Rapport de la situation en Artsakh au 208è jour de blocus

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Du 3 au 5 juillet les forces armées de l’Azerbaïdjan ont violé le cessez-le-feu dans les directions de Chouchi et de Martakert, en utilisant des armes à feu et un lance-mines d’un calibre de 60mm. Selon le ministère de la Défense, l’Artsakh n’a pas de victime à déplorer. 30 patients hospitalisés à l’Hôpital Central Républicain de Stepanakert ont été transportés par le Comité International de la Croix Rouge dans des centres médicaux spécialisés de la République d’Arménie. 25 patients qui recevaient des soins en République d’Arménie ont pu rentrer en Artsakh avec leurs accompagnants, dans les véhicules du CICR.

Commentaire du ministère des Affaires étrangères d’Artsakh sur la déclaration de l’ambassadeur des Etats Unis en Arménie

Le 5 juillet le ministère des Affaires étrangères de la République d’Artsakh s’est exprimé par une déclaration sur les propos tenus par l’ambassadeur américain en Arménie lors d’une interview accordée à la télévision publique arménienne le 3 juillet 2023 sur les perspectives de règlement du conflit du Karabagh.

Le commentaire du ministère des Affaires étrangères d’Artsakh souligne notamment : « Reconnaissant dûment l’important rôle de médiation de longues années que les États-Unis ont joué et continuent de jouer en tant que coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE dans le processus de paix visant à résoudre le conflit du Karabagh, nous estimons néanmoins que le point de vue d’un médiateur ne doit pas préjuger de l’issue des négociations. Nous sommes convaincus que la résolution d’un conflit aussi complexe et long que celui entre l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabagh ne peut être couronnée de succès que si toutes les parties et tous les médiateurs ont pleine conscience de leur responsabilité, font preuve de flexibilité, de créativité, d’esprit constructif et sont guidés aussi bien par les normes du droit international que les valeurs universelles telles que la justice, la dignité et la liberté. Nous estimons que la fidèle adhésion à ces principes, ainsi que la mise à profit de l’expérience de médiation accumulée par la coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE, contribueront à parvenir à un règlement juste et global du conflit et à établir une paix durable et digne dans la région ».

Le 5 juillet le président de la République d’Artsakh Arayik Haroutunian a réuni une consultation sur la situation militaire et politique, les défis humanitaires ainsi que les solutions que devront y apporter les autorités du pays.

Le président a précisé notamment que dans des conditions d’exacerbation des menaces azerbaïdjanaises et de blocage total de tout transport humanitaire, la situation sur le plan humanitaire et sécuritaire ne cesse de s’aggraver de jour en jour et lance des défis majeurs à l’existence même du peuple d’Artsakh.

« La situation courante, les menaces ainsi que les mesures que nous prenons sont régulièrement présentées aux autorités d’Arménie et de Russie, ainsi qu’aux autres acteurs internationaux. Il est urgent et impératif que les acteurs responsables prennent des mesures sans délai et efficaces, chacun dans son périmètre de compétence. Alors que nous ne cessons de tirer la sonnette d’alarme, le peuple et les autorités d’Artsakh attendent des résultats tangibles pour apaiser la crise humanitaire, les tensions et pour lever le blocus. Bien entendu, avec nos moyens très limités nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour tenir sous contrôle la situation, prêts dans le même temps à tous les scenarii possibles. Je voudrais souligner dans ce contexte que la République d’Artsakh reste fidèle à sa position constructive et est prête à un dialogue civilisé pour résoudre de manière pacifique tous les problèmes existants », a rajouté Arayik Haroutunian.

Visio-conférence de presse Stepanakert-Erevan consacrée à la crise grandissante en Artsakh à cause du blocus

Le 6 juillet à 10h00 une visio-conférence de presse s’est tenue entre Stepanakert et Erevan consacrée à la crise grandissante en Artsakh à cause du blocus. Sur le plateau de la télévision publique d’Artsakh à Stepanakert Gurguen Nercissian, le ministre d’Etat d’Artsakh et Guegham Stepanian, le Défenseur des droits de l’Homme d’Artsakh répondaient aux questions des journalistes. Le ministre des Affaires étrangères de la République d’Artsakh Sergueï Ghazarian, la Défenseure des droits de l’Homme de la République d’Arménie Anahit Manassian et le représentant spécial de la République d’Arménie pour des questions de droit international Eghisheh Kirakossian, participaient à la conférence dans les locaux de l’agence Armenpress à Erevan.

La visio-conférence a été diffusée sur les chaines de la télévision publique d’Artsakh.

A de nombreuses reprises l’Artsakh a transmis à l’Azerbaïdjan des propositions de rencontre qui ont été rejetées. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Affaires étrangères de la République d’Artsakh Sergueï Ghazarian lors de la visio-conférence de presse Stepanakert-Erevan le 6 juillet.

