Pachinian menace les leaders du Karabagh en exil à Erevan

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Pachinian a haussé le ton jeudi 28 mars, menaçant de sévir contre les leaders du Haut-Karabagh qui ont pu trouver refuge en Arménie dans l’exode de la population arménienne provoqué fin septembre par l’offensive de l’armée azérie, s’ils persistaient à se présenter comme le gouvernement en exil de la République d’Artsakh. Cette dernière, pendant ses trente années d’existence, avait été présentée comme « auto-proclamée », faute d’une reconnaissance internationale, et alors qu’elle a cessé d’exister, ses autorités en exil à Erevan se voient ainsi à leur tour désignées comme « auto-proclamées » par les autorités de l’Arménie, qui ne cessent de répéter, depuis octobre 2023, que le dossier du Karabagh est clos, et qu’elles n’ont aucune légitimité donc, si ce n’est à attiser les tensions avec l’Azerbaïdjan et à compromettre le laborieux processus en cours en vue d’un traité de paix entre les deux pays du Sud Caucase. En ouverture de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres à Erevan, Pachinian a souligné, à trois reprises, qu’“il ne saurait y avoir d’autre gouvernement en Arménie que celui de l’Arménie ”. “Si quiconque en Arménie se présente comme un gouvernement [en exil] alors cela constitue un problème de sécurité nationale pour l’Arménie”, a martelé Pachinian en ajoutant : “J’espère que l’existence de ce problème ne signifie pas que nos services [de sécurité] ont mal fait leur travail ”. La menace à peine voilée visait clairement Samvel Shahramanian, le dernier président de la défunte « République autoproclamée du Haut-Karabagh » (RHK), dont Erevan avait d’ailleurs condamné l’élection dans les derniers jours d’existence du Karabagh en des termes presque aussi fermes que Bakou. Dans une interview publiée mercredi par Le Figaro, Shahramanian avait osé affirmer que toutes les instances de la RHK continuaient à opérer de fait même si elles avaient suivi la population arménienne dans leur retraite précipitée vers l’Arménie. Des déclarations qui ne peuvent qu’irriter Bakou, a fortiori rapportées dans un quotidien paraissant en France, un pays que l’Azerbaïdjan considère comme hostile car jugé pro-arménien. Pachinian se montre tout autant irrité par des déclarations qui pourraient contrarier le processus de paix dans lequel s’est engagé Erevan, qui déploie tous ses efforts pour prouver à Bakou que la question du Karabagh n’est plus à l’ordre du jour. “L’immeuble où je vous reçois actuellement abrite les bureaux des instances présidentielles, législatives et judiciaires de l’Artsakh”, avait précisé le président du Karabagh, en ajoutant : “les députés peuvent se réunir ici pour voter ”. Shahramanian en a profité pour réaffirmer que son décret en date du 28 septembre 2023 relatif à la liquidation de la RHK n’a aucune validité, en rappelant qu’il avait dû le signer afin de permettre aux Arméniens du Karabagh de se réfugier en toute sécurité en Arménie alors qu’ils étaient menacés directement d’une offensive militaire azérie massive. Les alliés politiques de Pachinian avaient tiré à boulets rouges sur le leader du Karabagh fin décembre quand il avait déclaré pour la première fois que le décret en question était nul et non avenu. Ils l’avaient accusé de mettre sérieusement en danger la sécurité nationale de l’Arménie. Pachinian a ostensiblement marqué son refus de rencontrer Shahramanian ou quelque autre responsable du Karabagh depuis leur arrivée en Arménie, en répétant dans le même temps que la question du Karabagh était une affaire classée pour son gouvernement. Pour ses opposants et détracteurs, une telle attitude ne s’explique que par la crainte de fâcher l’Azerbaïdjan. Ichkhan Saghatelian, un leader de Hayastan, la principale alliance de l’opposition, a accusé Pachinian de “menacer” les autorités du Karabagh et a appelé les Arméniens à s’opposer à une “nouvelle vague de répression” qui ne devrait pas tarder à s’abattre sur elles, a-t-il mis en garde. “Il est évident que la page de l’Artsakh n’est pas tournée et Pachinian et [le président azerbaïdjanais Ilham] Aliev font tout pour trouver une solution pro-azerbaïdjanaise à la question ”, a écrit Saghatelian sur Facebook en ajoutant : “Permettez-moi de vous rappeler ceci : la pricipale menace à la sécurité de l’Arménie est Nikol Pachinian, non les institutions de l’Etat de l’Artsakh ”. Pachinian avait déclaré jeudi que les services de sécurité arméniens devaient se préparer à prendre des “ mesures appropriées ” pour empêcher aussi “certains cercles déplacés de force du Haut-Karabagh” d’être instrumentalisés par des “forces externes ” qu’il n’a pas nommées, non plus qu’il n’a fourni de précisions sur de tels préparatifs. En début de semaine, Shahramanian, qui garde généralement profil bas, avait assisté à la projection à Erevan d’un film russe sur la guerre en Ukraine à l’initiative de l’ambassade de Russie en Arménie. L’ambassadeur russe Sergei Kopyrkine avait désigné comme des amis de la Russie ceux qui avaient assisté à cette projection, se chargeant ainsi lui-même d’identifier ces « forces extérieures » qui chercheraient à utiliser certains Artsakhiotes, selon Pachinian, qui avait bien sûr la Russie dans son viseur.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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