Au 2e jour de sa visite en Turquie, Pascal Couchepin a évoqué la question arménienne avec le premier ministre Erdogan. Alors qu’Ankara refuse la qualification de génocide, le conseiller fédéral suisse a souhaité la création d’une commission internationale d’historiens.
« L’histoire doit être laissée aux historiens », a réaffirmé M. Couchepin lors de son entretien avec Recep Tayyip Erdogan, selon Jean-Marc Crevoisier, porte-parole du Département fédéral de l’intérieur (DFI). Le conseiller fédéral a plaidé pour une commission d’experts internationaux chargée d’étudier les événements de 1915.
La question arménienne a été à l’origine de vives tensions entre la Suisse et la Turquie au cours des dernières années à la suite de la reconnaissance officielle par le Conseil national et certains parlements cantonaux du génocide arménien perpétré entre 1915 et 1917 dans l’Empire ottoman. La Turquie, qui ne nie pas les tueries, en conteste l’ampleur et rejette la qualification de génocide.
M. Erdogan a également souhaité une fin prochaine des procédures en cours en Suisse contre l’historien négationniste turc Yusuf Halacoglu et le politicien turc Dogu Perinçek. La justice doit déterminer si les propos tenus en Suisse par les deux hommes sur le génocide arménien violent la norme anti-raciste. A ce propos, M. Couchepin a rappelé la séparation des pouvoirs en Suisse et par conséquent l’indépendance de la justice.
Les deux responsables ont parlé des relations économiques entre la Suisse et la Turquie. Le premier ministre turc a plaidé pour une hausse des investissements helvétiques dans son pays. Enfin, l’intégration des quelque 100’000 Turcs qui vivent en Suisse a également figuré à l’agenda des deux responsables.
Le conseiller fédéral doit se rendre mercredi et jeudi dans le sud-est du pays, à population majoritairement kurde.