L’Arménie est prête à négocier sur un accord de paix avec l’Azerbaïdjan proposé par la Russie, a déclaré vendredi le Premier ministre Nikol Pashinian.
M. Pashinian a répondu à la déclaration du président russe Vladimir Poutine selon laquelle Erevan est libre de choisir entre les propositions de paix faites par la Russie et les États-Unis. Poutine a déclaré jeudi que contrairement au plan russe, la « variante Washington » d’un traité arméno-azerbaïdjanais maintient la souveraineté azerbaïdjanaise sur le Haut-Karabakh.
« Début septembre, l’Arménie a accepté de travailler sur la base des principes et paramètres fondamentaux de l’établissement de relations interétatiques entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan présentés par la Russie, et elle est prête à le réaffirmer à Sotchi », a tweeté M. Pashinian. « Nous espérons que la Russie soutiendra ses propositions ».
Poutine doit tenir une réunion trilatérale avec Pashinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev à Sotchi lundi. Le sommet soulignera les efforts de la Russie pour reprendre l’initiative dans le processus de négociation arméno-azerbaïdjanais mené par les États-Unis et l’Union européenne ces derniers mois.
Au cours de ces pourparlers de paix, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont discuté d’un traité bilatéral qui les engagerait à reconnaître l’intégrité territoriale de l’autre. Pashinian et Aliyev ont fait état de progrès majeurs en vue de sa signature après leur dernière rencontre organisée par le président français Emmanuel Macron et le chef de l’UE Charles Michel le 6 octobre.
La volonté de Pashinian de signer un tel accord a suscité de vives inquiétudes de la part de l’opposition arménienne et des dirigeants du Karabakh. Ils affirment qu’il ouvrirait la voie à la restauration du contrôle azerbaïdjanais total sur le Karabakh.
Plus tôt dans la journée de jeudi, les dirigeants de deux grands partis du Karabakh ont déclaré que la formule de paix russe était bien plus avantageuse pour la partie arménienne, car elle retarderait indéfiniment un accord sur le statut du Karabakh. En revanche, selon eux, le traité de paix soutenu par l’Occident empêcherait les Arméniens du Karabakh d’exercer leur droit à l’autodétermination.
M. Pashinian et ses alliés politiques ont déclaré à plusieurs reprises que le traité ne devait faire aucune référence au Karabakh.
Seyran Ohanian, le chef parlementaire de la principale alliance d’opposition arménienne, Hayastan, a exprimé vendredi son soutien à la proposition russe. Ohanian n’a pas été convaincu par les assurances données par Pashinian en réponse à la déclaration de Poutine.
« Puisque la proposition russe note que les conditions seront créées pour décider de l’avenir du Karabakh, nous sommes définitivement en faveur de la discussion des relations arméno-azerbaïdjanaises dans le format de la Russie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan », a-t-il déclaré. « Nous devons rester à l’écart du format de Washington, car si nous le signons, l’Artsakh finira définitivement sous le contrôle de l’Azerbaïdjan. »
Gegham Manukian, un autre membre important de Hayastan, a fait une remarque similaire. Il a également souligné la présence de 2 000 soldats russes de maintien de la paix au Karabakh.
« Malheureusement, dans cette situation, les seuls garants de la sécurité des Arméniens d’Artsakh sont les Arméniens d’Artsakh eux-mêmes et, plus important encore, les forces de maintien de la paix russes », a déclaré Manukian au service arménien de RFE/RL. « Par leurs actions, leurs accords négociés et leurs déclarations publiques, les autorités arméniennes jettent les Arméniens d’Artsakh dans les bras de l’Azerbaïdjan. »
