Trois mois après que la Russie a négocié l’accord arméno-azerbaïdjanais pour mettre fin à la guerre au Haut-Karabakh, l’Arménie et la Turquie ne sont pas en pourparlers sur l’ouverture de leur frontière, a affirmé hier le ministre des Affaires étrangères, Ara Ayvazian.
Ce dernier a signalé le désir d’Erevan de voir la frontière ouverte prochainement lorsqu’il s’est exprimé au Parlement arménien.
«Comme vous le savez, le blocus [turc], la fermeture de la frontière [turco-arménienne], était le résultat du statu quo du Haut-Karabakh, qui a changé suite à l’usage de la force. La Turquie n’a donc plus aucune raison de garder sa frontière avec l’Arménie fermée », a-t-il déclaré face aux députés.
«Pour le moment, aucun processus [de normalisation turco-arménienne] n’est en cours, a-t-il précisé. Mais l’Arménie et notre diplomatie déploieront des efforts significatifs pour que notre voisinage devienne plus favorable à la sécurité de l’Arménie. »
La Turquie a complètement fermé la frontière entre les deux États voisins en 1993 et a refusé d’établir des relations diplomatiques avec l’Arménie depuis, par solidarité avec l’Azerbaïdjan. Elle a également maintenu une interdiction de toutes les importations en provenance d’Arménie via des pays tiers.
Au cours de la récente guerre du Karabakh, le gouvernement arménien a décidé d’interdire l’importation de tous les produits turcs. Le gouvernement a cité les «appels incendiaires» d’Ankara, les livraisons d’armes à l’Azerbaïdjan et le «déploiement de mercenaires terroristes dans la zone de conflit». Il a expliqué que l’interdiction d’une durée de six mois, qui est entrée en vigueur le 31 décembre, vise à neutraliser «divers types de dangers» émanant du «pays hostile».
Ankara n’a pas encore clarifié si un règlement du Karabakh acceptable pour Bakou reste une condition préalable à la normalisation des relations turco-arméniennes après la guerre de six semaines qui a abouti au contrôle azerbaïdjanais sur tous les districts autour du Karabakh.
Certains analystes arméniens ont émis l’hypothèse qu’il pourrait désormais exiger qu’Erevan cesse de rechercher une plus grande reconnaissance internationale du génocide arménien de 1915 en Turquie ottomane.
L’accord de cessez-le-feu arméno-azerbaïdjanais appelle également à la restauration des liaisons de transport entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Un «groupe de travail» trilatéral formé à cet effet par les gouvernements russe, arménien et azerbaïdjanais a tenu sa première réunion à Moscou à la fin du mois dernier.