Pachinian répète qu’il est prêt à conclure un accord de paix durable avec l’Azerbaïdjan

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Alors qu’un calme relatif règne aux frontières orientales du Haut Karabagh, où l’armée azérie avait lancé une nouvelle opération une semaine avant, causant la mort de trois soldats arméniens et occupant un village arménien dont elle se retirera après l’intervention des soldats de la paix russes, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a réitéré sa volonté de mener à bien le processus de négociations avec Bakou, que ce regain de tensions avait relégué à l’arrière-plan. L’Arménie est prête à négocier en vue de parvenir à un accord de paix durable avec l’Azerbaïdjan, fondé sur une reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale, a même déclaré jeudi 31 mars le premier ministre arménien, qui validait ainsi l’un des cinq points, et non des moindres de la proposition présentée deux semaines avant par Bakou comme socle de négociations pour un accord de paix. Pachinian a toutefois, dans le même temps, accusé Bakou de chercher à reconquérir l’ensemble du Haut-Karabagh, et de vouloir le vider de sa population très majoritairement arménienne. “J’exprime une fois encore la disposition de l’ Arménie à signer un traité de paix avec l’Azerbaïdjan. L’Arménie est préparée pour le lancement immédiat des négociations de paix”, a déclaré le chef du gouvernement arménien dans un long discours qu’il a prononcé en ouvrant la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres à Erevan. Pachinian a souligné que la question sera inscrite en toute première place sur l’agenda de ses discussions avec le président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, qu’il doit rencontrer à Bruxelles le 6 avril sous l’égide du président du Conseil européen Charles Michel. “J’espère pouvoir discuter lors de cette rencontre avec le président de l’Azerbaïdjan de toutes les questions relatives au lancement des pourparlers de paix et m’accorder avec lui à leur sujet”, a ajouté Pachinian. Erevan avait officiellement proposé de telles négociations lundi. Bakou avait répondu que l’accord de paix arméno-azéri devait être fondé sur les cinq points de la proposition présentée à Erevan le 10 mars. Parmi ces points ou principes, l’engagement portant sur une reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale. Pachinian a précisé que la partie arménienne avait déjà fait savoir à Bakou qu’“il n’y a rien d’inacceptable pour nous dans ls propositions de l’Azerbaïdjan”. “Cette réponse signifiait que le principe de la reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale et de l’inviolabilité des frontières est acceptable pour l’Arménie”, a souligné le dirigeant arménien. Des déclarations similaires de Pachinian et de différents membres de son équipe politique au début du mois de mars avaient suscité de fortes condamnations des leaders de l’opposition arménienne. Celle-ci soutient que le gouvernement de Pachinian serait prêt à reconnaître la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Karabagh. Une réaction qui tranche avec celle de Bakou, nettement plus positive quant à elle. De son côté, Aliyev a ainsi exprimé l’espoir que les discussions à venir à Bruxelles puissent paver la voie vers la signature d’un traité arméno-azéri “le plus vite possible”. Il aurait accueilli comme « de bonnes nouvelles » les réponses des leaders arméniens aux propositions de l’Azerbaïdjan sur un accord de paix. Rencontrant le ministre polonais des affaires étrangères Zbigniew Rau à Bakou, Aliyev a aussi réaffirmé que la victoire de l’Azerbaïdjan dans la guerre de l’automne 2020 contre l’Arménie avait mis un terme au conflit du Karabagh. “Le conflit est déjà réglé”, a-t-il martelé. Pachinian s’est néanmoins plaint jeudi de ce qu’en dépit de sa position de conciliation affichée, l’Azerbaïdjan continue à attiser les tensions au Karabagh et cherche à “légitimer” une possible attaque de grande envergure non seulement sur les territoires contestés mais aussi sur l’Arménie. Il a ainsi mis l’accent sur l’incursion menée par l’armée azérie la semaine dernière dans un village du Karabagh, estimant qu’elle s’inscrivait dans le cadre d’une stratégie plus vaste de Bakou visant à “terroriser” les Arméniens du Karabagh pour les forcer à fuir le territoire. “L’objectif patent de ces actions est de terminer la politique de nettoyage ethnique des Arméniens du Karabagh”, a accusé le premier ministre arménien. Les troupes azéries avaient pris position dans le village arménien de Parukh à l’est du Karabagh et avaient occupé une hauteur stratégique à l’ouest du village le 24 mars, malgré une forte résistance des forces arméniennes du Karabagh. Les soldats de la paix russes stationnés au Karabagh depuis le cessez-le-feu de novembre 2020 étaient intervenus pour mettre fin aux combats. Ils auraient de même obtenu le retrait des forces azéries du village, passé sous leur contrôle lundi. Mais les soldats azéris continuent à occuper une section de la hauteur dominant le village de Karaglukh. Les soldats de la paix russes ont donc pu accomplir leur mission, conformément aux termes du cessez-le-feu. Cette fois en tout cas. Car tout en faisant mine de vouloir négocier avec la partie arménienne, l’armée azérie multiplie les provocations militaires, et semble chercher à tester la réactivité des forces russes stationnées dans la région. Plus d’un mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, Bakou sent le vent tourner au détriment des Russes et entend en profiter, défiant ouvertement l’arbitrage russe dans le conflit du Karabagh et la Russie elle-même, comme le montrait encore le mandat d’arrêt lancé par les autorités azéries contre un député russe qu’elles accusent d’avoir appeler à bombarder l’Azerbaïdjan. Alors que la Russie s’est isolée sur la scène internationale, la Turquie, membre de l’Otan et meilleur allié de l’Azerbaïdjan qu’elle aida à remporter la victoire sur les Arméniens durant la guerre de l’automne 2020 au Karabagh, se pose en médiateur, accueillant sur son sol les pourparlers russo-ukrainiens, et le président turc Erdogan, hier encore fauteur de guerre du Caucase à l’Afrique du Nord en passant pas la Méditerranée orientale, passe aujourd’hui pour un apôtre de la paix, choyé par les Occidentaux soucieux de réactiver leurs liens d’alliance. Une conjoncture que l’Azerbaïdjan estime à maints égards favorable, d’autant que le régime dictatorial en place à Bakou n’a pas à craindre les critiques d’Européens qui auront bien moins de scrupule à se fournir en gaz azéri qu’en gaz russe. On comprend dès lors l’importance qu’accorde Aliev à la rencontre avec Pachinian à Bruxelles sous l’égide de l’Union européenne, une autre manière de défier la Russie. Celle-ci s’était employée à minorer la précédente rencontre des leaders azéri et arménien sous l’égide de Charles Michel en décembre 2021, en soulignant que tout se passait à Moscou. Aliev a tout intérêt à montrer que la donne a changé, et que la Russie n’est pas le seul arbitre du conflit arméno-azéri, le Groupe de Minsk de l’OSCE étant pour l’instant en état de « mort cérébrale », pour cause de guerre en Ukraine, ce qui n’est pas non plus pour déplaire à Aliev, qui l’a déclaré plus d’une fois caduc.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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