Une déclaration de cent-vingt-quatre officiers de l’Armée de défense d’Artsakh vient d’être diffusée: « Nous soussignés, combattants de la Seconde Guerre d’Artsakh, tout en maintenant la neutralité sur les questions politiques, mais considérant la situation d’instabilité, intervenons et demandons que le général Onnik Gasparyan continue son activité patriotique au service de la patrie en tant que chef d’état-major des forces armées de la République d’Arménie ».
L’annonce est équivoque. Premièrement, on ne sait pas clairement à qui s’adresse la demande-médiation de ces officiers afin qu’Onnik Gasparyan puisse continuer de servir. S’adressent-ils à Onnik Gasparyan, au Premier ministre Nikol Pachinyan, ou au Président Armen Sarkissian ? Ou bien la déclaration des officiers de l’Armée de Défense d’Artsakh n’est-elle qu’une médiation-demande très formelle, une sorte de pression politico-psychologique sur les responsables dont le maintien d’Onnik Gasparyan en tant que chef d’état-major, et plus largement de la résolution de la question de l’état-major, dépendent.
Dans tous les cas, dans le contexte actuel, la déclaration des officiers de l’Armée de défense d’Artsakh concernant le sort de l’état-major révèle un nouveau volet d’une affaire aux multiples facettes. Elle pourrait permettre aux responsables politiques de trouver une solution en conservant Onnik Gasparyan, tout en désengageant l’état-major général du processus politique, mais elle pourrait aussi avoir des effets contraires et aggraver la crise.
On notera que le texte de la déclaration ne contient ni revendications politiques, ni exigences particulières. Mais par bien des aspects, toute déclaration de militaires liée à la crise actuelle provoque des réactions politiques plutôt vives. Il ne fait aucun doute que l’opposition radicale tentera d’utiliser cette déclaration des officiers de l’Armée de défense d’Artsakh tout comme elle le fit avec la fameuse déclaration de l’état-major général de laquelle tout est parti.
En ce sens, considérant la situation actuelle, compte tenu de l’exploitation politique de la première déclaration, les officiers auraient dû, soit s’abstenir de toute nouvelle déclaration, soit préciser ce que l’état-major n’avait pas précisé. Ils auraient, en particulier, dû faire appel à toutes les forces politiques sans exception de s’abstenir d’instrumentaliser et d’exploiter les déclarations militaires sur des plates-formes politiques.
Dans le cas contraire, la déclaration des officiers de l’Armée de Défense d’Artsakh pourrait devenir un élément de la stratégie de certaines forces visant à impliquer l’armée dans la vie politique. Ce qui n’est pour eux qu’un enjeu politique pourrait alors se transformer en catastrophe d’État pour la République d’Arménie et l’Artsakh. .
Mais en fin de compte, il existe une réalité très évidente: la polarisation de la vie politique procède des différentes approches existantes et il est très important que l’armée arménienne, qui par son essence est l’armée du peuple, ne se politise pas.
Hagop Badalyan
1 In Am – Erevan le 08 mars 2021
Traduction Sahag Sukiasyan
