Quel jeu l’Iran joue-t-il donc dans le conflit du Haut Karabagh? La question mérite d’autant plus de se poser alors que le vice-ministre iranien des affaires étrangères, Abas Araghchi, qui est aussi l’envoyé special du president iranien pour le Haut Karabagh, a déclaré le 29 octobre à Moscou que “le Groupe de Minsk de l’OSCE a montré son inefficacité”. Peu avant, l’Iran avait annoncé avoir preparé un plan de paix alternatif en vue de faire cesser les combats arméno-azéris qui s’approchent dangereusement de sa frontière, où il a mobilisé des troupes importantes pour parer à toute éventualité. Une frontière hautement stratégique, puisqu’elle sépare les Azéris d’Azerbaïdjan de ceux d’Iran, dont Téhéran a toujours redouté qu’ils succombent aux sirènes de Bakou et avait pour cette raison, entre autres, pris soin d’entretenir des relations cordiales avec le voisin arménien.
Mais si l’Iran a plus ou moins ouvertement dénoncé l’ingérence de son rival turc dans le conflit du Karabagh, peut-être cherche-t-il aussi à regagner de l’influence chez son voisin l’Azerbaïdjan, turcophone mais chiite comme lui, même s’il s’aligne toujours plus sur la Turquie sunnite. Le ministre des affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif n’avait rien révélé du plan de paix élaboré par Téhéran, mais Abbas Araghchi, qui s’est rendu à Bakou en début de semaine, l’aurait soumis aus autorités azéries. Il entend le presenter aussi à Erevan et Moscou. Il en a profité pour dénoncer l’inefficacité du Groupe de Minsk, qui “ 30 ans de négociations, n’a pas été capabe de trouver de solution au problème du Karabagh”, ni même de faire respecter un cessez-le-feu que les 3 pays coprésidant le Groupe de Minsk, la Russie, la France et les Etats-Unis, avaient pourtant obtenu sur le papier respectivement les 10, 17 et 25 octobre.
A.Araghchi est arrivé à Moscou depuis Bakou, où il aurait rencontré les autorités azéries le 28 octobre, dont le président Aliev, avec qui il aurait discuté une heure et demie. Il affirme que les autorités azéries se seraient montrées plutôt favorables à son plan de paix, sans fournir de détails, sinon qu’il prévoit que le cessez-le-feu soit mis en place après certaines mesures préalables, qu’il n’a pas davantage citées, mais on peut imaginer qu’il pourrait s’agir de concessions territoriales arméniennes.