« Nous sommes profondément convaincus que les échanges sous pression ne peuvent en aucun cas être considérés comme un dialogue ou des négociations. Tant que le corridor est fermé, il n’y aura pas de dialogue. La partie opposée doit prouver elle aussi qu’elle est prête au dialogue. Mais si elle bloque la route, comment pouvons-nous nous assurer que la partie azerbaïdjanaise est prête au dialogue ? Des discussions sont menées régulièrement dans la perspective d’un nouveau dialogue. Par l’intermédiaire du contingent russe de maintien de la paix l’Artsakh a à de nombreuses reprises transmis à la partie azerbaïdjanaise des propositions de rencontre, qui ont toutes été hélas rejetées par celle-ci », a précisé le ministre des Affaires étrangères.

Des lettres sur la situation en Artsakh sont régulièrement adressées non seulement au président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, mais aussi aux responsables de différentes organisations internationales, a précisé le ministre des Affaires étrangères lors de la visio-conférence. L’Artsakh espère que les forces de maintien de la paix russes déploieront tous les efforts dans le cadre de leurs obligations au titre de la déclaration tripartite du 9 novembre 2020 afin que le blocus de la route reliant l’Artsakh à l’Arménie soit levé.

« La situation s’aggrave de jour en jour en Artsakh. Les forces russes de maintien de la paix sur le terrain doivent prendre toutes les mesures dans le cadre de leur compétence d’autant plus que les provocations azerbaïdjanaises ont pour objectif principal de discréditer leur mission » a souligné le MAE de la République d’Artsakh.

« Une organisation menant une mission humanitaire doit décider en toute liberté de la manière dont l’assistance doit être effectuée. De ce point de vue, là encore l’Azerbaïdjan politise directement la présence de la Croix Rouge en Artsakh, en s’opposant ainsi au droit humanitaire international. Je suis convaincu que les autorités suprêmes de la Croix Rouge en sont pleinement conscientes », a précisé Guegham Stepanian lors de la visio-conférence de presse Stepanakert-Erevan qui s’est tenue le 6 juillet. Il a souligné en outre que le CICR devait continuer de travailler dans une logique de neutralité et d’indépendance et ne pas reculer devant les obstacles politiques créés par l’Azerbaïdjan.

Gurguen Nercissian : il est impossible de parvenir à la paix au moyen d’un génocide perpétré contre le peuple d’Artsakh

En faisant la sourde oreille devant les crimes ignobles de l’Azerbaïdjan, la communauté internationale en devient la complice, a déclaré le ministre d’Etat d’Artsakh Guguen Nercissaint lors de la visio-conférence Stepanakert-Erevan du 6 juillet.

Le ministre d’Etat a présenté la situation depuis le mois de décembre dernier qui a commencé par une action de pseudo-écologistes azerbaïdjanais et abouti au blocus énergétique total de l’Artsakh et à l’interruption de toute communication avec l’Arménie. Les autorités d’Artsakh ont annoncé la fermeture de la mine de Kashen et sont prêtes à inviter des observateurs internationaux pour le constater. L’Azerbaïdjan a ensuite prétendu que des armes étaient transportées d’Arménie vers l’Artsakh et que des détecteurs aux frontières étaient nécessaires. Selon le ministre d’Etat, bien que le contrôle du corridor de Latchine doive être effectué par forces de maintien de la paix, l’Azerbaïdjan a déclaré qu’un point de contrôle y était nécessaire. Des civils y sont contrôlés.

« Et malgré cela le peuple d’Artsakh reste inébranlable et attend que la communauté internationale réagisse enfin. L’Azerbaïdjan exige des concessions, commence à évoquer une intégration de l’Artsakh, invite à Bakou pour des négociations. Ce discours est accompagné de violations du cessez-le-feu, de terreur contre les civils, du meurtre de policiers d’Artsakh. Sous prétexte d’organisation du transport humanitaire, depuis le 15 juin tous transports effectués par le CICR et les forces russes de maintien de la paix avaient été interrompus. La circulation du CICR a repris ensuite. Et après tout cela, il y a encore des naïfs qui pensent que l’Azerbaïdjan peut nous apporter des garanties de sécurité. En faisant la sourde oreille, la communauté internationale devient la complice des crimes de l’Azerbaïdjan. Nous voulons la paix plus que quiconque. Mais il faut comprendre qu’aucune paix n’est possible au moyen d’un génocide perpétré contre le peuple d’Artsakh » a souligné le ministre d’Etat.

Guguen Nercissian a énuméré les problèmes auxquels fait face le peuple d’Artsakh en soulignant qu’il ne s’agissait plus simplement de violation des droits du peuple d’Artsakh mais de son extermination.


