Pachinian accuse le Karabagh d’ingérence dans la campagne électorale d’Arménie

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Le premier ministre arménien par interim Nikol Pachinian a accusé jeudi 29 novembre 2018 plusieurs responsables de la République du Haut Karabagh d’ “ingérence” dans la campagne en cours pour les législatives anticipées du 9 décembre en Arménie, qu’il est assuré de remporter, suite à des propos qui avaient été tenus à Stepanakert en reaction à des declarations controversées de représentants du bloc “My Step” de Pachinian. L’un de ses proches collaborateurs, Sasun Mikaelian, avait déclaré lundi 26 novembre que le succès de la revolution de velours qui avait porté au pouvoir à Erevan au printemps son leader N. Pachinian était plus important que la victoire arménienne contre l’Azerbaïdjan dans la guerre de 1991-1994, et au-delà, que le Mouvement Karabagh, qui vit naître l’Arménie indépendante.

Cette comparaison, pour le moins déplacée et inutile, même si elle peut être mise sur le compte de la fébrilité de la campagne électorale, a suscité de nombreuses reactions indignées, à Erevan comme à Stepanakert. Dans leur haine de l’ancien pouvoir en place à Erevan, que N. Pachinian a renversé en avril et qui avait des liens étroits avec l’Artsakh, dont étaient originaires les 2 derniers presidents, R. Kotcharian et S. Sarkissian, certains amis politiques de l’actuel et probablement futur premier ministre de l’Arménie en viennent à minorer l’importance, dans l’histoire récente de l’Arménie, de la victoire militaire sur l’Azerbaïdjan, comme si elle était le monopole de ce “clan du Karabagh” honni qui a dirigé l’Arménie au cours des deux dernières décennies. Ces propos ont d’ailleurs été aussitôt condamnés par les leaders du Parti républicain d’Arménie (HHK) anciennement au pouvoir, mais aussi par la FRA Dachnaktsoutioun et par des représentants du gouvernement et de l’armée du Karabagh.

N. Pachinian a été prompt lui aussi à réagir avec fermeté aux declarations venues de l’Artsakh, où il s’était rendu au lendemain même de son election le 8 mai pour affirmer son soutien au gouvernement du president du Karabagh Bako Sahakian, qui faisait face à un vent de fronde. N. Pachinian a depuis réaffirmé à plusieurs reprises son soutien aux autorités du Karabagh, où il s’est régulièrement rendu pendant les 8 mois de son premier mandate à la tête du gouvernement d’Arménie, et il a jugé utile récemment encpore qu’une revolution n’était pas opportune dans l’Artsakh. Pachinian a change de ton cett fois, en s’en prenant avec vehemence aux autorités du Karabagh dans un discours prononcé lors d’un meeting de campagne le 29 novembre dans la province arménienne du Gegharkounik. Après avoir accusé le HHK d’avoir délibérément déformé les propos de S. Mikaelian, qu’il a attribués à quelque lapsus, il a laisse entendre que certains responsables de l’Artsakh auraient choisi leur camp dans la campagne électorale arménienne et feraient le jeu de l’ancien parti au pouvoir à Erevan.

“Honnêtement, je ne comprends pas l’attitude des représentants de la République du haut-Karabagh ces jours derniers”, a déclaré Pachinian en ajoutant : “Pourquoi ont-ils jugé utile de se manifester de la sorte? Pourquoi font-ils ces différents commentaires? Et pourquoi tentent-ils de se mêler de la campagne pour les législatives d’Arménie et de se manifester ainsi sur la scène politique” ? “J’appelle [le president du Karabagh] Bako Sahakian de surveiller les représentants de son gouvernement et de s’assurer qu’ils fassent correctement leur travail”, a poursuivi N. Pachinian. “Le service de presse du president du Karabakh commente chacune de mes déclarations. Qu’est-ce que cela signifie?” s’est emporté Pachinian, en visant plus précisément la plus haute autorité de l’Artsakh, avec qui il entretient des relations d’ailleurs ambiguës. “Faites preuve de retenue et occupez vous de vos affaires”, a insisté le premier ministre, dans une mise en garde sans precedent adressée aux autorités de Stepanakert en précisant : “Je discuterai très certainement de tout ceci avec vous, mais seulement après les élections!”

B.Sahakian n’a pas réagi sur le champ à cette charge venue de Erevan. Le même jour, le président du Karabagh recevait le chef de la police d’Arménie, Valeri Osipian, un proche de Pachinian, en visite dans le Karabagh. Cette rencontre n ‘a laisse filtrer aucune precision sur la teneur des discussions. Les autorités du Karabagh avaient déjà réagi à certaines des déclarations à l’emporte-pièce de Pachinian, comme lorsqu’il avait affirmé dans le feu de la campagne qu’il était le premier leader d’Arménie dont le fils avait effectué son service militaire au Karabagh, tout en laissant entendre, sans les nommer, que les fils de certains “leaders du Karabagh”, avaient échappé à leurs obligations militaires. On ne sait pas si ces propos visaient le seul Robert Kotcharian, qui présida le Karabagh avant de devenir president de la République arménienne, et auquel N. Pachinian livre une guerre judiciaire qui est loin d’être finie, même si l’ancien president a été libéré le 13 août après 15 jours de prison pour son rôle dans les violences post-électorales du 1er mars 2008, ou s’ils ciblaient aussi des représentants du pouvoir en place à Stepanakert.

Le responsable du service de presse de B. Sahakian, Davit Babayan, avait jugé utile de préciser après cela que les fils de l’actuel president de l’Artsakh, comme de son prédécesseur, Arkadi Ghoukassian, avait effectué leur service militaire dans les rangs de l’armée du Karabagh. Pachinian n’a mentionné que les deux fils de R. Kotcharian lors de son meeting dans le Gegharkunik. Il a précisé que s’ils avaient été tous deux officiellement incorporés dans les forces armées d’Arménie lorsque R.Kotcharian était president, ils n’auraient pas passé une seule nuit dans la caserne où ils étaient affectés. Des accusations dont Pachinian sait pertinemment qu’elles portent dans une opinion arménienne qui a à maintes reprises exprimé sa defiance envers le “clan du Karabagh” et plus généralement le Karabagh, qui, derrière la solidarité affichée, est parfois perçu comme un “fardeau”, comme l’avait laissé entendre le premier president L.Ter Petrossian en 1997, ce qui lui avait coûté d’ailleurs son fauteuil, que devait ensuite occuper, dix ans durant R. Kotcharian, auquel succéda, pour dix autres années, son ancien compagnon de route et d’armes lui aussi natif du Karabagh, Serge Sarkissian, qui avait fait ses armes dans l’armée de l’Artsakh pendant la guerre contre l’Azerbaïdjan avant d’entrer en politique.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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