Le Bélarus a annoncé mercredi être parvenu à un « compromis » avec la Russie sur le transit de pétrole russe vers l’Europe, bloqué depuis lundi mais qui n’avait toutefois pas repris tard dans la soirée. Les présidents russe Vladimir Poutine et bélarusse Alexandre Loukachenko sont arrivés à un « compromis » lors d’un entretien téléphonique « permettant de sortir de l’impasse concernant notamment le transit du pétrole » à travers le territoire bélarusse, a assuré la présidence bélarusse dans un communiqué. Les Premiers ministres des deux pays ont été chargés « d’élaborer dans les deux prochains jours des propositions concrètes pour résoudre toutes les questions litigieuses » qui portent aussi sur l’achat de pétrole russe par le Bélarus, d’ici vendredi, a-t-il ajouté. Dans la foulée, le Bélarus a annoncé qu’il renonçait à une taxe sur le transit de brut russe par son territoire, imposée le 1er janvier et qui avait mis le feu aux poudres, Moscou exigeant qu’elle soit supprimée avant d’entamer toute discussion. La Russie s’est félicitée de l’abandon de cette taxe mais, loin de confirmer un compromis, a continué à poser des conditions pour une sortie de crise, notamment la restitution de 80.000 de tonnes de pétrole siphonnées selon elle par le Bélarus. « Nous sommes satisfaits de la décision prise d’annuler cette taxe de transit qui était, de notre point de vue, illégale », a déclaré le vice-ministre du Développement économique, Andreï Charonov, lors d’une conférence de presse. « Le Bélarus a pris environ 80.000 tonnes. Il peut commencer à envoyer ce pétrole vers les clients étrangers de la Russie. Cela prendra environ quatre heures », a-t-il ajouté. La Russie a démenti une reprise des ses livraisons de pétrole à l’Europe à travers l’oléoduc Droujba, qui fournit 12,5% du pétrole consommé par l’UE. « Nous n’avons pas pour l’instant d’autorisation officielle pour la reprise des livraisons », a déclaré le vice-président du monopole russe des oléoducs Transneft, Sergueï Grigorev, cité par l’agence Ria Novosti. Son patron Semen Vaïnchtok a estimé que « presque » toutes les conditions étaient réunies pour une réouverture du robinet pétrolier russe. Disant attendre le feu vert « technique » des Bélarusses, il s’est dit « certain que demain (jeudi) les livraisons de pétrole en Europe reprendront complètement ». A Bruxelles, l’ambassadeur de Russie auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, a également affirmé que le retour à la normal n’était qu' »une question de quelques heures ». La compagnie slovaque Transpetrol avait affirmé plus tôt dans un communiqué que les livraisons du pétrole russe vers la Slovaquie reprendraient à 14H30 GMT. Des négociations, conduites par le ministre russe du Développement économique Guerman Gref et le vice-Premier ministre bélarusse Andreï Kobiakov, ont commencé dès mercredi soir à Moscou. Cinq pays européens (Allemagne, Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque) sont victimes de la crise russo-bélarusse qui a conduit à la fermeture inopinée lundi de l’oléoduc. Ces coupures ont été vivement critiquées en Europe, la chancelière allemande Angela Merkel estimant qu’elles « détruisaient la confiance » accordée à la Russie tandis que le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso appelait mercredi Moscou à « restaurer sa crédibilité » . Les analystes estiment toutefois que la crise ne peut durer très longtemps en raison de son impact sur l’économie bélarusse, un petit pays de l’ex-URSS totalement dépendant économiquement de Moscou, sur la filière pétrolière russe et plus généralement sur l’image de la Russie. « Etant donné le coût politique et économique de cette querelle pour la Russie et le Bélarus, nous nous attendons à un accord dans la semaine qui vient avec une reprise totale des livraisons de pétrole à L’Europe », estimait mercredi matin la banque Deutsche UFG, du groupe Deutsche Bank, dans une note d’analyse.
