Non ce n’est pas la fin de l’Artsakh

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Non ce n’est pas la fin de l’Artsakh.
Non ce n’est pas la fin de l’Arménie Occidentale, le berceau des civilisations indo-européennes.

L’Histoire nous l’enseigne, rien n’est définitif; notre ennemi, la barbarie panturque est vouée à disparaître comme les empires mongoles et la Horde d’Or, qui ont reflué pour disparaître dans les sables des déserts asiatiques.
L’Histoire nous l’enseigne aussi, l’Arménie est le plus ancien des six «Peuples-monde», même si elle survécut longtemps hors d’un cadre étatique.

Quelques rappels historiques sur l’Artsakh
L’Artsakh constitue un fief arménien depuis les Arsacides d’Artaxias 1er, (Ardachès) (189-159 av. J.-C.) qu’ils obtinrent des Perses pour leur aide face aux Séleucides.
De même que Paytakaran ou l’Atrapatakan oriental (l’actuel Azerbaïdjan ) fut la onzième province de l’Arménie historique, la plus orientale de l’ancien royaume, intégrée au royaume par Artaxias Ier jusqu’en 428.
Puis L’Artsakh fut incorporé dans l’Empire de Tigrane le Grand qui créa la cité de Tigranakert d’Artsakh. Bakou date également de cette époque, et fut créé par Pacorus (Bakoros-Bakur) roi arménien de la dynastie des Arsacides, qui régna sur la ville entre 161 à 163.

Au Vème siècle, Mesrop Machtots. créa en Artsakh au monastère d’Amaras la première école où l’alphabet arménien fut enseigné.

Au IXe siècle avec la création du Royaume des Bagratides, l’ Artsakh comporta des principautés vassales (c’est de cette époque, que date le monastère de Dadivank).

Puis des tribus seldjoukides originaires d’Asie Centrale, s’infiltrent au nord de l’Iran et en Azerbaïdjan (Atropatène) entre 1040 et 1050. Byzance qui par sa politique aveugle détruisit le rempart de l’Occident que constituait l’Arménie en paiera le prix avec la défaite de Manazkert en 1071.

Avec Hasan Ier le Grand, roi de Khatchen depuis 1116, l’Artsakh constitue l’une des rares principautés arméniennes indépendante ayant échappé à l’invasion seldjoukide.

Au tout début du XVe siècle, Schiltberger un Allemand prisonnier de Tamerlan, laissa une description détaillée de «la région que les infidèles nomment Karabagh. Elle se trouve en Arménie, bien qu’elle soit aux mains des infidèles, mais les villages sont tous arméniens ».

Avec l’apparition de la Russie, les Méliks du Karabakh quasi autonomes depuis le 13eme siècle commencent à s’insurger contre les troupes ottomanes. Entre 1723 et 1727, le célèbre David Begh et son lieutenant en chef et successeur Mkhitar Sparapet, installés sur le site de la forteresse d’Halidzor résistent aux forces de l’Empire Ottoman et de la Perse.

Au XIXe siècle la Russie, après sa conquête, étendit sa domination jusqu’à l’Araxe, annexant l’Arménie orientale, avec le Nakhitchevan, le Sunik et l’Artsakh dépendant du gouvernorat d’Elizavetpol (Gandja) qui comptait 300.000 arméniens.
Chouchi constituait l’un des phares de la culture arménienne. En 1828 y fut inaugurée une imprimerie qui devint la seconde hors diaspora après Etchmiadzin .

En 1919, après le départ des anglais du Sud Caucase, les massacres de Soultanov à Chouchi et dans sa région firent 20.000 victimes et provoquèrent l’exode de 25 000 arméniens.

