Les menaces d’Ankara au sujet de l’exploration de champs pétroliers par Chypre pourraient bloquer l’accession de la Turquie à l’Union européenne, a mis en garde vendredi le gouvernement chypriote.
La ministre chypriote des Affaires étrangères, Mme Erato Kozakou-Marcoullis, a averti qu’Ankara ne pouvait continuer à exiger que Chypre renonce à l’exploration de pétrole, affirmant que le comportement de la Turquie était observé par les instances de l’Union européenne.
« Il y aura certainement des répercussions », a-t-elle estimé devant des journalistes. « Il y a déjà une conséquence importante relative au chapitre de l’énergie. Avec un tel comportement de la Turquie, il sera inconcevable d’ouvrir ce chapitre », a-t-elle ajouté.
La Turquie a entamé en octobre 2005 des négociations d’adhésion avec l’UE. Ces pourparlers sont divisés en 35 chapitres dont Ankara n’est pour l’heure parvenu à ouvrir que les deux premiers, « science et recherche » en juin 2006 et « entreprise et politique industrielle » fin mars.
Ankara a réaffirmé qu' »elle sécuriserait ses droits et ses intérêts » dans la région si le gouvernement chypriote tentait d’explorer les champs pétroliers au large de l’île.
Chypre a officiellement lancé le 15 février 2007 un appel d’offres sur l’exploration et le forage de pétrole au large des côtes de l’île. La date limite pour que les entreprises déposent leur dossier a été fixée au 16 août.
Au moins cinq compagnies dont une russe et une chinoise sont intéressées, selon le gouvernement chypriote.
Cet appel d’offres concerne une zone de quelque 70.000 km2 au large de Chypre, pays divisé depuis l’invasion turque en 1974 du tiers nord de l’île, où la République turque de Chypre Nord (RTCN) a été autoproclamée et est reconnue seulement par Ankara.
La volonté chypriote d’exploiter ces ressources potentielles a suscité des tensions, la Turquie craignant que la RTCN ne soit lésée.