Qui peut encore arrêter l’attaque programmée de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie ?

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Selon un récent rapport du très sérieux Centre d’analyse américain Stratfor la reprise d’une guerre à grande échelle par l’Azerbaïdjan contre l’Arménie restera élevée en 2024. L’Arménie cherchant un accord de paix cherchera en vain auprès de ses alliés occidentaux un levier d’influence pour mettre fin aux visées expansionnistes de Bakou car Erévan n’aurait pas l’avantage en cas de conflit et se verrait spolié d’une partie importante de son territoire au sud de la république.

Les prévisionnistes de Stratfor se fondent sur les élections présidentielles en Azerbaïdjan et la victoire du dictateur Aliev qui aura rapidement les mains libres après son plébiscite et profiterait du réchauffement du climat pour mener une attaque de grande envergure sur l’Arménie. Enivré par la victoire de l’Artsakh, le despote azéri pourrait ainsi enchaîner les succès et arriver à ses aspirations d’une continuité territoriale entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan, et au-delà la Turquie.

Les nombreuses déclarations d’Aliev sur l’« Azerbaïdjan occidental » nom donné à l’Arménie par Bakou, les émissions quotidiennes à la télévision azérie et les innombrables publications sur « Erivan » comme ville azérie, les cartes des villes d’Arménie inclues dans les cartes de propagande étatique de l’Azerbaïdjan, complètent cette stratégie de préparation de l’agression et de sa légitimisation.
L’Europe et l’Occident qui redoublent les communiqués en faveur de l’Arménie et de son intégrité territoriale, se donneront-ils les moyens militaires d’arrêter toute agression de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie ?
On peut en douter, au regard de l’Union européenne qui n’a pas d’armée commune pour intervenir et des Etats-Unis qui sont guidés par l’allié Atlantiste incontournable que demeure la Turquie, malgré ses retournements.

L’Arménie, classée 102e puissance mondiale en 2024 par Global Firepower, face à l’Azerbaïdjan classée 59e pourra-t-elle renverser les prévisions en cas de conflit. D’autant plus que par le jeu des alliances, l’Azerbaïdjan se trouve en position de force avec la Turquie, véritable parrain de l’armée azérie, et Israël le maître de l’armement azéri lui fournissant près de 70% de son matériel militaire aux technologies modernes.
L’Arménie pourra certes compter sur quelques pays amis, comme la France, l’Inde ou l’Iran. Mais ces soutiens seront-ils à la hauteur en cas de conflit ? D’autant que la Turquie reste et restera le partenaire omniprésent de l’armée azérie avec des rencontres régulières entre généraux turcs et azéris et des manœuvres militaires communes.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a récemment déclaré l’acquisition d’armes par l’Arménie pour plusieurs milliards de dollars depuis 2018. Suren Papikyan le ministre arménien de la Défense a confirmé ces acquisitions massives d’armes avec des pays dont certaines super-puissances. L’Inde étant l’un des plus importants fournisseurs -notamment de 90 canons mobiles, des radars anti-drones et des missiles- devant la France avec la cinquantaine de chars Bastion livrés à Erévan, les radars Ground Master de Thales ou des missiles sol-air de MBDA en cours de livraison.

Mais malgré cet armement de l’Arménie qui s’accélère, la balance du potentiel militaire est et restera du côté azéri dont les dizaines de milliards de pétrodollars permettent d’acquérir un arsenal militaire beaucoup plus important que l’Arménie. De plus, Bakou bénéficie de la qualité des armes israéliennes ultra-modernes qui passent pour être les meilleures du marché. L’Azerbaïdjan positionné face à l’Iran, ennemi juré de l’Etat hébreux. L’Azerbaïdjan bénéficie du soutien politique majeur d’Israël qui ne lésinera pas sur la quantité et la qualité des armes fournies à Bakou.

Dans ces conditions toute guerre ne serait pas au profit de l’Arménie qui n’a pour l’heure aucun allié véritable sur le terrain. Son allié traditionnel la Russie ayant pris le camp des turco-azéris, l’autre grande puissance supposée alliée, l’Iran, étant fragilisé et ne pouvant sans doute pas aller au-delà des intimidations. Téhéran qui pourrait -nous l’avons vu pour l’Artsakh- se satisfaire du fait-établi en cas de guerre arméno-azérie…

Qui peut aujourd’hui arrêter l’attaque programmée de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie ?
Une sanction sévère de l’Union européenne par l’arrêt de la fourniture du gaz azéri (russo-azéri) pourrait être un début de réponse. Mais l’UE est pour l’heure très timide dans ses sanctions, notamment à cause de la complicité de l’Allemande Ursula Von der Layen avec Bakou. Une sanction américaine pourrait également freiner les ardeurs de Bakou. Tout comme une présence militaire plus étendue de la France en Arménie. Après le consulat d’Iran à Kapan, celui de la Russie en cours et la promesse d’un consulat français toujours à Kapan dans la région de Syunik pourrait être des pas importants donnant un signal fort, accompagné d’une médiatisation.

Mais le gage le plus important de la sécurité de l’Arménie est que cette dernière continue son armement moderne, capable de défendre ses frontières. Et cet armement de l’Arménie est la première des garanties contre la guerre…Car Erévan a compris que le « Plan de Paix » de l’Azerbaïdjan était…la guerre ! Et chaque jour qui passe confirme ce constat.

Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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