Puis la 1ère République d’ Arménie fut reconnue avec des frontières juridiquement établies par les instances internationales lors de la Conférence de la Paix de Paris sous l’égide de la SDN en 1919, comprenant: Artsvashen-Getashen-Chahoumian, l’Artsakh et le Nakhitchevan, selon la carte des archives du Ministère des Affaires Étrangères de France (Papiers André Tardieu).
Mais Staline après l’alliance avec la Turquie kémaliste qui suivit le Congrès des Peuples d’Orient de Bakou en septembre 1920, passa outre et fit admettre, le 4 juillet 1921, le rattachement des deux républiques autonomes à l’Azerbaïdjan: le Nakhitchevan et le Karabagh.
Ainsi le tyran Staline reste jusqu’à ce jour l’arbitre international de référence en matière de fixation de frontières des états du Sud Caucase.

Le 20 février 1988, craignant un nettoyage ethnique, avec une population arménienne du Karabagh ne représentant plus que les trois quarts de la population totale, l’Artsakh s’autoproclame République Socialiste Soviétique et vote l’unification de la région autonome avec l’Arménie, dans le cadre des institutions soviétiques . Le 26 février 1988 un million de personnes défilent à Erevan revendiquant le rattachement du Haut-Karabagh à l’Arménie, mouvement soutenu par le prix Nobel de la Paix Andreï Sakharov, ce qui provoqua les 27 et 28 février 1988 les pogroms de Sumgaït, puis de Bakou en 1990 qui comptait 180.000 arméniens.

Début 1990 des irréguliers azéris attaquent des villageois au Karabakh et le 26 novembre 1991, l’Azerbaïdjan annule le statut d’autonomie du Haut-Karabagh, envoie des troupes et impose le blocus du pays, avec le soutien de la Turquie et de volontaires, «les afghans»: tchétchènes et islamistes de tous horizons, mais aussi d’instructeurs, de commandos et de pilotes d’avions de combat, russes, ukrainiens et américains (dont ceux recrutés par la Cie Mega Oil)

C’est dans l’esprit de l’Armée Secrète Arménienne de Libération de l’Arménie que la reconquête de l’Artsakh et la résistance aux azéris soutenus par Gorbatchev furent entreprises dès 1991 par une armée de partisans, dont le héros fut Monté Melkonian.

Une ASALA qui faut-il le rappeler opérait entre 1975 et 1984 alors qu’aucune structure étatique arménienne n’existait en dehors de l’Arménie Soviétique.

En 1993 avec des combattants soutenus par tout le pays la reconquête progresse; début janvier 1994, les forces azerbaïdjanaises échouent à reprendre Fizuli, Kelbadjar et le corridor de Latchin.
A l’issue de la guerre, malgré une occupation de 26 ans, jusqu’à la guerre de 44 jours en septembre 2020, l’Arménie ne reconnut pas l’indépendance l’Artsakh alors qu’à l’automne 2020, l’Assemblée nationale et le Sénat de la France votaient pratiquement à l’unanimité deux résolutions de reconnaissance de l’indépendance du Karabagh. 

La situation résultant des nouvelles alliances
Le 10 octobre 2020, soutenue par la Turquie, après treize jours de combat l’armée azerbaïdjanaise envahit les sept districts entourant l’Artsakh, et le 9 novembre, après l’occupation d’un tiers du territoire, dont Hadrout et Chouchi.
Un accord de cessez le feu est signé sous l’égide de la Russie, une Russie qui n’avait pas répondu aux appels de l’Arménie lui demandant de «stopper l’agression» de l’Azerbaïdjan, soucieuse qu’elle était de ne pas froisser ses partenaires turco-azéris; et qui de ce fait fut critiquée par les dirigeants arméniens accusés par la Russie d’être sous l’influence des occidentaux visant à pousser la Russie hors du Caucase du Sud

Selon l’accord, les Arméniens gardaient un droit de passage au niveau du corridor de Latchine qui était sous le contrôle des forces de paix russes déployées pour cinq ans renouvelables. L’accord prévoyait également le rétablissement des voies de communication terrestres entre l’Azerbaïdjan et son exclave du Nakhitchevan, à travers le territoire arménien.
Mais en décembre 2022, l’Azerbaïdjan ferme à la circulation le corridor de Latchine, malgré la présence des forces de paix russes, blocus provoquant l’exode de 100 000 Arméniens qui après avoir tout abandonné, se trouvèrent sans nourriture, sans eau et sans médicaments.

