Pachinian ne craint pas le retour de Kotcharian, affirme l’un de ses proches collaborateurs

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Réagissant à la volte face attendue du gouvernement de Nikol Pachinian, qui venait de laisser entendre, à l’issue d’une rencontre avec ses partisans au Parlement arménien, qu’il refuserait finalement d’organiser les législatives anticipées auxquelles il s’était montré prêt fin décembre, plusieurs responsables de l’opposition avaient attribué ce revirement au fait que le premier ministre aurait pris conscience de ne pouvoir l’emporter dans les urnes. L’ancien président Robert Kotcharian, à qui l’arrivée au pouvoir de Pachinian a valu plusieurs mois de prison pour la répression de mars 2008 et pour faits de corruption, dans l’attente du verdict de son procès toujours en cours, est sans doute aussi de cet avis. Multipliant ses critiques à l’encontre de Pachinian et de son gouvernement depuis la défaite dans la dernière guerre du Karabagh, R. Kotcharian est plus que jamais décidé à revenir en politique et se pose en adversaire principal de l’actuel premier ministre, qu’il s’est montré prêt à défier dans les urnes même s’il organisait lui-même les élections, que d’autres leaders de l’opposition entendent boycotter en ce cas. Le 27 janvier, il s’est ainsi dit convaincu qu’il remporterait les élections, avec ses alliés politiques, même si elles étaient convoquées par l’actuel gouvernement et tournerait la page Pachinian. Mais ces déclarations lui ont valu des commentaires ironiques des partisans de Pachinian. lundi 8 février, le ministre de l’administration et des infrastructures territoriales Suren Papikian croyait toutefois utile de préciser qu’il n’y avait aucun lien entre la décision présumée des autorités de ne pas organiser d’élections législatives anticipées dans les mois à venir et l’assurance dans la victoire affichée par R.Kotcharian. L’ex-président âgé de 66 ans a réaffirmé ses ambitions politiques dans une interview accordée samedi à l’agence de presse russe Sputnik, rès proche du Kremlin, qui a d’ailleurs manifesté à plus d’une reprise sa sympathie pour Kotcharian, notamment lorsqu’il était emprisonné. “Si des élections ont lieu, elles seront probablement bipolaires”, avait indiqué Kotcharian, en laissant ainsi clairement entendre que la force politique dont il prendrait la tête serait le principal adversaire de Pachinian. L’alliance Im Kayl majoritaire au Parlement a annoncé le lendemain même que Pachinian et les députés qui le soutiennent ne voyaient pas la nécessité de convoquer les élections anticipées dont le premier ministre avait soulevé l’éventualité le 25 décembre, en faisant valoir qu’une majorité d’Arméniens y étaient défavorables. S.Papikian, qui préside aussi les instances dirigeantes du Parti Contrat civil de Pachinian, une composante majeure d’Im Kayl, a balayé du revers de la main les spéculations selon lesquelles les autorités craindraient d’être battues par Kotcharian. “Nous ne craignons aucune compétition,et je ne vois pas vraiment sur quelle force politique Robert Kotcharian entend s’appuyer pour participer à des élections”, a-t-il déclaré, en répondant aux questions des utilisateurs de Facebook au studio de RFE/RL à Erevan. S. Papikian s’en est tenu à l’argument de Im Kayl selon lequel il n’y aurait pas une “demande” populaire pour la dissolution de l’actuel Parlement, largement dominé depuis les législatives anticipées de décembre 2018 par les partisans de Pachinian, et pour la tenue d’élections plus tard cette année, en vue de remplacer Pachinian. “Nous n’avons reçu aucun signe en retour en ce sens de l’opinion”, a ajouté le ministre en soulignant : “Au contraire, nous n’avons reçu que des [messages ] ‘ne démissionne pas !’” “Je n’exclus pas que que nous avons eu des difficultés”, a-t-il poursuivi en admettant : « Il ne serait pas normal que nous n’ayons pas fait de déçus…. C’est un processus naturel. Certains commenceront à croire, d’autres pourraient avoir des attentes auxquelles nous ne serions pas en mesure de répondre”.
