordinaires, dont ceux relatifs à l’information, à ses luttes, au lobbying, mais aussi à tout ce qui a trait à son architecture sociale : éducation, culture, sports, spiritualité etc. Question d’équilibre, de hiérarchisation des priorités, sachant que ce n’est pas en s’affaiblissant que la diaspora aidera l’Arménie, mais tout au contraire en étant forte et en pesant là où elle est. Sachant aussi que la presse constitue l’une des pièces maitresses de son dispositif organisationnel, de sa force de frappe, à tout point de vue.
En tout état de cause, NAM remercie très sincèrement et chaleureusement l’ensemble des contributeurs qui lui ont permis de relever le défi de l’avenir. Sans eux rien n’aurait été possible. En rappelant toutefois que la partie n’est pas gagnée d’avance, et que le combat de l’information, qui sous-tend tous les autres, demande un effort continu, dont l’abonnement demeure la règle absolue, et la donation l’exception.
Ara Toranian