Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde lundi 3 juillet 2006 contre un «conflit des civilisations», dénonçant ceux qui «enfoncent un coin entre les chrétiens et les musulmans», lors du sommet religieux de Moscou.
M. Poutine, qui est intervenu juste après l’ouverture de ce sommet présidé par le patriarche orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II, a évoqué les «nouvelles menaces auxquelles le monde est confronté».
«On cherche à diviser le monde selon les lignes ethniques et religieuses, à enfoncer un coin entre les chrétiens et les musulmans», a déploré le chef du Kremlin.
«On cherche à quasiment imposer au monde un conflit de civilisations», a-t-il ajouté, appelant à prendre conscience «des conséquences catastrophiques auxquelles pourrait conduire une telle confrontation».
M. Poutine a appelé au «dialogue inter-confessionnel le plus large» en dénonçant, sans les nommer, la propagande des leaders extrémistes «qui cherchent cyniquement à utiliser le sentiment religieux».
«Nous voyons combien est ténue la frontière au-delà de laquelle peuvent se déchaîner la guerre et la violence, avec l’effusion de sang», a-t-il averti.
Devant un parterre de coiffes religieuses les plus variées, hautes toques blanches ou noires des orthodoxes, grandes capuches noires pointues de l’Eglise arménienne, calottes rouges et violettes des catholiques, turbans musulmans et kipas ou chapeaux noirs juifs, M. Poutine a promis de veiller à ce que leurs idées soient bien communiquées à ses homologues du G8 lorsqu’il les recevra le 15 juillet à Saint-Pétersbourg.
Quelque 150 dignitaires religieux, dont une importante délégation du Vatican, sont réunis de lundi à mercredi dans la capitale russe pour déterminer comment les religions peuvent aider à stopper le terrorisme issu, selon eux, de tensions entre civilisations, tensions dont le «facteur religieux» n’est pas absent.
Une des interventions les plus remarquées –et les plus politiques– a été celle du grand rabbin achkenaze d’Israël, Yona Metzger.
Assis à côté du leader musulman du Caucase, l’Azerbaïdjanais cheikh Allahshukur Pashazade, le rabbin a commencé par rendre hommage aux diplomates russes tués en Irak, puis a brandi la photo du soldat israélien enlevé il y a huit jours par des groupes armés palestiniens et, tout en disant ne pas viser l’islam, a condamné –sans le nommer– l’Iran, dénonçant ceux «qui dénient le droit d’exister à un État».
Le rabbin Metzger a également proposé de créer une sorte d’ONU religieuse. Celle-ci serait dotée d’un organe permanent et organiserait des conférence pour régler les problèmes les plus graves des temps modernes et surtout pour prêcher le plus important: «tu ne tueras point».
S’exprimant en marge du forum, des cardinaux venus du Vatican, dont Mgr Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, et Mgr Paul Poupard, chef des subdivisions de la curie romaine pour la culture et le dialogue interreligieux, ont fait état de progrès dans les relations entre chrétiens catholiques et orthodoxes, notoirement froides depuis une dizaine d’années.
«Le langage des orthodoxes a changé», a déclaré Mgr Poupard. Il a estimé que le climat avait évolué notamment après une rencontre entre les deux confessions à Vienne en mai 2004 et a indiqué qu’il s’en préparait une autre pour janvier 2007 à Moscou, toujours dans le domaine de la culture.
