Le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, a émis mardi 4 juillet 2006 un avis défavorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, après l’attaque à l’arme blanche contre un prêtre catholique français dans le port turc de Samsun.
« Pour dire la vérité, actuellement, je ne crois pas que soit possible une intégration de la Turquie en Europe », a déclaré le cardinal dans un entretien au Corriere della Sera.
« Il manque encore un véritable Etat laïc, qui garantisse la liberté religieuse. Et il y a encore besoin de temps, un climat aussi hostile demande un long processus de purification de la mémoire. La violence au nom de Dieu est une insulte à Dieu et à toutes les religions », a estimé le cardinal allemand.
« Nous sommes en train de parler de quelque chose d’essentiel, d’un pilier fondateur de la culture européenne: sans liberté de religion il y aura toujours des heurts et des agressions », a-t-il poursuivi.
« La Turquie doit changer beaucoup de choses, ce n’est pas seulement une question de loi mais de mentalité, et la mentalité ne change pas du jour au lendemain. Il s’agit de processus longs, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton », selon le cardinal Kasper.
« La situation ne me paraît pas encore mature, le pays doit se préparer à la culture européenne », a-t-il ajouté.
La Turquie est entrée le 12 juin dans la phase concrète des négociations d’adhésion avec l’UE.
Le prêtre français Pierre Brunissen a été blessé au couteau dans une rue de Samsun, par un homme qui a été aussitôt interpellé. En février, un prêtre italien, Andrea Santoro, avait été tué par balle à Trabzon, un autre port sur la mer Noire.
« Je pense que ce sont des actes qui ne sont possibles que dans un contexte de xénophobie. Ce n’est pas juste le problème de qui commet l’acte », a souligné Walter Kasper.
Benoît XVI doit se rendre fin novembre en Turquie à l’invitation du gouvernement et du patriarcat orthodoxe. Avant de devenir pape, il avait affiché son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’UE, estimant que ce serait « une énorme erreur » et une « décision contre l’histoire ».