Pachinian fait état de discussions « difficiles » avec Aliev à Bruxelles… sans en dire davantage !

Se Propager
arton95558

Au lendemain de son dernier sommet avec le président azéri Ilham Aliev à Bruxelles sous l’égide du président du Conseil européen Charles Michel, le premier ministre arménien Nikol Pachinian s’est montré très peu disert jeudi 1er septembre sur la teneur des discussions, se contentant d’indiquer qu’elles n’avaient « pas été faciles ». Le contraire eut été étonnant, tant la pression exercée sur l’Arménie par l’Azerbaïdjan et son allié turc, tant dans le format de négociations européen que russe, est énorme. “La discussion a été détaillée, la discussion n’a pas été facile”, a indiqué le premier ministre au lendemain de ce 4e sommet arméno-azéri organisé en 9 mois par l’UE à Bruxelles. Pachinian a réaffirmé l’engagement du gouvernement arménien à suivre un “agenda de paix” proclamé au lendemain de la guerre du Karabagh de l’automne 2020 à laquelle avait mis fin le 9 novembre un accord de cessez-le-feu négocié par le président russe Vladimir Poutine et théoriquement toujours en vigueur depuis, au prix d’importantes concessions arméniennes à l’Azerbaïdjan. “Nous devons tous comprendre que cela n’est si facile ni simple et que les éventuelles solutions n’ont rien d’évident”, a ajouté Pachinian en s’adressant à son gouvernement lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres à Erevan, en précisant : “Nous devons poursuivre notre travail de manière conséquente”. Charles Michel avait indiqué la veille qu’Aliyev et Pachinian avaient convenu d’intensifier les négociations en vue d’un traité de paix arméno-azerbaïdjanais tel que souhaité par Bakou. Les ministres des affaires étrangères arménien et azerbaïdjanais devraient se rencontrer en septembre pour “plancher sur des projets d’accord”, a déclaré le haut responsable européen dans un communiqué. “Il est clair que l’Azerbaïdjan va chercher à obtenir les solutions qui lui seront le plus profitable”, a indiqué de son côté Vigen Khachatrian, un député arménien de la majorité progouvernementale, en ajoutant : “Notre objectif est à l’opposé. Notre but est de garantir l’intégrité territoriale de l’Arménie et le type de conditions pour le peuple de l’Artsakh qui ne mettent pas en danger son existence dans sa patrie”. La partie azerbaïdjanaise n’a pour l’heure pas publiquement communiqué sur les résultats de cette nouvelle rencontre trilatérale sous l’égide de Michel. Le principal conseiller d’Aliyev pour la politique étrangère, Hikmet Hajiyev, a salué néanmoins les efforts du dirigeant européen en vue de “faciliter les pourparlers bilatéraux de paix”. L’Azerbaïdjan exige de l’Arménie qu’elle reconnaisse sa souveraineté sur le Karabagh à la faveur d’un tel traité de paix. Les leaders de l’opposition arménienne ont affirmé quant à eux mercredi que les discussions de Bruxelles rapprochaient Bakou de l’objectif qu’il s’est fixé, tandis que la Russie préférait ironiser, estimant que les Européens privilégiaient leurs intérêts géopolitiques plutôt que de s’employer à ramener au Sud Caucase une paix dont les Russes seraient les seuls garants. “Chacune des négociations conduites par Pachinian laisse présager de nouvelles pertes”, a ainsi déclaré Hayk Mamijanian, de l’alliance d’opposition parlementaire Pativ Unem, en ajoutant : “Qu’il s’agisse de pertes territoriales ou de pertes en termes de garanties de sécurité”. “L’ensemble du processus de négociations fait l’impasse sur les questions du statut du Karabagh, des prisonniers de guerre et du retrait [des forces de l’Azerbaïdjan] du territoire arménien et relève d’une logique consistant à brader nos terres et notre patrie”, a déclaré le député de l’opposition au Service arméniens de RFE/RL. Un communiqué du gouvernement arménien sur le sommet du Bruxelles avait fait savoir que le retour des soldats et des civils arméniens toujours détenus en Azerbaïdjan était aussi à l’agenda des discussions, ce que semble avoir confirmé Michel, qui avait déclaré à ce propos qu’il avait “attiré l’attention de l’Azerbaïdjan sur l’importance de la libération d’autres prisonniers arméniens ». Il reste qu’au-delà des mots, la rencontre n’a donné lieu à aucun geste de Bakou sur cette question qui contribue à attiser les rancoeurs en Arménie. “En ayant pour l’essentiel obéi aux derniers ordres de l’ennemi, Nikol continue à parler d’un prétendu agenda de paix”, a déclaré de son côté Ichkhan Saghatelian, un leader de l’autre force d’opposition parlementaire, l’alliance Hayastan. Dans un message posté sur Facebook, Saghatelian a appelé les Arméniens à participer en masse au prochain rassemblement anti-gouvernemental qui aura lieu vendredi à l’appel des alliances d’opposition Hayastan et Pativ Unem à Erevan. Il a précisé qu’ils devaient ainsi montrer à Pachinian et à la communauté internationale que “la nation arménienne n’a pas abandonné l’Artsakh”. Les alliances d’opposition avaient lancé une campagne de manifestations massive le 1er mai dernier, deux semaines après que Pachinian, dans la foulée d’une rencontre avec Aliev à Bruxelles, eut annoncé sa disposition à reconnaître l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et à “baisser la barre” sur la question du statut du Karabagh tel qu’acceptable pour la partie arménienne, en invoquant les trop fortes pressions de la communauté internationale. L’opposition avait mis un terme à ces manifestations quasi-quotidiennes six semaines après, faute d’avoir atteint l’objectif annoncé, à savoir le renversement de Pachinian et de son gouvernement. Baissant quant à elle la barre de ses ambitions, l’opposition avait ralenti le rythme de sa campagne tout en préparant une rentrée politique avec les mêmes mots d’ordre.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut