La question arménienne provoque des remous aux Pays-Bas où trois candidats d’origine turque ont été retirés des listes électorales pour les législatives du 22 novembre. Ceux-ci refusaient de reconnaître le génocide arménien, en contradiction avec la ligne officielle de leur parti. Le premier figurait sur la liste du parti travailliste PvdA, dans l’opposition. Les deux autres appartenaient au parti chrétien-démocrate CDA, la formation du Premier ministre Jan Peter Balkenende. Cette décision a choqué une bonne partie de la communauté turque aux Pays-Bas, qui fait environ 400 000 personnes, dont 235 000 électeurs. « Une grande partie de la communauté turque envisage de boycotter les élections législatives », écrit le quotidien Volkskrant.
À l’initiative de l’Inspraakorgaan Turken in Nederland (IOT), les organisations turques se sont réunit ce week-end à Utrecht pour voir quelle attitude adopter. « Ce sont surtout les jeunes qui sont mécontents. Ils ont le sentiment qu’ils ne peuvent plus avoir d’opinion sur la question arménienne », dit le directeur d’IOT, Ahmet Azdural.
La colère est grande aussi chez l’une des figures clé de la communauté, Talip Demirhan, 63 ans, qui fut membre de la direction du CDA pendant huit ans. « On nous demande si notre arrière-grand-père a été coupable de massacre », a-t-il dit. « S’il l’a été, qu’il brûle en enfer. Mais pourquoi devrais-je rendre des comptes au Batave de base ? Parce que cela correspond à ses normes et valeurs ? Alors au diable ces normes et valeurs ! »
Lundi sur un forum turc dans une lettre ouverte 15 associations turques ont indiqué que le CDA at le PvdA avaient fait une erreur historique en évinçant les candidats turcs même si ces derniers refusaient de reconnaître le génocide arménien.
Ces dernières affirment que la majorité des Néerlandais d’origine turcs pensent qu’en 1915 « aucun génocide n’a été commis à l’encontre des Arméniens en Turquie ». Ils parlent de « victimes d’une situation de guerre avec des pertes des deux cotés ». « Placer la question arménienne à côté de l’holocauste de la deuxième guerre mondiale est une erreur. L’holocauste a été reconnu sur le plan international », affirme les signataires de la déclaration. « La communauté turque n’acceptera jamais le diktat des politiciens ni la pression arménienne pour accepter le terme de génocide ».