Mises à jour des statistiques quotidiennes

En raison de la suspension des interventions chirurgicales planifiées dans toutes les institutions médicales relevant du ministère de la Santé publique de la République d’Artsakh, près de 1 550 citoyens, soit 30 cas de plus au cours des 3 derniers jours, sont privés de la possibilité d’une intervention chirurgicale que leur état de santé impose.

A ce jour 609 patients au total ont été transférés en République d’Arménie par l’intermédiaire du Comité International de la Croix Rouge et 70 patients au total par les soldats russes de maintien de la paix. Après près d’un mois de suspension de l’action du CICR due aux obstacles supplémentaires créés par l’Azerbaïdjan, suivie d’une brève reprise, le transport des malades était de nouveau totalement interrompu depuis 10 jours. Depuis le 25 juin la circulation du CICR a repris le long du corridor de Latchine.

En raison du blocus près de 3 900 personnes dont 550 enfants ne peuvent retourner dans leurs foyers. Une partie d’entre eux a été rapatriée avec l’aide du CICR et du Contingent russe de maintien de la paix.
Depuis le début du blocus aucun ressortissant d’Artsakh n’a pu circuler librement le long de la route Stepanakert-Goris (le corridor de Latchine (Kachatagh)). La circulation des hommes dans les deux sens a diminué de près de 202 fois les rares cas n’étant possibles que grâce à l’intervention du CICR ou des forces russes de maintien de la paix (2 521 cas en 208 jours au lieu de 509 600 cas pour un même intervalle avant le blocus). 55 entrées et sorties ont été enregistrées au cours des 3 derniers jours, réalisées exclusivement par le CICR.

Depuis le début du blocus aucun véhicule appartenant à des ressortissants d’Artsakh n’a pu emprunter cette route. Le mouvement de tous véhicules compris a chuté de 65 fois en 208 jours. Ainsi, au lieu de 191 360 véhicules en temps normal, 2 923 véhicules seulement ont emprunté la route dans les deux sens depuis le début du blocus. Ceux-ci appartiennent tous au CICR ou aux forces russes de maintien de la paix. 12 entrées et sorties ont ainsi été enregistrées au cours de 3 derniers jours, toutes effectuées par le CICR.

Près de 15 fois moins de produits de première nécessité que nécessaire ont été importés en Artsakh, par le CICR ou les forces russes de maintien de la paix (5 715 tonnes en 208 jours au lieu de 82 200 tonnes). 12 tonnes constituées exclusivement de médicaments ont été livrées en Artsakh au cours des 3 derniers jours.

Depuis le début du blocus l’Azerbaïdjan a bloqué totalement ou partiellement l’approvisionnement de l’Artsakh en gaz naturel pendant 142 jours au total. Depuis 179 jours l’approvisionnement de l’Artsakh en électricité est interrompu. Ceci a conduit à un rationnement journalier de l’électricité et à des coupures journalières supplémentaires dues aux pannes, ainsi qu’à une fermeture définitive totale ou partielle de nombreuses entreprises.

860 entreprises (soit 20,1 % des entreprises du pays) ont intégralement suspendu leur activité en raison du blocus. Les autres entreprises fonctionnent partiellement ou bien grâce aux subventions de l’Etat
Depuis le début du blocus à ce jour près de 11 000 personnes, soit plus de 50% des employés du secteur privé y compris les emplois soutenus par l’Etat, ont perdu leurs emplois, donc leur unique source de revenus en raison des graves perturbations des infrastructures vitales.
Ont été suspendus les travaux de construction de 32,6 km de route, de dizaines de km de réseaux de distribution d’eau, de système d’irrigation de milliers d’hectares de terres arables, de 3 717 logements, de plus de 40 infrastructures sociales et industrielles.

Pendant la période du blocus l’économie de l’Artsakh a subi des dommages équivalent à 395 millions de dollars US. Le PIB a chuté de près de 44%.

Jean Eckian
Author: Jean Eckian

Ancien journaliste reporter d’images, Jean Eckian devient Directeur Artistique des sociétés discographiques CBS et EMI Pathé-Marconi. Il a par ailleurs réalisé de nombreuses photos de pochettes de disques. Directeur de Production de films publicitaires (Europe 1, Citroën) et réalisateur de films institutionnels et de reportages (Les 90 ans du Fouquet’s, l’Intégration…), il écrit ensuite pour la presse de la Chanson et anime sur MFM les émissions "Les Histoires d’Amour de l’Histoire de France" et un éphéméride du siècle passé en chansons (Alors Raconte). Co-organisateur du disque "Pour toi Arménie" avec Charles Aznavour et Levon Sayan, Jean Eckian est aussi l’auteur du livre "Vous êtes nés le même jour que…" Il écrit aujourd‘hui pour la presse de la communauté arménienne de France et de l’étranger et a créé le Mémorial Mondial du Génocide des Arméniens sur internet.

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