La Communauté internationale et les Institutions européennes restant passives, l’Institut Lemkin fit état d’un risque imminent de crimes de génocide commis par l’armée azerbaïdjanaise contre des civils. Et la France qualifia d’«illégale» et d’«inacceptable» l’offensive de Bakou et saisit le Conseil de sécurité de l’ONU condamna fermement l’agression de Azerbaïdjan, mais aucun Casque bleu ne fut déployé pour stabiliser la région comme à Chypre, au Kosovo, au Sud Liban ….

Le 19 septembre 2023, Bakou souhaitant prendre le contrôle total de l’Artsakh, repasse à l’offensive faisant de nombreux blessés et 200 morts parmi les soldats et plus d’une vingtaine de civils, obligeant l’armée d’autodéfense à déposer les arme .  De nombreux corps, y compris de civils dont des enfants et des femmes, transportés depuis l’Artsakh vers l’Arménie, portent des traces de tortures et de mutilations.

Le cessez-le-feu prévoit le retrait des forces armées arméniennes, la dissolution et le désarmement complet de l’armée d’autodéfense de l’Artsakh.
Puis les services de sécurité azéris arrête arbitrairement les quatre derniers présidents de l’Artsakh, Ruben Vardanyan et David Babayan.

Avec la disparition de la structure étatique de l’Artsakh et de son armée, l’on craint à juste titre une nettoyage ethnique radical comme au Nakhitchevan, d’autant que des vidéos diffusée en ligne montrent les atrocités commises par les soldats azerbaïdjanais décapitant des civils, tirant à bout portant sur des prisonniers de guerre arméniens.

Ainsi après avoir «chassé les arméniens comme des chiens», Aliyev se rendit le 13 Octobre 2023 au premier Forum culturel du monde turcique de Choucha. Puis le 15 octobre à Stepanakert, où ordonnant le retrait des croix des églises de la ville occupée, il déclara «le drapeau que j’ai hissé aujourd’hui flottera ici pour toujours, et nous vivrons ici pour toujours. Le Karabakh est à nous, le Karabakh est à l’Azerbaïdjan», et après son entrée au siège du Gouvernement, Aliyev marcha sur un drapeau de l’Artsakh étalé sous ses pieds.

Le combat continue

En l’absence d’intervention des Nations Unies, et des puissances mondiales n’agissant qu’en fonction de leurs intérêts, en l’absence de réaction de l’Arménie dont la population est résolument tournée vers le consumérisme et le «vayèlèl» et n’a aucune envie d’aller se battre pour l’Artsakh.

Au lieu de nous lamenter, nous devons agir; il appartient à la diaspora, qui compte 9 millions d’arméniens (autant que la population de l’Azerbadjian), de s’organiser pour combattre partout dans le monde le régime azerbaïdjanais, ses institutions, sa propagande et sa diplomatie du Caviar.

Et l’actualité nous montre que le Hamas palestinien (soutenu par Erdogan) est parvenu à s’imposer face à la plus puissante armée du Moyen Orient !

Ce qui se passe en Israël me rappelle ce qui s’est passé récemment en Artsakh. Les réseaux sociaux montrant des soldats et des femmes décapités sans aucune sanction constituèrent un exemple pour le Hamas.
De même le blocus total de l’Artsakh sans aucune réaction encouragea Israël à procéder de même à Gaza.

Erdogan critiqua les forces israéliennes pour leurs attaques contre Gaza et affirma que couper l’eau et l’électricité « n’est pas une guerre, mais un massacre » alors qu’il avait soutenu et le blocus et la guerre de l’Artsakh.

Quelle partie l’Arménie doit-elle soutenir dans le conflit Israélo-Palestinien:
Israël en guerre qui continue ses livraisons d’armes aux criminels de guerre azéris de la même trempe que le Hamas ?

La rédaction
Author: La rédaction

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