Parlement et Sénat ottomans en 1918 ont reconnu « les massacres arméniens » Par Harut Sassounian

Se Propager

En janvier 2016, j’ai écrit un article intitulé : « La Turquie a été le premier pays à reconnaître le génocide arménien en 1918. » Cependant, la plupart des gens ignorent encore que « les massacres arméniens » ont été discutés et reconnus par le Parlement et le Sénat ottomans en 1918.

Plus récemment, deux membres arméniens du Parlement turc, Selina Dogan et Garo Paylan, ont soulevé la question du génocide arménien au Parlement le 14 janvier 2016. Auparavant, en novembre 2014, Sebahat Tuncel, membre du Parlement, avait soumis une résolution sur le génocide arménien au Parlement turc, demandant à Erdogan de présenter des excuses, de déclarer le 24 avril jour de deuil officiel, de rendre publics les documents des archives turques sur ce crime de masse et de verser une restitution matérielle et morale aux descendants des victimes. La résolution proposée a été ignorée par le Parlement turc.

Depuis la rédaction de mon article de 2016, je suis tombé sur une analyse détaillée rédigée par le professeur Ayhan Aktar dans le History Workshop Journal, intitulée : « Debating the Armenian Massacres in the Last Ottoman Parliament, November – December 1918 » (Débattre des massacres arméniens au sein du dernier parlement ottoman, novembre-décembre 1918). Ce débat a eu lieu après la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale et l’occupation de Constantinople (Istanbul) par les pays alliés victorieux.

Au cours des deux derniers mois de 1918, le Parlement ottoman a discuté pendant plusieurs jours du génocide arménien, qualifié à l’époque de massacres. Une motion est présentée, qui stipule « Une population d’un million de personnes coupables de rien, sauf d’appartenir à la nation arménienne, a été massacrée et exterminée, y compris même les femmes et les enfants. » En réponse, le ministre de l’intérieur Ali Fethi Okyar a déclaré : « L’intention du gouvernement est de réparer toutes les injustices commises jusqu’à présent, dans la mesure des moyens disponibles, de permettre le retour dans leurs foyers de ceux qui ont été envoyés en exil, et de compenser leurs pertes matérielles dans la mesure du possible….. Oui, Messieurs, je dis aussi que nos fonctionnaires ont massacré de nombreux Arméniens, y compris des femmes et des enfants, et que leurs biens ont été pillés ».

Une commission d’enquête parlementaire est créée pour rassembler tous les documents pertinents montrant les actions des responsables des « déportations et massacres d’Arméniens ». Les preuves sont transmises au tribunal militaire turc et les coupables sont pendus ou condamnés à de lourdes peines de prison.

Voici quelques extraits de l’article d’Aktar : « La discussion sur les massacres arméniens au sein du Parlement ottoman a commencé par des motions demandant des comptes aux gouvernements de l’Union et du Progrès. Lorsque le 4 novembre 1918, le Parlement ottoman s’est réuni à Istanbul, les tentatives politiques pour trouver les coupables ont commencé avec la première motion, déposée par le député de Baghdat-Divaniye, Fuat Bey, quelques jours plus tôt. Celle-ci demandait que les membres des cabinets de Sait Halim Pacha et de Talaat Pacha soient jugés par la Haute Cour…. L’article 10 [de la motion] fait directement référence aux déportations d’Arméniens et au Teshkilat-i Mahsusa (l’Organisation spéciale), une force militaire irrégulière organisée par la direction du CUP [Comité de l’Union et du Progrès] qui a procédé à des déportations et à des massacres ».

Certains parlementaires appartenant à la vieille garde des Unionistes, majoritaires au Parlement, sans nier les massacres arméniens, avancent des excuses similaires à celles du gouvernement turc d’aujourd’hui, en affirmant que des Turcs ont également été tués pendant cette période.

Six députés arméniens du Parlement présentent une motion demandant que « la décision de déportation du 27 mai 1915 et le décret du 27 septembre 1915 concernant l’expropriation des propriétés abandonnées et des biens immobiliers soient révoqués et que les personnes déportées de leur terre natale soient autorisées à y retourner ». Elle affirme en outre que les mesures administratives facilitant le partage entre les notables locaux des propriétés ayant appartenu aux Arméniens déportés vont absolument à l’encontre de l’esprit de la Constitution ottomane de 1876″.

En réponse aux accusations selon lesquelles certains Arméniens du front oriental se seraient rebellés contre l’Empire ottoman, le député arménien Matyos Nalbandian répond : Même si certains Arméniens ont commis des actes illégaux, cela justifie-t-il « l’élimination et l’extermination de tous les Arméniens » et « la confiscation et le pillage de leurs biens ? » Nalbandian fait également une distinction entre les Turcs tués sur le front et les civils arméniens innocents qui ont été massacrés.

Une discussion similaire a eu lieu au Sénat ottoman le 21 novembre 1918. Ahmet Riza Bey présente une motion demandant que « les atrocités commises sous le nom de déportation » fassent l’objet d’une enquête, que l’impact négatif sur l’ensemble du pays soit déterminé et que les personnes impliquées dans ces affaires soient poursuivies.

L’ancien gouverneur et ministre de l’Intérieur, Reshit Akif Pacha, déclare que son enquête indique que « ces ordres de déportation ont été donnés par le célèbre ministre de l’Intérieur [Talaat Pacha] et officiellement communiqués aux [gouverneurs des] provinces ».

Le 9 décembre 1918, le ministre de la Justice Haydar Molla déclare au Sénat ottoman que les crimes contre les Arméniens ont été commis par des fonctionnaires, des hommes politiques et des Turcs ordinaires.

Il est important de noter qu’aucun des députés, quelle que soit son affiliation politique ou ses antécédents, n’a nié l’existence des déportations et des massacres d’Arméniens.

Le 21 décembre 1918, le Parlement ottoman a été dissous par Mehmed Vahdettin, le dernier sultan de l’Empire ottoman. « Lorsque le Parlement s’est finalement réuni à nouveau avec les députés nouvellement élus le 12 janvier 1920, il était dominé par les partisans du mouvement de résistance qui s’était développé en Anatolie, sous la direction de Mustafa Kemal Pacha (futur Atatürk) », écrit Aktar.

En 1919-1920, les tribunaux militaires turcs jugent et condamnent à mort par contumace les commanditaires des massacres d’Arméniens, Enver, Djemal et Talaat, les dirigeants Jeunes-Turcs qui ont fui le pays.

Harut Sassounian
Éditeur, The California Courier
www.TheCaliforniaCourier.com

La rédaction
Author: La rédaction

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut