Pachinian confirme les declarations de Poutine selon lesquelles la guerre aurait pu s’arrêter trois semaines plus tôt

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Dans une intervention télévisée le 17 novembre, le president russe Vladimir Poutine avait affirmé que la partie arménienne aurait pu limiter les pertes territoriales, et aussi humaines, et plus précisément, garder le contrôle de la ville stratégique de Shushi (Shusha) au Haut Karabagh si le premier ministre d’Arménie Nikol Pachinian avait accepté les termes d’un cessez-le-feu proposé par l’Azerbaïdjan le 20 octobre, soit 19 jours avant que, soumis à la pression des forces azéries qui s’étaient emparées de la ville et menaçaient Stepanakert, il se résigne à accepter l’accord de cessez-le-feu impose par la Russie. La prise de Shushi par les forces azéries, qui en avaient fait un enjeu majeur, signera la fin de 44 jours de guerre. L’Azerbaïjan acceptait de mettre fin aux opérations militaires le 10 novembre en échange de l’engagement de l’Arménie de restituer trois districts limitrophes du Karabagh. Bakou regagnait le contrôle sur les quatre autres districts limitrophes que les forces arméniennes contrôlaient depuis le début des années 1990, au terme d’une première guerre. Les troupes de Bakou ont aussi occupé le district de Hadrout, au sud du Karabagh. S’exprimant sur la chaîne russe Rossiya-24 TV, V. Poutine avait déclaré : “Les 19-20 octobre, j’ai eu une série d’entretiens téléphoniques avec le president [azerbaïdjanais] Aliyev et le premier ministre Pachinian. A l’époque, les forces armées d’ Azerbaïdjan avaient regagné le contrôle d’une part considérable du Haut-Karabagh, plus précisément, dans sa partie sud”. “Sur le fond, j’avais réussi à convaincre le président Aliyev qu’il était possible de mettre fin aux hostilités, mais il avait fait du retour des réfugiés [azerbaïdjanais], y compris à Shusha, une condition préalable. A ma grande surprise, nos partenaires arméniens percevaient cela comme inacceptable”, avait ajouté le president russe en concluant : “A ce stade, le premier ministre m’avait affirmé que son pays ne pourrait être d’accord avec cela, et qu’il continuerait le combat”.
N.Pachinian a mis un certain temps à réagir, laissant ses alliés politiques répondre, avec des arguments plutôt spécieux, à des déclarations dont l’opposition, qui a pris la tête de manifestations réclamant sa démission, n’avait pas manqué de s’emparer. Le premier ministre arménien réagira enfin dans la soirée du dimanche 29 novembre, pour confirmer les propos du président russe. Dans un long message posté sur Facebook, il s’est défendu en soulignant que l’acceptation par Erevan de ce premier accord négocié par Poutine induisant le retour des réfugiés à Shushi aurait permis à l’Azerbaïdjan de reprendre le contrôle de la ville surplombant la capitale du Karabagh, Stépanakert, à la merci des canons azéris. “Le problème est que dans ce cas plus de 90 % de la population de Shushi auraient été des Azerbaïdjanais qui auraient contrôlé la route de Stepanakert … Ainsi l’accord n’a pu se concrétiser”, a fait valoir Pachinian, en affirmant que Poutine aurait trouvé ses arguments “logiques”. Ce n’est pourtant pas ce que laissent à penser les déclarations télévisées du 17 novembre de Poutine. “Le premier ministre Pachinian m’a ouvertement soutenu qu’il considérait cela [le retour des Azerbaïdjanais à Shushi] comme une menace aux intérêts de l’Arménie et du Haut-Karabagh”, précisait le président russe sur Rossiya-24 en ajoutant : “Je ne comprends pas vraiment la nature de cette hypothétique menace. En fait, il ne s’agissait que du retour de civils dans leurs foyers, alors que la partie arménienne aurait gardé le contrôle de cette partie du Haut-Karabagh, y compris Shusha”.
Pachinian persistait pourtant à justifier son rejet de l‘accord proposé le 20 octobre en continuant à défendre sa gestion de la guerre de six semaines, pourtant soumise aux critiques toujours plus vives de l’opposition arménienne et d’un nombre croissant de personnes, qui le tiennent pour responsable de la défaite et de la victoire militaire de l’Azerbaïdjan et demandent pour cette raison sa démission et la tenue de législatives anticipées. Ces critiques se sont renforcées après les déclarations de Poutine, qui ont été mises à profit pour dénoncer l’incompétence de Pachinian et ses choix stratégiques jugés désastreux. Ses détracteurs affirment que le premier ministre aurait non seulement pu garder davantage de territoires sous contrôle arméniens mais aussi sauvé les vies de centaines voire de milliers de soldats arméniens s’il avait accepté les termes du cessez-le-feu propose le 20 octobre, au lieu de le rejeter, en affirmant, sans les avoir consultés, que les Arméniens les auraient refusés.
Il faudrait bien sûr avec des précisions sur les détails de l’accord proposé alors, sous l’égide de Poutine, mais on penser qu’un arrêt de la guerre, à ce stade, n’aurait pas donné lieu à une situation pire qu’elle n’est aujourd’hui, alors que Shoushi est sous l’autorité directe de Bakou. Rien ne dit certes qu’un tel accord avait vocation à durer, et n’aurait pas été une simple pause dans les opérations militaires avant que l’Azerbaïdjan ne reprenne les hostilités. Rien ne dit non plus que les forces de paix russes auraient pu se déployer à l’époque pour garantir la sécurité d’un Karabagh moins amoindri. Et s’il est vrai que le retour de réfugiés azéris à Shoushi, ville très majoritairement azérie jusqu’en 1992, risquait de faire de cette localité un cheval de Troie de Bakou dans le Karabagh arménien, que l’Azerbaïdjan n’aurait pas renoncé à reconquérir, rien ne dit que les réfugiés azéris se seraient précipités pour repeupler une ville ne disposant pas des infrastructures suffisantes pour les accueillir, d’autant plus pour se soumettre à la juridiction arménienne de l’Artsakh, dont Shoushi dépendrait toujours. La situation aurait été certes difficilement viable, mais la partie arménienne aurait gagné du temps… et des vies, en montrant par ailleurs qu’elle n’était pas réfractraire à l’idée d’un retour des réfugiés azéris, privant ainsi l’Azerbaïdjan d’un argument majeur pour justifier sa guerre!

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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