L’Arménie a dénoncé hier la décision du président biélorusse Alexandre Loukachenko qui s’est opposé, lors d’une réunion avec un responsable azerbaïdjanais, aux efforts d’Erevan visant à installer un autre secrétaire général arménien à la tête de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par la Russie.
La Russie et cinq autres États de l’ex-Union soviétique composant l’alliance ont convenu en 2015 que leurs représentants dirigeraient l’organisation à tour de rôle. Ils ont nommé l’Arménien Youri Khachaturov au poste de secrétaire général de l’OTSC en 2017.
Le nouveau gouvernement arménien a mis un terme à son mandat qui devait durer 3 ans, après la mise en accusation controversée de Khachaturov en juillet concernant les violences post-électorales de 2008 à Erevan. Il espérait qu’un autre responsable arménien pourrait remplacer Khachaturov et diriger l’OTSC jusqu’en 2020.
Le Premier ministre Nikol Pachinian a insisté sur ce point lors du sommet de l’OTSC qui s’est tenu à Astana, la capitale du Kazakhstan, le 8 novembre. Loukachenko et le président kazakh Nursultan Nazarbayev ont toutefois demandé qu’un représentant de la Biélorussie soit nommé à la tête de l’organisation.
De son côté, le président russe Vladimir Poutine aurait proposé une solution de compromis selon laquelle le secrétaire général par intérim de l’OTSC, Valery Semerikov, resterait en poste dans l’intervalle.
Les dirigeants de l’OTSC ont déclaré qu’ils essaieraient à nouveau de parvenir à un consensus sur la question lorsqu’ils se retrouveront à Saint-Pétersbourg, en Russie, le 6 décembre.
Loukachenko a tenu à réaffirmer sa position lorsqu’il a rencontré lundi un haut diplomate de l’Azerbaïdjan, pays ne faisant pas partie de l’OTSC. Il a noté qu’un autre bloc dirigé par la Russie, l’Union économique eurasienne, est également dirigé par un Arménien.
« C’est un très lourd fardeau pour un pays qui traverse une période de transition », a ajouté Loukachenko. « L’Arménie peut-elle supporter ce fardeau? »
Les commentaires de Loukachenko ont déplu à Erevan. Les politiciens et les commentateurs locaux pensent qu’il les a délibérément lâchés lors d’une réunion avec l’ambassadeur d’Azerbaïdjan à Minsk afin d’ajouter de l’huile sur le feu.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères arménien, Anna Naghdalian, a critiqué ces propos. «L’Arménie considère l’OTSC comme une plate-forme de discussions sur les projets de sécurité collective s’appliquant à six États… Cette évolution met en évidence la nécessité pour l’OTSC de régler ses problèmes internes et, en ce qui concerne cette situation, je dois souligner qu’elle n’est pas correcte », a-t-elle déclaré aux journalistes.
Loukachenko n’a jamais caché ses relations chaleureuses avec le président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev. Le dirigeant biélorusse l’a souligné lors de la réunion de lundi avec le diplomate azerbaïdjanais, affirmant que tous ses accords avec Aliev étaient « sacrés » pour lui.
La Biélorussie est notamment un important fournisseur d’armes à l’Azerbaïdjan. Ceux-ci comprennent des missiles Polonez de fabrication biélorusse dont le rayon de tir est de 200 kilomètres. L’armée azerbaïdjanaise les aurait apparemment acquis au début de cette année.
Début 2017, Loukachenko a également eu des discussions diplomatiques tendues avec Erevan après avoir ordonné aux forces de l’ordre biélorusses d’arrêter et de remettre à l’Azerbaïdjan un blogueur russo-israélien qui s’était rendu à plusieurs reprises dans le Haut-Karabagh sans la permission de Bakou. Le ministère des Affaires étrangères arménien a condamné cette mesure et a implicitement qualifié la Biélorussie de «dictature».