L’empereur du caviar espère s’associer avec Hrayr Hakobyan, le propriétaire du château de Châtenay, pour y produire du caviar et ouvrir un restaurant haut de gamme. Il était hier à Cognac
Cognac a raté Ducasse, désormais Monégasque. Cognac va peut-être réussir à conserver Armen Petrossian dans ses filets. Petrossian, l’empereur du caviar. La perle des plus grandes tables. Un vrai grand nom du luxe, présent hier à Cognac aux côtés de son ami et peut-être futur associé Hrayr Hakobyan, un homme d’affaires arménien qui a racheté il y a presque deux ans le château de Châtenay.
Hier après-midi, les deux hommes ont exposé aux représentants de différentes administrations (DSV, Ddass, Drire, sous-préfecture) et à la mairie de Cognac l’ambitieux projet qu’ils comptent développer au sein de la propriété bordant la Charente.
Leur ambition: implanter un élevage d’esturgeons dans l’enceinte du domaine. Y produire du caviar, à partir d’esturgeons de Sibérie. Puis, autour du cognac et du caviar, développer tout un concept d’éco-tourisme, «avec restaurant haut de gamme, visite de la propriété et de la pisciculture. Pour l’économie locale, ce serait créateur d’emplois», assure Armen Petrossian, moustache ciselée et ton assuré.
A son côté, Hrayr Hakobyan embraie: «Pour que la ville soit connue dans le monde entier, il ne faut pas miser que sur le cognac. Si on y produit aussi du caviar, ça participera au rayonnement de Cognac». Et à celui du château de Chatenay. Propriétaire de restaurants, d’une usine de brandy et vins effervescents, d’une compagnie aérienne, de sociétés d’assurances, député, Hrayr Hakobyan a initialement investi à Cognac «pour le cognac» (lire encadré). «Mais nous nous connaissons depuis plus de quinze ans, explique Armen Petrossian. Lorsqu’il m’a fait visiter la propriété, j’ai essayé de le sensibiliser à l’éco-tourisme. Surtout qu’il y a une partie de la propriété qui ne sert à rien et sur laquelle nous pourrions implanter une pisciculture. Si on le fait, moi, ce qui m’intéresse, c’est pas les truites, ce sont les esturgeons». Hrayr Hakobyan a dit banco. Une étude de faisabilité est en cours. Une enquête publique pourrait être prochainement lancée.
Dans le périmètre
d’un puits de captage
A la condition de lever un sacré écueil. Celui qui pourrait tout faire capoter. La propriété de Châtenay se trouve dans le périmètre protégé du puits de captage d’eau potable du parc François-Ier. Or, au sein de ce périmètre, aucune installation classée ne peut s’implanter. «Et une pisciculture de plus de 20 tonnes est une installation classée, grince Armen Petrossian. Un élevage de moins de 20 tonnes, c’est un peu juste. Faut voir comment on peut résoudre ça».
Le maître du caviar d’asséner, courtois mais ferme: «Notre priorité, c’est de nous installer à Cognac. Nous présentons donc notre projet en espérant pouvoir résoudre les difficultés qui se présentent. Mais si les réponses des administrations présentent trop de contraintes, nous irons ailleurs. On a plusieurs possibilités d’installation». Emphatique, Hrayr Hakobyan ajoute: «J’aimerais vraiment, grâce à l’expertise de Armen Petrossian, contribuer à faire naître une nouvelle tradition à Cognac». Puis, pour donner plus de poids à l’opportunité qui se présente: «Moi je ne suis pas très connu. Mais pour Cognac, le nom de Pétrossian peut avoir de l’influence».
Pour favoriser la naissance de ce projet, Armen Petrossian et Hrayr Hakobyan peuvent compter sur un relais charentais de la diaspora arménienne, Jean Mardikian, l’ancien monsieur culture de la ville d’Angoulême. Un Jean Mardikian présent hier aux côtés des deux hommes d’affaires.
Les prochaines semaines lèveront le voile sur l’avenir de ce projet ambitieux: Cognac accueillera-t-elle un pôle gastronomique et touristique aussi succulent qu’une cuillère de caviar?
La Charente Libre
