Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a réaffirmé jeudi 6 juillet son engagement à poursuivre ses efforts en vue d’un traité de paix juste et durable avec l’Azerbaïdjan, même si ce dernier ne cache pas selon lui son intention de perpétrer un génocide » au Haut-Karabagh. Pachinian a une fois encore dénoncé le blocus persistant imposé par l’Azerbaïdjan au Karabagh, dont il bloque l’unique accès sur le monde intérieur, le corridor de Latchine, depuis le 12 décembre, interdisant depuis le 15 juin le trafic humanitaire encore en activité jusque là. Le dirigeant arménien a souligné que ce blocus, et les pressions accrues exercées sur les quelque 120 000 Arméniens enclavés et assiégés dans le Karabagh relevaient d’une politique visant à “soumettre les Arméniens du Haut-Karabagh au nettoyage ethnique et au génocide ”. “De fait, nous assistons à la mise en place rampante de cette politique dans le Haut-Karabagh ”, a insisté Pachinian en s’adressant à ses ministres lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres à Erevan. Pachinian a clairement laissé entendre que dans ces circonstances, il ne se détournerait toutefois pas de son “agenda de paix” dénoncé d’ailleurs pas ses opposants politiques en Arménie comme par les autorités arméniennes du Karabagh. Les leaders de l’opposition arménienne affirment que Bakou se sentait encouragé par la disposition affichée par Pachinian de signer un traité de paix avec l’Azerbaïdjan par lequel il reconnaîtrait la souveraineté de ce dernier sur le Karabagh. Ils soutiennent que dans ce cas, les Arméniens du Karabagh n’auraient d’autre option que de quitter leur terre ancestrale. “Les droits et la sécurité des Arméniens du Haut-Karabagh doivent être défendus dans le cadre de mécanismes internationaux pour un dialogue entre Bakou et Stepanakert, et un traité de paix doit être signé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ”, a insisté Pachinian. Les ministres des affaires étrangères d’Arménie et d’Azerbaïdjan auraient réduit les divergences entre leurs gouvernements respectifs concernant les termes de ce traité durant un dernier tour de pourparlers sous médiation américaine qui s’est tenu dans les environs de Washington le mois dernier. Pachinian a évoqué avec une certaine prudence les progrès salués sans équivoque par les Américains, en indiquant qu’ils n’étaient « pas significatifs ”. Il a néanmoins exprimé l’espoir qu’avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, il pourrait être en mesure de capitaliser sur ce progrès lors d’une prochaine rencontre prévue en fin de semaine à Bruxelles. Mais à chaque pas que l’Arménie fait vers un compromis, Aliyev en demande toujours davantage, dans une surenchère délétère pour l’Arménie. Mercredi, il exigeait ainsi que l’Arménie retire le “reste ” de ses troupes du Karabagh et que les Arméniens du Karabagh désarment leurs forces militaires et procèdent au démantèlement de leur armée de défense. Il s’est aussi plaint de ce que Erevan reste opposé à l’ouverture d’un “corridor” qui relierait l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan via la province arménienne méridionale du Syounik. Pachinian a rejeté les déclarations d’Aliyev, des “accusations dénuées de fondement ” selon lui. Il a réaffirmé que l’Arménie “n’a plus de troupes au Karabagh” et que l’accord de cessez-le-feu signé par Erevan et Bakou sous l’égide de la Russie le 9 novembre 2020 mettant fi à six semaines de guerre au Karabagh faisait référence à des liens de transport conventionnels entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et non à un corridor extraterritorial vers le Nakhitchevan. De leur côté, les autorités arméniennes du Karabagh ont revendiqué leur droit à conserver leurs troupes, seules garantes de leur sécurité dans ce contexte. La question du blocus imposé par Bakou au Karabagh et celle du corridor exigé par Bakou auraient été évoquées lors d’un nouvel entretien téléphonique entre Poutine et Pachinian, qui aurait appelé le président russe à la demande du président du Karabagh Arayik Harioutiounian, précise-t-on à Erevan.
