Alors que le Haut-Karabagh subit depuis un mois un blocus imposé par une poignée de manifestants azéris soutenus par le régime de Bakou, alors aussi qu’aux pénuries s’ajoutent les coupures d’électricité et des liaisons internet programmées par les autorités azéries, le premier ministre d’Arménie Nikol Pachinian a appelé jeudi 12 janvier les autorités arméniennes du Karabagh à renoncer à leur rhétorique de fermeté et à négocier avec l’Azerbaïdjan en vue de lever le barrage dressé depuis le 12 décembre sur le corridor de Latchine, unique axe reliant le Karabagh à l’Arménie. “Les déclarations politiques qui fourvoient la situation dans une impasse devraient être évitées, car des déclarations sans une vision claire de l’objectif sont inutiles ” a déclaré Pachinian en ajoutant : “Et ensuite, une discussion politique entre le Haut-Karabagh et l’Azerbaïdjan doit s’engager, et nos partenaires dans le Haut-Karabagh ne devraient donc laisser personne les accuser d’interrompre un dialogue constructif ou de rendre impossible un tel dialogue ”. “La fermeture du corridor de Latchine est une provocation dont le but ultime est une nouvelle escalade militaire, et il ne faut rien faire qui puisse être utilisé par ceux qui souhaitent ce scénario d’une escalade militaire ”, a ajouté Pachinian, qui s’exprimait lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres à Erevan. Ces déclarations de Pachinian interviennent au lendemain des critiques formulées par le gouvernement du Karabagh et par les principales formations politiques du territoire arménien à l’encontre de ses propos relatifs au conflit avec l’Azerbaïdjan, estimant que ceux-ci faisaient l’économie du droit à l’autodétermination des Arméniens du Karabagh. Dans un communiqué commun, ils ont réitéré leur engagement à lutter pour l’indépendance.
Davit Galstian, un leader de l’opposition au Karabagh qui a aussi signé le communiqué, a rejeté l’appel lancé par Pachinian aux autorités de Stepanakert. “Il a montré clairement qu’il abandonnait l’Artsakh”, a déclaré Galstian cité par le Service arménien de RFE/RL. Dans le même temps, Alen Simonian, le président du Parlement arménien et proche allié politique de Pachinian, avait clairement fait savoir que Erevan ne négocierait pas avec l’Azerbaïdjan sur la réouverture de la seule route reliant le Karabagh à l’Arménie. Les autorités du Karabagh avaient engagé des négociations avec Bakou dès les premiers jours du blocage de la route, le 12 décembre, a-t-il rappelé, en soulignant la nécessité d’une reprise de ces pourparlers. Simonian a affirmé que Bakou pourrait être tenté d’“attirer” le gouvernement arménien dans de telles discussions en vue de demander à l’Arménie d’ouvrir un corridor similaire reliant l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan via le sud de l’Arménie. “Je présume que c’est la raison pour laquelle le corridor de Latchine a été bloqué ”, a indiqué Simonian cité par RFE/RL’s Armenian Service. Le président du Parlement arménien s’est aussi plaint de ce que en dépit des promesses faites à la partie arménienne par la Russie, celle-ci n’en fait pas assez pour que soit mis un terme au blocus azéri sur cet axe vital où les soldats de la paix russes sont censés garantir la libre-circulation. D’autres députés arméniens pro-gouvernementaux avaient affirmé que les Russes utilisaient le blocus pour soutirer plus de concessions encore de l’Arménie, ce que Moscou avait fermement démenti. A Stepanakert, le premier ministre du Karabagh, Ruben Vardanyan, a une nouvelle fois rejeté jeudi les critiques arméniennes à l’encontre des soldats de la paix russes, en soulignant que ceux-ci « se tiennent à nos côtés ». “Cessons de nous en prendre aux Russes dans cette situation”, a déclaré Vardanyan devant les journalistes arménien en visioconférence, en ajoutant : “Si vous comprenez que vous aidez ainsi les Azerbaïdjanais, alors arrêtez cela ”. “S’il n’y avait pas eu les soldats de la paix russes, nous ne vivrions plus ici”, a conclu l’ancien banquier qui fit fortune en Russie avant de s’installer, il y a à peine quatre mois, au Karabagh, en renonçant au passage à sa citoyenneté russes.
