Quand le génocide arménien s’invite dans les municipales à Villeurbanne

Se Propager
arton58903

MUNICIPALES – A Villeurbanne, une jeune candidate des Verts se voit opposer une curieuse condition pour intégrer les listes du maire sortant Comme elle est d’origine turque, il faut qu’elle reconnaisse la réalité du génocide arménien. La jeune française a déjà dit à ses camarades de parti puis devant le maire et un représentant de la communauté arménienne qu’elle n’avait pas de doute sur ce point. Mais cela ne suffit pour l’instant pas à Jean-Paul Bret, maire sortant socialiste…

Les Verts, qui avaient trois élus dans la mandature qui s’achève, ont particulièrement bien mené leurs négociations avec le maire. Ils auront cette fois sept candidats éligibles, les trois alternatifs avec lesquels ils s’étaient présentés en 2001 ayant été écartés. Ils auront notamment la deuxième place sur la liste et la proposition a été acceptée par un vote, le samedi 12 janvier. Deux jours plus tard, le maire a alors annoncé publiquement les noms de ces candidats, en présentant ses listes.

Mais quelques jours après, les Verts reçoivent un appel. L’une de leurs candidates pose problème au maire socialiste. Il veut être sur qu’elle tient une position sans ambiguité sur la réalité du génocide arménien. Une source proche de la mairie affirme qu’un élu de la communauté arménienne a déclenché l’affaire, menaçant de se retirer des listes si cette candidature était maintenue. Jean-Paul Bret, le maire, affirme qu’il n’en est rien. « Il ne faut pas en faire une histoire de communautés, disait-il lundi. C’est moi qui ai voulu levé toute ambiguité car il ne peut pas y en avoir avec cette question sur laquelle je suis très engagé. C’est sans doute délicat pour cette jeune fille, elle se retrouve peut-être en porte-à-faux vis-àvis de sa communauté, peut-être de sa famille, mais c’est indispensable pour nous. »

Dans un premier temps, la candidate a considéré qu’elle n’avait pas à répondre à cette question, éloignée de l’élection municipale. « Elle a mis quelques jours à répondre car elle était vexée et très choquée, elle ne s’attendait pas à cela, elle n’était pas venue sur nos listes pour cela, précise Béatrice Vessilier, numéro 2 sur la liste. Mais elle nous a ensuite indiqué qu’elle n’avait jamais remis en cause le génocide arménien et qu’il n’y avait aucun doute pour elle sur ce point. »

Cela n’a cependant pas suffit à Jean-Paul Bret. La maire a demandé que la jeune fille confirme ces propos devant un représentant de la communauté arménienne. Une réunion a été organisée mercredi soir dans son bureau. « Une réunion pour faire connaissance avec elle, pas un tribunal populaire », précise l’un des participants. La candidate a confirmé ce qu’elle avait déjà dit. Mais l’affaire n’a pas été close pour autant. Le maire aurait ensuite douté de ses capacité à tenir publiquement cette position en cas de crispation à Villeurbanne sur cette question du génocide arménien. « Nous avons des doutes car il y aura une pression terrible sur elle, explique Richard Llung, directeur de campagne de Jean-Paul Bret. Les gens en face de vous ne vous voient pas que comme vous êtes. Chacun représente soi-même mais au peu au-delà aussi. Nous savons que le consulat de Turquie exerce parfois des pression très fortes sur ses ressortissants et sur les associations turques. A Villeurbanne, Jean-Paul Bret est très engagé sur cette question de la reconnaissance du génocide arménien. » Le maire présidait lorsqu’il était député le groupe d’amitié franco-arménien.

Disposait-il au départ d’éléments précis laissant craindre une ambiguité de la candidate ? Il ne semble pas. « C’est une prudence de notre part. La reconnaissance du génocide ne peut souffrir de nuance », répond son directeur de campagne. Il semble donc que la jeune femme ne soit suspecte d’ambiguités que parce qu’elle est d’origine turque. Brutal retour aux origines. « Je veux bien croire que ce soit brutal pour elle, mais la politique, ce n’est pas quelque chose de très doux », répond Richard Llung.

Jean-Paul Bret a finalement demandé aux Verts de régler eux-même la question. Ils doivent donner leur réponse lundi. « On verra s’ils la gardent ou pas, poursuit le directeur de campagne. Et surtout, nous attendons l’explication de leur décision. » Les écologistes ont demandé à la jeune fille de décider elle-même si elle souhaite ou non rester sur la liste, compte tenu de cet épisode. « Si elle veut rester candidate, il n’y a pas de problème, elle le sera, indique Béatrice Vessillier. Mais c’est elle qui doute désormais. Il est possible qu’elle se retire car Cela lui met sur les épaules une pression terrible. Elle n’était pas venue pour cela sur une liste municipale. »

Ol.B.

LIBELYON

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut