Nicolas Sarkozy : c’est parti !

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L’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, aura pour beaucoup de Français d’origine arménienne au moins un mérite : celui d’éloigner le spectre de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Et avec elle, l’importation massive du négationnisme. Les réactions négatives d’Ankara au succès du leader de l’UMP, adversaire déclaré à l’entrée de la Turquie, seront pour beaucoup à mettre son profit. Car selon le vieil adage, les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Avec les limites que suppose ce type de raccourcis : Le Pen pour se vouloir encore plus hostile que Sarkozy à Erdogan, n’en est pas pour autant plus proches de la cause arménienne.
On pourra en revanche s’interroger sur les effets pervers de cette porte fermée au motif de considérations purement géographiques qui assènent que « la Turquie ne se trouvant pas en Europe, mais en Asie Mineure, elle ne saurait prétendre faire partie du même ensemble ». Un argument aussi péremptoire que définitif, qui dans sa formulation interdit toute possibilité d’évolution, qui ne recèle aucune incitation à la réforme. Mais qui ne signifie pas pour autant, que des stimulations ou des pressions ne pourront pas être exercées par ailleurs sur Ankara pour obtenir des avancées sur les Arméniens, les minorités etc.
L’intégration européenne, qui renvoie à une vision politique de l’organisation du vieux continent, n’a certes pas pour vocation première d’être une carotte destinée à faire avancer les droits de l’homme à sa périphérie. La cause de la démocratie, de l’émancipation des peuples et des individus, dispose de nombreux autres bras de levier, de nature politiques ou économiques. En invitant la Turquie à se trouver une alternative à l’Europe., on cherche à privilégier la cohésion politico-culturelle de cette dernière; à se donner les moyens d’en faire un pôle de puissance homogène, à l’échelle de la planète. On n’interdit pas pour autant à son voisinage, et notamment à la Turquie, d’évoluer, de sortir de son ultranationalisme, de respecter ses minorités, son histoire, ses ressortissants, sa propre population et les Etats qui lui sont limitrophes. On peut et on doit l’encourager à cet effort, dans le cadre global de l’évolution et de la pacification de l’humanité en générale, du monde méditerranéen en particulier.
On imagine la déception de tous les démocrates turcs qui se sont identifiés à l’Europe, comme à un symbole de la démocratie et de la modernité, et qui voient leur rêve d’intégration reculer. Leur combat est pourtant loin d’être perdu. Il leur restent à s’inventer un autre modèle, encore plus exemplaire, pourquoi pas, que l’Europe. A eux d’en découvrir les formes et les solutions, à eux d’éblouir le monde, par des avancées qu’ils ne devront qu’à leurs propres soifs de progrès. A eux de trouver les moyens politiques de faire mentir la géographie, de donner l’envie d’avoir envie. A eux de provoquer un tel dépassement, celui d’un arrimage encore plus fort et plus profond avec l’Europe. Un chemin qui passe par la case, incontournable, de la reconnaissance du génocide des Arméniens.
Nicolas Sarkozy, qui s’est montré plus flou que sa rivale socialiste sur la question de la pénalisation du négationnisme, n’a cependant opposée aucune réserve personnelle à cette revendication principale de la communauté arménienne de France. Au contraire. Dans son interview à Nouvelles d’Arménie Magazine, le candidat de l’UMP, s’est en effet engagé à ce que le négationnisme du génocide des Arméniens « n’ait pas droit de cité en France». Contrairement à l’argumentation avancée par la pétition « liberté pour l’histoire », il a estimé qu’il appartenait bien au « Parlement de tracer la frontière entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Il peut donc décider que la négation d’un génocide est un acte qui franchit cette frontière, car, au-delà de l’insulte faite à la mémoire des victimes et à leurs descendants, elle porte atteinte à l’ensemble de la société ». Il s’est en revanche refusé à engager sa formation. « Je laisserai aux députés et aux sénateurs de mon parti le choix de se déterminer librement, en responsabilité et en conscience ».
On peut en déduire que la balle est dans le camp des Arméniens. Qu’il leur reviendra d’une par de permettre que cette loi soit mise à l’ordre du jour de la haute chambre, et de convaincre de l’autre les sénateurs de la ratifier. En ce qui concerne le premier point, Nicolas Sarkozy a pris deux engagements. Tout d’abord que Parlement disposerait de possibilités accrues pour définir son propre calendrier politique. Ensuite que le processus parlementaire sur cette question suivrait son cours normal. Une assertion rappelée notamment par Patrick Devedjian lors de son allocution à la manifestation du 24 avril dernier à Paris. Il semble donc raisonnable d’espérer que la loi sera soumise à ratification, et qu’une moitié du chemin sera accomplie.
Reste l’autre partie, celle qui consistera à trouver une majorité pour voter ce texte. Si l’affaire n’est pas gagnée, si on n’est pas à l’abri de divers retournements dictée par des impératifs de Realpolitik, l’espoir demeure cependant de mise.
D’autant que cette loi, proposée par le PS, a été adoptée en première instance par plus de parlementaires de droite que de gauche. Une vérité certes imputable à la couleur politique de l’Assemblée nationale – plus bleue que rose – mais qui montre aussi que cette cause, à forte valeur éthique, transcende les clivages partisans. Il reviendra donc aux tenants de cette réforme, qui dépassent largement la communauté arménienne, de savoir convaincre, de se donner les conditions de la réussite.
La présidence de Jacques Chirac a vu la reconnaissance du génocide des Arméniens. Puisse, celle de Nicolas Sarkozy, consacrer la sanction du fléau négationniste. Deux combats auxquels auront notamment concouru, le PS et l’UDF. Il faut le souligner, pour leur rendre cette justice élémentaire, et aussi pour faire écho au message du nouveau président, qui dés son premier discours, en a appelé au dépassement des sectarismes et à une France plus ouverte, plus tolérante. Des voeux que nous partageons.Naturellement.
Ara Toranian

La rédaction
Author: La rédaction

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