« Les démocrates sont de retour », a lancé, jeudi 4 janvier, la nouvelle présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, lors de la séance inaugurale du 110e Congrès des Etats-Unis. Pour la première fois depuis douze ans, les démocrates américains, victorieux aux élections parlementaires du 7 novembre, ont pris le contrôle des deux chambres. Près de 500 parlementaires fraîchement élus ou réélus – soit un tiers du Sénat et l’intégralité des 435 membres de la Chambre des représentants – ont prêté serment lors d’une cérémonie officielle empreinte de solennité.
L’élue californienne Nancy Pelosi est devenue la première femme présidente de la Chambre des représentants, obtenant 223 votes, soit la majorité de ses 435 membres. Cette descendante d’immigrés italiens occupe aussi le rang de troisième personnage de l’Etat, derrière le président et le vice-président. Les élues n’ont d’ailleurs jamais été aussi nombreuses au Congrès, au nombre de 70 à la Chambre et de 16 au Sénat. Le nouveau Congrès accueille également le premier musulman jamais élu en son sein : Keith Ellison, avocat de 43 ans représentant de l’Etat du Minnesota, qui a prêté serment non sur la Bible, mais sur le Coran.
La présidente de la Chambre des représentants a déjà fait état d’un ambitieux programme d’initiatives législatives, qu’elle souhaite introduire lors de ses cent premières heures de travail. Parmi celles-ci, figurent notamment le relèvement du salaire minimum, inchangé depuis 1997, une aide fiscale pour les étudiants, ou l’ouverture de négociations entre l’assurance-maladie et les laboratoires pharmaceutiques sur le prix des médicaments.
Les démocrates veulent également introduire davantage de transparence dans le fonctionnement du Congrès, en limitant notamment l’influence exercée par les lobbies sur certains parlementaires. « Notre premier ordre du jour est donc de faire adopter la réforme de l’éthique la plus stricte de l’histoire », a lancé Nancy Pelosi.
« Dans cette chambre », a-t-elle déclaré, « nous appartenons à des partis différents, mais nous servons un seul pays (…). Nous sommes unis dans notre fierté et nos prières pour les hommes et les femmes servant dans les forces armées. Nous travaillons ensemble pour protéger l’Amérique ».
Mais cette volonté affichée de coopération entre les deux grands partis risque d’être mise à l’épreuve sur la question irakienne. » La guerre en Irak jettera durablement une ombre sur le travail du Sénat cette année », a estimé Harry Reid, chef de file des démocrates au Sénat, tout en indiquant que les sénateurs essaieraient de travailler de concert sur ce dossier irakien.
C’est l’influent Joseph Biden, candidat potentiel à la présidentielle de 2008, qui présidera la commission des affaires étrangères du Sénat. Il prévoit déjà une dizaine d’auditions sur la guerre en Irak, avec notamment le témoignage de la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice. A la Chambre, la commission équivalente sera dirigée par Tom Lantos, un survivant de l’Holocauste, partisan du dialogue avec la Syrie et l’Iran.
