Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a affirmé ce weekend que les forces de l’ordre arméniennes avaient déjoué un complot “hybride” visant à le discréditer en vue de le renverser, qui aurait été fomenté selon lui par les milieux proches de l’ancien pouvoir, mais aussi des personnalités nouvellement en place. “Nous pouvons appeler cela des préparatifs en vue d’un coup d’Etat, et on peut en parler maintenant car le processus a été complètement et de manière irreversible neutralisé”, a précisé le premier ministre lors d’une conférence de presse tenue dans la ville de Kapan, au sud-est du pays. N.Pachinian a ajouté que pour la mise en oeuvre de cette “conspiration” avortée, des “dizaines de millions de dollars” auraient été dépensées en diffusion de “fausses informations” le concernant, ainsi que les membres de sa famille et ses collaborateurs. “Et cela s’est produit avec l’aide des milieux criminels souterrains, de différentes forces et autres figures corrompues”, a poursuivi le premier ministre en précisant : “Et pourquoi faut-il utiliser le mot ‘coup’ pour qualifier ce processus? Parce que ce processus a impliqué aussi des responsables en exercice, qui ont agi contre le gouvernement alors même qu’ils en faisaient partie. D’anciens responsables et certains représentants du système judiciaire ont été aussi impliqués”.
N.Pachinian n’a pas donné de noms, ni d’autres détails concernant le prétendu complot, se contentant d’affirmer qu’il avait été “neutralisé” par les officiers du Service de la sécurité nationale (SSN) et d’autres organes de la police plusieurs mois avant. “Ne me demandez pas de noms parce que j’avais donné des noms”, a ajouté le premier ministre, qui a déclaré ensuite : “Epargnez moi juste le déplaisir d’avoir à prononcer des noms et surnoms précis!” Dans un article du 11 janvier paru dans un journal contrôlé par la famille Pachinian, “Haykakan Jamanak,” l’ancien directeur du SSN Artur Vanetsian, qui avait été limogé quelques mois avant par le premier ministre dans des circonstances troubles, avait été accuse d’organiser une campagne de dénigrement visant sa famille. Cette campagne aurait été orchestrée par un ancien responsable lié à Mikael Minasian, le gendre de l’ex-président Serge Sarkissian, selon le même article. Hrachya Hakobian, un député membre de la majorité et beau-frère de N. Pachinian, avait ensuite prétendu que A. Vanetsian avait été limogé en septembre 2016 parcequ’il préparait un coup. Commentant ces allegations, le SSN avait alors fait savoir qu’il n’était informé d’aucune tentative de coup d’Etat et qu’il n’enquêterait pas sur les allégations de H.Hakobian.
Vanetsian, qui ne fait l’objet d’aucune poursuite à ce jour, a dénoncé l’article paru dans “Haykakan Jamanak” , qu’il a qualifié de diffamatoire et a menacé de poursuivre le journal devant les tribunaux. L’ancien chef du SSN a aussi ironisé sur les dernières déclarations de N.Pachinian, en exprimant la crainte dans un tweet plus tard samedi 25 janvier que ses “coups d’éclat émotionnels” aient des “consequences très regrettables” pour l’Arménie. Il est allé plus loin dans un autre tweet posté le lendemain dans lequel il suggérait que le parti Contrat civil au pouvoir étudie sérieusement l’éventualité de remplacer le premier ministre. A.Vanetsian passait pour l’une des personnalités les plus influentes du pays quand N.Pachinian le limogea brusquement et sans explication du poste très stratégique où il l’avait placé à la tête du SSN quelques jours seulement après son accession au pouvoir à Erevan en mai 2018.
