Près de deux semaines après que son gouvernement eut proposé de remplacer le secrétaire général arménien de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), le Premier ministre Nikol Pachinian a téléphoné hier au président du Kazakhstan, Nursultan Nazarbayev, pour discuter des activités de l’alliance de défense dirigée par la Russie.
« Les interlocuteurs ont discuté de questions d’actualité concernant les relations bilatérales et multilatérales, y compris celles liées aux activités de l’OTSC », a expliqué le bureau de presse de Pachinian dans un bref communiqué.
Le service de presse de Nazarbaïev a également déclaré que les deux dirigeants avaient parlé de « l’interaction entre l’Arménie et le Kazakhstan dans le cadre » de l’OTSC et de l’Union économique eurasienne, un autre bloc russe dont ils sont tous les deux membres.
Cet appel téléphonique fait suite à un rare conflit diplomatique entre l’Arménie et la Russie suite à la décision des autorités arméniennes de poursuivre le secrétaire général de l’OTSC, Yuri Khachatourov, sur des accusations de tentative de coup d’Etat post-électoral à Erevan. Khachatourov était à l’époque vice-ministre de l’Arménie.
Le 27 juillet, le service d’enquête spéciale (SIS) de l’Arménie a demandé à un tribunal d’Erevan de l’autoriser à arrêter Khachaturov ainsi que l’ancien président Robert Kotcharian. Le tribunal a mis l’ex-président en détention provisoire, mais a accordé une libération sous caution à Khachaturov.
Les décisions distinctes ont été rendues publiques plusieurs heures après une conversation téléphonique entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue arménien, Zohrab Mnatsakanian. Lavrov a déclaré publiquement la semaine dernière que les poursuites engagées contre les anciens responsables arméniens étaient motivées par des raisons politiques. Un responsable du Kremlin a lâché au quotidien moscovite « Kommersant » que la décision d’Erevan de poursuivre Khachaturov avait porté un « coup colossal à l’image » de l’OTSC.
Malgré les graves accusations portées contre lui, Khachaturov a été autorisé à retourner à Moscou et à reprendre ses fonctions de secrétaire général de l’OTSC le 4 août.
Le ministère arménien des Affaires étrangères a révélé le 28 juillet qu’il avait officiellement demandé aux autres membres de l’OTSC de « commencer le processus de remplacement du secrétaire général ». Moscou a qualifié cette décision de « non professionnelle », affirmant qu’Erevan avait « rappeler » Khachaturov avant de penser à un remplaçant.
Le ministre de la Défense, Davit Tonoyan, a expliqué la semaine dernière que l’Arménie devrait pouvoir nommer un autre chef pour l’alliance des six anciennes Républiques soviétiques. Reste à savoir si Moscou acceptera…
Les États membres de l’OTSC ont convenu en 2015 que leurs représentants se relaieront pour diriger l’organisation à tour de rôle. Ils ont nommé Khachaturov au poste de secrétaire général en avril 2017, après presque deux ans de retard résultant des réticences de la Biélorussie et du Kazakhstan à laisser un Arménien à ce poste en raison de leurs liens chaleureux avec l’Azerbaïdjan. Les deux pays ont abandonné leurs objections sous la pression de la Russie, selon les médias russes.
Pachinian a également eu une conversation téléphonique avec le président biélorusse Aleksandr Loukachenko le 28 juillet. Ni les autorités biélorusses ni les autorités kazakhes n’ont fait de déclarations publiques sur les poursuites engagées contre Khachatourov jusqu’à présent.