Arrêté en juillet 2018 pour des motifs qu’il juge politiques et qu’il met sur le compte d’une vendetta personnelle de Pachinian , R.Kotcharian, qui a présidé le pays de 1998 à 2008 après avoir dirigé le Karabagh, a multiplié depuis les allée retours en prison. Il en a été libéré contre caution en juin 2020, et son procès fleuve, qui avait été suspendu pour cause de guerre au Karabagh pour laquelle il a proposé sa médiation auprès de Moscou, a repris le 19 janvier. Dans son interview à Spoutnik, il n’a pas ménagé Pachinian, rejetant sur lui la responsabilité et l’issue d’une guerre dont l’actuel premier ministre veut partager la responsabilité avec ses prédécesseurs. Il a notamment déclaré que le fait que le statut du Karabagh avait été négligé constituait l’une des plus grandes erreurs de la diplomatie arménienne. « Le statut est tout simplement oublié. Itl ne fait pas l’objett de discussions aujourd’hui. Et peut-être que maintenant même, en discuter n’est pas vraiment rationnel, dans la mesure où il faut d’abord garantir la sécurité du peuple qui y réside. Et le fait que la question du statut a été oubliée est l’une des plus grandes erreurs de la diplomatie arménienne, parce que c’était le status qui s’appuyait sur le referendum qui disait que l’issue et la solution du problem s’inscrivaient dans le cadre de l’auto-détermination de la nation », a indiqué R.Kotcharian, qui présida le Haut Karabagh de 1991 à 1997 avant d’être appelé au poste de premier ministre par Levon Ter Petrossian et de le remplacer à la présidence de l’Arménie un an après. « Maintenant, je pense que nous nous engageons dans les discussions sur le statut en position de grande faiblesse. Je ne discerne pas d’explication claire de notre position de la part du ministère des affaires étrangères et des autorités de l’Arménie en général, excepté la déclaration selon laquelle le statut n’a pas été réglé. L’Azerbaïdjan quant à lui, affirme qu’il l’a de facto réglé et qu’il sera discuté dans l’avenir », a souligné R. Kotcharian en déplorant que « Nous ne sommes pas capables d’assurer la sécurité de nos propres frontières, et il n’y a pas de volonté politique de reconstruire les forces armées ». A ce propos, l’ex-président a estimé que le governement de Pachinian avait montré une peur quasi pathologique de l’armée. “Il y avait sans doute un programme, fondé sur une grande confiance dans les performances au combat de notre armée et aussi dans notre supériorité militaire. Mais qu’y a-t-on ajouté? Des déclarations irresponsables de la direction du département des affaires militaires disant que l’avenir c’était la guerre, une nouvelle guerre, de nouveaux territoires. Cela est bien connu. Des déclarations tout simplement stupides. Et un réel problème », a indiqué R. Kotcharian dans une allusion au déclarations de hauts responsables arméniens qui s’étaient vantés, sous l’autorité de Pachinian, de conquérir d’autres territoires et d’aller jusqu’à Bakou au cas où l’Azerbaïdjan osait faire la guerre à l’Arménie. « Nous avons fortifié la ligne de front, l’armée a été régulièrement dotée d’équipements militaires. Les nouvelles autorités ont changé l’approche générale du développement de l’appareil militaire. Alors, quel est le problème? Le nouveau gouvernement nourrissait une peur quasi pathologique de l’armée », répond Kotcharian, selon qui les autorités actuelles ont éprouvé une méfiance systématique à l’égard de l’armée. « Et la priorité était de remettre l’armée à sa place, de minimiser le rôle de l’armée dans la société arménienne », a conclu l’ancien président, qui, en réponse aux critiques de Pachinian l’accusant d’avoir contribué à affaiblir le potentiel militaire de l’armée, lui fait porter l’entière responsabilité de cette dégradation des capacités militaires du pays.
Pour ce qui est de la police en tout cas, Pachinian semble manifester moins de crainte et de réserves…. Il aurait décidé de la réformer et d’en changer les cadres, tels qu’ils avaient été définis pas R.Kotcharian. Ce dernier avait supprimé dès son arrivée au pouvoir en 1998, le ministère de l’intérieur dont dépendait jusque là les forces de police pour les faire dépendre de son autorité. Son successeur Serge Sarkissian, avait conservé le principe, sauf qu’en procédant à la parlementarisation du régime, les forces de police allaient être placées sous l’autorité non plus du président, mais du premier ministre, devenu le chef de l’exécutif. N.Pachinian, qui avait ignoré jusque à maintenant les demandes de l’opposition visant à créer des ministères dont dépendraient les forces de police comme le Service de sécurité nationale, semble s’être rangé aux arguments du ministère de la justice, qui recommande la restauration d’un ministère de l’intérieur. Il s’est prononcé en ce sens lundi à l’issue d’une rencontre avec les responsables des instances concernées.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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