Plusieurs milliers de personnes ont assisté jeudi à Tbilissi aux obsèques de Badri Patarkatsichvili, milliardaire controversé et ennemi juré du président Mikheïl Saakachvili retrouvé mort le 12 février dans sa maison près de Londres.
La dernière cérémonie d’adieu menée selon les rites juif et orthodoxe, s’est déroulée dans sa résidence Arcadia, aménagée dans l’ancien « Palais des mariages » de Tbilissi où l’oligarque avait vécu, protégé de plusieurs gardes de corps, avant de s’installer à Londres.
Des Géorgiens venus lui rendre un dernier hommage ont formé une longue file d’attente devant le cercueil entouré de fleurs.
Patarkatsichvili a ensuite été enterré dans la cour d’Arcadia.
« C’était un Juif qui a fait tant de bonnes choses pour ses deux patries, la Géorgie et Israël », a dit le rabbin.
Le patriarche orthodoxe géorgien Ilia II a aussi assisté aux funérailles.
Patarkatsichvili, 52 ans et qui avait fait fortune en Russie lors des années de chaos post-soviétique, était considéré comme l’homme le plus riche de Géorgie.
Son ami, l’oligarque russe Boris Berezovski recherché par la Russie, a indiqué jeudi qu’il ne pouvait pas se rendre aux obsèques de Badri Patarkatsichvili, faute de visa.
« Je viens de revenir du Mur des lamentations et du Saint-Sépulcre où j’ai prié pour Badri », a-t-il dit sur la radio Echo de Moscou.
Résolument opposé au président géorgien pro-occidental Mikheïl Saakachvili, après l’avoir soutenu dans un premier temps, Badri Patarkatsichvili était recherché par la justice de son pays pour tentative de coup d’Etat lors des manifestations de l’opposition de novembre.
En décembre, il avait affirmé pour sa part être en possession d’enregistrements d’un responsable géorgien de l’Intérieur demandant son élimination.
Propriétaire de la chaîne de télévision Imedi, il était derrière les manifestations de novembre 2007 contre le pouvoir qui avaient entraîné l’instauration de l’état d’urgence pendant neuf jours et donné lieu à une élection présidentielle anticipée, remportée par M. Saakachvili.
L’oligarque, lui-même candidat, avait obtenu près de 7% des voix.
« Il était un symbole de la dignité, du courage et de la bonté. Je suis triste. La Géorgie entière est en deuil », a dit Salomé Mindeli, 46 ans.
Pour Ramine Guigokhia, 61 ans, venu de la ville de Soukhoumi sur les bords de la mer Noire, »Badri était un espoir pour les désespérés. Ils les a beaucoup soutenus ».
La police britannique a ouvert une enquête après la mort de Patarkatsichvili à son domicile de Leatherhead (sud de Londres).
Le médecin légiste, qui a procédé à l’autopsie, a alors découvert que l’opposant géorgien souffrait d’une pathologie coronarienne « importante » qui pouvait lui être fatale « à tout moment ».
La famille de Patarkatsichvili a cependant demandé à des experts indépendants d’enquêter sur sa mort.
