Plus de coexistence possible

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Dans une négociation dont l’Artsakh était absente, Erevan et Bakou se sont donc mis d’accord dans la nuit du 9 octobre à Moscou pour un cessez-le-feu et une reprise des pourparlers sous l’égide du groupe de Minsk. Et ce, après 13 jours d’agression militaire azerbaïdjanaise caractérisée par des bombardements contre les civils, la destruction de Stepanakert, les missiles lancés contre l’Église de Chouchi, objectif stratégique s’il en est…

Des violences extrêmes qui ont scellé le sort de toute perspective de coexistence entre les Arméniens du Haut-Karabakh et les autorités turco-azerbaïdjanaises. La guerre totale déclenchée le 27 septembre par Bakou interdit en effet pour très longtemps de penser à cette hypothèse iréniste. Le régime Aliev a perdu définitivement toute légitimité à s’approprier un territoire qu’il vient de soumettre à une tentative de nettoyage ethnique. Fut-ce au nom de l’intégrité territoriale de son Etat, sachant que cette notion, obsolète depuis 32 ans en ce qui le concerne, ne pèse de toute manière pas plus que le droit à l’autodétermination, sur lequel se sont construits la majorité des Etats composant l’Assemblée générale des Nations-Unies, dont l’Amérique, première puissance mondiale.

Avec ces exactions programmées, la volonté politique de Bakou s’est faite plus transparente que jamais: conquérir militairement ce territoire arménien (qui lui avait été indûment octroyé par Staline) en le vidant de surcroît de son peuple. D’où le départ de plus de 70 000 réfugiés, au bout de dix jours et dix nuits d’enfer passés sous les missiles Smertch, les drones kamikazes israéliens et les bombes à fragmentations, comme l’a dénoncé le 6 octobre Amnesty internationale. Autant de moyens qui n’ont toutefois pas suffi à venir à bout de l’héroïsme des soldats arméniens. Ce qui montre la vanité de la « solution militaire » mise en pratique par l’Azerbaïdjan, en violation de tous les principes du Groupe de Minsk, des résolutions de l’ONU et du droit international.

Ce déluge de feu n’a toutefois pas surpris les Arméniens qui ont déjà expérimenté les méthodes du nationalisme turc. Il n’a fait que donner une fois de plus la mesure de la haine aveugle qui prévaut, tant en Azerbaïdjan qu’en Turquie, contre ce peuple honni. Une aversion intacte depuis le génocide de 1915 qui n’aura pas suffi à étancher la boulimie meurtrière de ces deux « Etats pour une même nation », comme ils disent.

Après cent ans de négationnisme, les héritiers de l’Empire ottoman ont repris en l’état le projet criminel du gouvernement Jeunes Turcs et ont tenté de parachever le travail, en misant sur le gigantisme de leur arsenal militaire constitué grâce a la manne pétrolière. Pour compléter le tableau, ce tandem turco-azerbaïdjanais ne s’est pas contenté de livrer autant que possible une guerre à distance, grâce à la supériorité revendiquée de son armement aérien qui lui a assuré la maîtrise du ciel avec les F16 turcs et les drones kamikazes israéliens, mais il a combattu aussi par procuration, en embauchant des islamistes syriens, puis pakistanais et afghans. Comme pour donner à cette tentative d’annihilation du Haut-Karabakh la couleur et le parfum d’un djihad, d’une guerre sainte et civilisationnelle.

Nombre d’élus français et européens à commencer par le président de la République se sont indignés de cette situation. Emmanuel Macron a notamment évoqué le dépassement d’une ligne rouge. Mais l’Amérique était ailleurs, Merkel avait les deux pieds sur le frein, tandis que Poutine, retranché sur l’aventin, comptait les points. Jusqu’à ce qu’il se décide à reprendre l’initiative diplomatique, la situation étant devenue trop volatile avec les incursions turco-djihadistes dans cette zone qu’il considère comme sa chasse gardée.

Mais, après des décennies de tergiversations hypocrites sur le destin du Haut-Karabakh, il serait aujourd’hui temps de tirer les conséquences diplomatiques de cette agression qui disqualifie toute proposition de coexistence possible entre les Arméniens du Haut-Karabakh et le pouvoir azerbaïdjanais. Cette offensive à grande échelle, avec son lot de crime de guerre qu’il faudra juger, interdit en effet désormais d’envisager tout retour du Haut-Karabakh dans les frontières d’un État qui œuvre à la liquidation de son peuple.

Le moment est donc arrivé de reconnaître de facto et de jure l’indépendance de la République d’Artsakh. C’est ce que viennent de faire les parlements néerlandais, québécois et la ville de Genève. Cela ne fait pas encore beaucoup de monde ? Peut-être. Mais ils montrent l’exemple.

Ensuite il faut donner à cette République les moyens de garantir sa survie, qui conditionne aussi celle de l’Arménie. Ce qui doit se traduire par une vraie implication tant au niveau économique que politico-militaire des puissances, en premier lieu celles assurant la coprésidence du Groupe de Minsk (Russie, États-Unis, France).

Enfin il faudra prendre à bras le corps à l’échelle internationale le travail d’éradication du négationnisme, de l’expansionnisme panturc et de son corollaire djihadiste, qui constitue la matrice politique des violences de ces derniers jours- et de celles à venir -, si on ne fait pas barrage au fléau.

La rédaction
Author: La rédaction

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