Les nouveaux dirigeants arméniens ont du mal à recruter des femmes à des postes de haut rang, a regretté vendredi un haut dirigeant, soulignant le manque de membres féminines au sein du gouvernement.
Les Arméniennes occupent traditionnellement peu de postes ministériels ou autres postes de responsabilité dans la branche exécutive. Cette situation n’a guère changé depuis la Révolution de velours de l’année dernière, qui a porté au pouvoir des individus plus jeunes et plus progressistes.
Un seul membre du cabinet actuel du Premier ministre Nikol Pachinian, la ministre du Travail et des Affaires sociales, Zaruhi Batoyan, est une femme. Le premier cabinet de Pachinian, formé en mai 2018, comptait deux femmes ministres. L’une d’entre elles, Lilit Makunts, dirige maintenant le groupe parlementaire de l’alliance au pouvoir, Mon Pas.
S’exprimant lors de la Journée internationale des droits des femmes, qui est un jour férié en Arménie, Makunts a insisté sur le fait que les nouvelles autorités ont tout mis en œuvre pour nommer davantage de femmes à la tête de ministères, d’autres agences gouvernementales ou d’administrations provinciales, mais ont été contrariées jusqu’à présent par les attitudes conservatrices de la population.
« Rien ne peut fonctionner artificiellement », a-t-elle expliqué. « Si vous forcez une personne à faire des choses qu’elle ne veut pas, la qualité de son travail en souffrira et nous ne pourrons pas faire ce que nous voulons pour améliorer la société. »
«Il y a beaucoup de professionnelles [femmes]. C’est juste que la pression sociale et politique qui pèse sur elles est extrêmement forte », a affirmé Makunts, qui occupait le poste de ministre de la Culture jusqu’en janvier. De nombreuses femmes refusent d’occuper des postes de responsabilité à la demande de leur mari et de leurs proches, a-t-elle mis en avant.
« Surtout dans les régions, il est assez difficile de trouver des femmes familiarisées avec les problèmes locaux pour occuper des postes de direction », a pointé Tsovinar Vartanian, une autre parlementaire représentant Mon Pas.
Les femmes représentent près du quart des 132 membres du Parlement arménien élus en décembre, un pourcentage record dans l’histoire post-soviétique du pays. Vingt-trois des 32 femmes députées sont affiliées au bloc de Pachinian. L’une d’entre elles, Sona Ghazarian, âgée de 25 ans, est le plus jeune membre de l’Assemblée nationale.
Makunts, 35 ans, a déclaré qu’il était toujours aussi difficile d’attirer plus de femmes vers la politique dans ce pays socialement conservateur.
«Les femmes ne sont pas pardonnées pour certaines choses qui passeraient inaperçues si c’était un homme qui le faisait», a pesté l’ex-conférencière d’université, qui s’est senti fortement jugée médiatiquement au cours de son mandat ministériel de sept mois. « Tous ces facteurs ne permettent pas aux femmes d’être plus audacieuses et de s’impliquer activement dans les processus [politiques] ».
Makunts a clairement indiqué que les autorités continueraient à rechercher une plus grande présence féminine dans les hautes sphères du pouvoir politique et administratif. «Nous allons certainement travailler dans cette direction, a-t-elle assuré. Je trouve cela très important. Je ne suis peut-être pas objective, mais je pense que les relations sont plus conviviales et font plus bouger les lignes dans les endroits où les femmes sont impliquées. »