Nikol Pachinian : un Premier ministre porteur d’espoir miné par la défaite militaire

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Erevan, 25 fév 2021 (AFP) – Le Premier ministre Nikol Pachinian, dont l’état-major arménien veut la démission, est passé en trois ans du statut de héros d’une révolution à celui de responsable d’une humiliante défaite militaire face à son ennemi historique, l’Azerbaïdjan.

M. Pachinian a dénoncé jeudi une tentative de coup d’Etat militaire et a rejoint des centaines de ses partisans lors d’une manifestation dans Erevan, où il a réaffirmé avec verve qu’il avait le contrôle du pays.

La veille, il avait limogé un militaire de haut rang, ce qui a conduit l’état-major à réclamer son départ.

Ce bras de fer intervient alors que M. Pachinian, 45 ans, est depuis des semaines sous la pression de l’opposition.

« Nous appelons Nikol Pachinian à ne pas mener le pays vers la guerre civile et une effusion de sang. Pachinian a une dernière chance de partir », a jugé jeudi le parti Arménie Prospère, principale formation d’opposition.

Pour ses opposants, le chef du gouvernement est responsable de la cuisante défaite militaire de l’Arménie face à l’Azerbaïdjan, à l’automne 2020, dans le conflit du Nagorny Karabakh.

Mi-novembre, M. Pachinian avait en effet été contraint de signer un accord de cessation des hostilités dans cette guerre pour le contrôle de la région. A l’époque, il avait tout le soutien du commandement des forces armées.

En six semaines, ces hostilités, déclenchées le 27 septembre et qui ont fait plus de 6.000 morts, avaient bouleversé le mandat de ce réformiste concentré sur la relance économique du pays et la lutte contre la corruption. Pour ses détracteurs, il est désormais un « traître ». Un qualificatif qui contraste cruellement avec les images du printemps 2018.

A l’époque, Nikol Pachinian, un ancien journaliste et opposant historique passé par la prison, est propulsé au pouvoir dans la liesse populaire, lors d’une révolution pacifique contre des élites corrompues.

Lors de sa marche triomphante de 2018, des villageois se pressaient dans les rues pour saluer ce père de quatre enfants à la barbe poivre et sel, lui offrant du pain et des fruits tandis qu’il parcourait des centaines de kilomètres à travers le pays pour dénoncer le pouvoir en place.

Lui, qui a été emprisonné pour son rôle dans les affrontements meurtriers entre policiers et manifestants d’opposition en 2008, est alors considéré comme un homme du peuple.

– Croisade anti-corruption –

Sept ans après sa libération, en 2018, des semaines de manifestations massives poussent finalement le chef du gouvernement Serge Sarkissian au départ. Et le parti Contrat civil de Nikol Pachinian remporte une victoire écrasante aux législatives.

Enhardi par ce succès, il lance une croisade anti-corruption et de vastes réformes économiques, tout en menant la vie dure aux oligarques et aux monopoles. D’ailleurs, le Premier ministre a accusé ces hommes d’affaires d’orchestrer la contestation le visant suite à l’accord de cessation des hostilités au Karabakh.

Selon des analystes, les mesures de Nikol Pachinian avaient contribué à accélérer la croissance économique dans ce pays pauvre du Caucase. Jusqu’au coronavirus qui a freiné l’expansion.

Les progrès sont désormais encore plus fragilisés par les conséquences de la crise politique en cours et de la défaite militaire au Karabakh, théâtre, déjà, d’une guerre ayant fait plus de 30.000 morts au début des années 1990.

L’Arménie le considère comme un territoire historique, une sorte de berceau. L’Azerbaïdjan aussi.

Homme charismatique à la poignée de main légère et au sourire timide, Nikol Pachinian n’avait pas pris part à la première guerre du Karabakh, mais il a revêtu l’habit du chef de guerre l’automne dernier.

Il avait alors mis son talent d’orateur au service de vibrantes plaidoiries guerrières, appelant les Arméniens à « s’unir et à briser le dos de l’ennemi ». Mais l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie et armé avec du matériel moderne grâce à ses pétrodollars, lui a infligé un grave revers.

Le Premier ministre a jugé « incroyablement douloureuse » la décision d’accepter la défaite, face au risque de perdre tout le Nagorny Karabakh, qui survit désormais amoindri et affaibli. Tout comme lui.

Claire
Author: Claire

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