Pas de consignes d’évacuation pour les Arméniens d’Ukraine

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Prudence… et attentisme. Tels sont les maîtres mots de la diplomatie arménienne, alors que la Russie, alliée et partenaire stratégique, a lancé une offensive de grande envergure, jeudi 24 février, sur l’Ukraine. L’Arménie, qui n’a pas reconnu l’indépendance des provinces séparatistes russophones du Dombass, proclamée mardi par le président russe Vladimir Poutine, s’attirant du même coup la reconnaissance du chargé d’affaires ukrainien à Erevan, a bien sûr évoqué cette nouvelle crise avec son allié russe au plus haut niveau, à la faveur d’un entretien téléphonique entre le premier ministre arménien Nikol Pachinian et le chef du Kremlin. Mais alors qu’éclatait la guerre en Ukraine, l’Arménie suivait son propre agenda en poursuivant le dialogue à Vienne avec la Turquie en vue d’une normalisation des relations turco-arméniennes, tout en se refusant à donner quelque consigne d’évacuation aux nombreux Arméniens résidant en Ukraine, dont plusieurs pays occidentaux ont déjà évacué leur personnels diplomatiques et ressortissants, bien avant que l’armée russe ne lance l’offensive. L’ambassade arménienne à Kiev a préféré appeler les Arméniens d’Ukraine à prendre contact avec la mission diplomatique et de l’informer de leur situation. Elle a publié les numéro d’urgence à contacter sur son site web ainsi que sur les réseaux sociaux. Le ministère arménien des affaires étrangères avait indiqué la semaine dernière qu’en dépit d’une menace toujours plus nette d’une invasion russe, il n’avait pas prévu d’évacuer le personnel de l’ambassade à Kiev ou du consulat dans la ville ukrainienne d’Odessa. Le ministère avait précisé mercredi que Erevan considérait tant la Russie que l’Ukraine comme des “pays amis” et exprimait l’espoir qu’ils règleront leur différend par la voie du “dialogue diplomatique”. Il n’a pas non plus réagi immédiatement à l’offensive déclenchée le lendemain matin par le président Poutine qui l’a désigné comme une « opération militaire spéciale » contre l’Ukraine. Au même moment, le premier ministre arménien Nikol Pachinian effectuait une visite de travail de deux jours au Kazakhstan, qui avait fait l’objet début janvier d’une opération de rétablissement de l’ordre lancée par ses alliés de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) à laquelle avait participé un contingent arménien, en vue de soutenir le régime kazakh, menacé par un vent de fronde. Dans une allocution télévisée dans la matinée de jeudi, le président Poutine s’était employé à justifier l’offensive contre l’Ukraine en affirmant notamment qu’il entendait mettre un terme aux efforts de l’Ukraine en vue d’acquérir des armements nucléaires et faire cesser ses attaques contre les séparatistes russes du Donbass, à l’est de l’Ukraine, estimant que la reconnaissance de leur indépendance ne suffisait pas à les protéger des assauts d’un régime ukrainien qu’il entend du même coup « dénazifier ». Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy a indiqué pour sa part que Moscou avait lancé son offensive de grande envergure contre son pays, avec des tirs de missiles visant “nos infrastructures militaires” et des unités de gardes frontières dans plusieurs secteurs. Cette attaque massive a suscité aussitôt une condamnation unanime des pays occidentaux, qui l’avait certes annoncée depuis des jours mais ont néanmoins été pris de court, même s’ils ont préparé un arsenal de sanctions économiques visant à freiner Poutine dans sa lancée militaire. Le président américain Joe Biden a désigné cette opération comme une attaque “non provoquée et injustifiée » contre l’Ukraine en ajoutant que le monde “tiendrait la Russie pour responsable”. De le même manière, l’Union européenne a accusé Moscou de “ violation grossière de la loi et l’ordre internationaux et de menace à la sécurité et à la stabilité globales de l’Europe ». L’Ukraine abrite quelque 120 000 Arméniens. Selon l’Union des Arméniens d’Ukraine, leur nombre actuel serait bien plus élevé et seule la moitié aurait la nationalité ukrainienne. Ruben Makarian, un représentant de l’union, a fait état d’une “première vague de panique” parmi les Arméniens vivant dans les régions encore sous contrôle ukrainien des provinces russophones de Donetsk et de Lugansk constituant le Donbass. “Dans la région de Lugansk, les autorités locales ont annoncé une évacuation [de la population]”, a indiqué Makarian, cité par le Service arménien de RFE/RL de Kiev en ajoutant : “Mais il n’y a pas d’évacuation spéciale prévue pour la communauté arménienne locale. Je suis en constant contact avec les leaders de la communauté [arménienne] ici”. Les vols régulier entre Erevan et Kiev et d’autres villes ukrainiennes avaient été annulés jeudi, l’Ukraine ayant fermé son espace aérien aux vols commerciaux, comme d’ailleurs la Russie pour son espace aérien au contact de la nouvelle zone de guerre. Dès la première journée de l’offensive, l’aéroport international de Kiev tombait sous le contrôle de l’armée russe, maître des airs comme de la mer ukrainiens, rendant plus problématique l’évacuation des civils ukrainiens, dont des dizaines de milliers se ruent déjà aux frontières orientales de l’Ukraine, espérant trouver refuge en Pologne, en Roumanie, en Moldavie, ou encore en Hongrie.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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