Le premier ministre arménien Nikol Pachinian s’était livré début décembre à une violente diatribe contre un système de gouvernance étatique qui saperait ses réformes et opposerant une résistance à la guerre qu’il a livrée contre la corruption. Sans les nommer, il avait accusé des agences de l’Etat de faire obstruction à la revolution de velours toujours en marche, et s’était engagé à briser leur résistance, suscitant les critiques d’une opposition qui renvoyait le gouvernement et son chef à leurs échecs et les appelait à assuler leurs responsabilités.
On sait en tout cas que le Service national de sécurité (SSN), principal maître d’oeuvre de la lutte contre la corruption de N.Pachinian, n’était pas visé par les critiques du premier ministre, puisque ce dernier lui a tressé une couronne de lauriers jeudi 19 décembre, le félicitant d’avoir accompli avec succès sa mission depuis la “Révolution de velours” d’avril 2018 qui l’a porté au pouvoir.
“En ma qualité de premier ministre de la République d’Arménie, je continue à accorder ma confiance au Service de sécurité national”, a ainsi déclaré N. Pachinian lors d’une rencontre avec les hauts responsables d’une agence qui est l’héritière de la branche arménienne du KGB. “On dit beaucoup de choses au sujet du SSN…Mais je veux souligner une chose. Une part importante, si ce n’est essentielle, du travail du SSN n’est pas connue du public”, a déclaré dans son discours N.Pachinian, qui en ce sens, n’a pas vraiment fait une revelation, puisque l’ex-KGB a une longue culture du secret et que la transparence n’est pas son maître mot.
“La sécurité est quelque chose qui souvent, passe inaperçue. Quand règne la sécurité, mul ne songe d’ordinaire à remercier ceux qui en sont les garants. Mais quand le moindre doute pèse sur cette sécurité, alors c’est la levée de boucliers contre ceux qui assurent cette sécurité”, a poursuivi N.Pachinian, qui se fait fort, quant à lui, de remercier le SSN pour avoir contribué à faire de l’Arménie l’un des pays les plus sûrs de la planète, et l’ a montré en décernant des médailles et decorations à une trentaine d’officiers du SSN au titre de la reconnaissance de l’Etat arménien pour services rendus à sa sécurité.
Ces éloges interviennent cinq jours après un appel lancé par six organisations non-gouvernementales en vue d’une réforme “radicale” du SSN. Dans un appel commun lancé à N. Pashinian, ces ONG soulignent que le SSN a durant des décennies exercé des “persécutions” contre des groupes d’opposition et civiques arméniens, qui ont été l’objet de surveillances illégales.
Elles pressaient pour cette raison N.Pachinian de diligenter des enquêtes sur les abus dont se seraient rendus coupables les membres de cette agence. L’appel avait été signé par la branche arménienne de l’Open Society Foundation (OSF) du milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, auquel les meneurs de la Révolution de velours avaient été suspectés d’avoir fait allégeance, ainsi que par cinq ONG locales, qui ont toutes été en partie financées par OSF, qui oeuvre à la democratisation dans les ex-pays communistes et est la bête noire des partis populistes et d’extrême droite européens. Artur Vanetsian, qui dirigeau le SSN de mai 2018 à septembre 2019, avait déclaré le mois dernier que les activités de l’OSF en Arménie constituaient un risqué sérieux pour la sécurité nationale, des propos qui avaient suscité l’indignation des représentants locaux de l’OSF.
A.Vanetsian qui, après avoir été l’un des hommes-liges de N.Pachinian, avait été limogé pour des raisons qui demandent encore à être éclaircies, a créé au début du mois un organisation dédiée à la promotion de la démocratie. Son départ avait alimenté certaines rumeurs concernant des tensions entre N.Pachinian et les agences en charge des questions de sécurité.
